« Un seul être vous manque et tout est dépeuplé » : le sentiment romantique

Introduction :

Le XVIIIe siècle s’est intéressé à la notion de sensibilité, notamment à travers les écrits de Diderot et de Rousseau. Au fur et à mesure que l’on reconnaissait la place de la sensibilité dans la vie humaine, on a également revendiqué le droit à exprimer cette dernière. Aux XVIIIe et XIXe siècles, le romantisme a ainsi exploré les sentiments dans toute leur complexité et leur richesse. Le romantisme s’accompagne en effet d’un changement de mentalité et de rapport à la vie. Son enjeu est de décrire le monde et l’existence selon l’expérience et le point de vue sensible d’une personne.

Comment exprimer la manière intime dont un événement affecte un sujet, tout en se faisant comprendre par autrui ?
Comment caractériser la vie intérieure d’un personnage et dépeindre sa sensibilité ?

Entre fiction littéraire et réalité autobiographique, la figure du héros romantique mérite d’être examinée.

  • Le romantique est-il une fiction imaginaire ou une réalité ?

Lamartine et le sujet romantique

Le romantisme est un mouvement culturel apparu dès la fin du XVIIIe siècle, en Allemagne (Novalis, Schlegel, Goethe), en Angleterre (Thomas Gray, Byron) et qui s’est diffusé en Europe au XIXe siècle, particulèrement en France (Chateaubriand, Lamartine, Hugo).

Le romantisme concerne notamment :

  • la poésie et la littérature ;
  • la peinture : le célèbre tableau de Caspar David Friedrich Le Voyageur contemplant une mer de nuages, 1818 est représentatif du romantisme pictural ;
  • et la musique, principalement avec Beethoven, Schubert, Berlioz et Chopin.

Caspar David Friedrich, <em>Le Voyageur contemplant une mer de nuages</em>, 1818 Caspar David Friedrich, Le Voyageur contemplant une mer de nuages, 1818

L’esprit du romantisme consiste à explorer les possibilités de l’art pour exprimer les sentiments, les émotions et les états de l’âme. En ce sens, le romantisme se développe en réaction à la science et à la raison (celles des Lumières essentiellement), et exalte ce qui peut relever de l’irrationnel humain : la mort, la folie, la souffrance, la maladie ressentie par le sujet (comme la mélancolie), les passions exacerbées, mais aussi, le rêve, le fantastique et les mystères de l’humain. Ces évocations s’accompagnent parfois de curiosité pour l’exotique.

Le thème de la perception subjective du monde a été explorée en poésie par Lamartine. Il a notamment exploité le sentiment romantique de la douleur liée au temps qui passe (« Ô temps suspens ton vol », demande-t-il dans le poème « Le lac ») ou au sentiment amoureux. L’amour est en effet ambigu chez les romantiques, à la fois source d’exaltation et d’expansion de l’âme, et porteur de nostalgie et de solitude. En témoigne ce vers de Lamartine, dans le  poème « L’Isolement » :

« Un seul être vous manque et tout est dépeuplé ».

Alphonse de Lamartine, peinture de François Gérard, 1831 Alphonse de Lamartine, peinture de François Gérard, 1831

Lamartine, de son nom complet Alphonse Marie Louis de Prat de Lamartine (1790-1869) est un poète, romancier et dramaturge, figure principale du romantisme français. Il a également participé à la révolution de 1848 et a proclamé la IIe République.

  • En quoi l’œuvre « L’Isolement » est-elle caractéristique de la sensibilité romantique ?

Sur le plan biographique, l’amante du poète, Julie Charles, meurt de la tuberculose en 1817. Dans ce poème, issu du recueil Méditations poétiques publié en 1820, Lamartine se laisse aller à sa douleur et à son chagrin dans une élégie – un chant de mort – qui donne à la douleur liée à la disparition de l’être aimée une portée plus générale en témoignant du mal de vivre caractéristique de cette époque.

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Définition

Élégie :

L’élégie est une forme poétique qui apparaît dans la poésie grecque et qui est caractérisée par l’expression de la souffrance et de la mélancolie.

« Souvent sur la montagne, à l’ombre du vieux chêne,
Au coucher du soleil, tristement je m’assieds ;
Je promène au hasard mes regards sur la plaine,
Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds.
Ici gronde le fleuve aux vagues écumantes ;
Il serpente, et s’enfonce en un lointain obscur ;
Là le lac immobile étend ses eaux dormantes
Où l’étoile du soir se lève dans l’azur.
Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres,
Le crépuscule encor jette un dernier rayon ;
Et le char vaporeux de la reine des ombres
Monte, et blanchit déjà les bords de l’horizon.
Cependant, s’élançant de la flèche gothique,
Un son religieux se répand dans les airs :
Le voyageur s’arrête, et la cloche rustique
Aux derniers bruits du jour mêle de saints concerts.
Mais à ces doux tableaux mon âme indifférente
N’éprouve devant eux ni charme ni transports ;
Je contemple la terre ainsi qu’une ombre errante
Le soleil des vivants n’échauffe plus les morts.
De colline en colline en vain portant ma vue,
Du sud à l’aquilon, de l’aurore au couchant,
Je parcours tous les points de l’immense étendue,
Et je dis : “Nulle part le bonheur ne m’attend.”
Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières,
Vains objets dont pour moi le charme est envolé ?
Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,
Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé !
Que le tour du soleil ou commence ou s’achève,
D’un œil indifférent je le suis dans son cours ;
En un ciel sombre ou pur qu’il se couche ou se lève,
Qu’importe le soleil ? je n’attends rien des jours.
Quand je pourrais le suivre en sa vaste carrière,
Mes yeux verraient partout le vide et les déserts :
Je ne désire rien de tout ce qu’il éclaire;
Je ne demande rien à l’immense univers.
Mais peut-être au-delà des bornes de sa sphère,
Lieux où le vrai soleil éclaire d’autres cieux,
Si je pouvais laisser ma dépouille à la terre,
Ce que j’ai tant rêvé paraîtrait à mes yeux !
Là, je m’enivrerais à la source où j’aspire ;
Là, je retrouverais et l’espoir et l’amour,
Et ce bien idéal que toute âme désire,
Et qui n’a pas de nom au terrestre séjour !
Que ne puis-je, porté sur le char de l’Aurore,
Vague objet de mes vœux, m’élancer jusqu’à toi !
Sur la terre d’exil pourquoi resté-je encore ?
Il n’est rien de commun entre la terre et moi.
Quand la feuille des bois tombe dans la prairie,
Le vent du soir s’élève et l’arrache aux vallons ;
Et moi, je suis semblable à la feuille flétrie :
Emportez-moi comme elle, orageux aquilons ! »

Lamartine, Méditations poétiques, « L’Isolement », 1820.

On trouve, dans cette poésie, les éléments artistiques du style romantique.

  • La phrase clé « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé » marque le point d’orgue de la souffrance du sujet : l’être aimé n’est plus ; et puisque l’être aimée était le centre de tout, le monde est vide. Les autres êtres ne l’intéressent pas et deviennent invisibles : la perspective adoptée est celle du sentiment intérieur.
  • La nature indiffère le poète en tant que source de plaisir mais le paysage reflète l’état de son âme selon un procédé caractéristique des romantiques : « Ici gronde le fleuve » (il s’agit aussi de son fleuve intérieur), « un lointain obscur » (absence d’avenir clair), « bois sombre » (l’état de son cœur), « Coucher de soleil », « crépuscule » : tout est fini.
  • L’œuvre est écrite à la première personne du singulier, exprimant ainsi le point de vue du sujet. Mais l’écriture permet au lecteur d’éprouver lui aussi ce sentiment, même s’il ne l’a pas connu, et de s’identifier au poète.
  • Le registre élégiaque met en avant la tristesse profonde et la mélancolie. Lamartine n’est plus qu’une « ombre errante ».
  • L’état d’esprit est profondément nihiliste (plus rien n’a de valeur) et pessimiste (plus rien n’est bon) : « rien » et « vain » sont répétés, « je n’attends rien de ces jours ».
  • La ponctuation expressive montre la force des sentiments douloureux : Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé ! », Qu’importe le soleil ? »
  • La solitude est désormais le lot du poète, tels les « fleuves, rochers, forêts ; solitudes si chères ».
  • Lamartine n’aspire qu’à une chose, mourir, seul motif d’espoir de retrouver sa bien-aimée.

Goethe et l’amour : l’effet Werther

Mais le chagrin amoureux et romantique ne se traduit pas que dans la subjectivité du poète. La souffrance retentit aussi parfois chez le lecteur et il arrive que la littérature nous influence jusque dans notre existence même.

Goethe, tableau de Joseph Karl Stieler, huile sur toile, 78 × 63,8 cm, 1828 Goethe, tableau de Joseph Karl Stieler, huile sur toile, 78 × 63,8 cm, 1828

C’est ainsi que le livre de Goethe, Les Souffrances du jeune Werther, a pu provoquer un mimétisme de certains lecteurs, qui ont reproduit la conduite de son héros. Le roman raconte la désillusion amoureuse de Werther qui finit par se suicider. Ce livre, qui a connu un grand succès et rencontré de nombreux lecteurs, semble également avoir déclenché en Europe une vague de suicides.

Johann Wolfgang von Goethe, dit Goethe (1749-1832) est un romancier, dramaturge, poète, théoricien de l’art et politicien allemand.

Premier roman de Goethe, Les Souffrances du jeune Werther est un roman épistolaire. Il constitue une œuvre majeure du courant allemand « Sturm und Drang » (Tempête et passion), mouvement précurseur du romantisme, dont la valeur centrale est le refus des conventions sociales et morales au nom de la liberté individuelle. La grande notoriété des Souffrances du jeune Werther est notamment due à la mise en scène du suicide de son héros, summum de la tempête et de la passion du « moi ».

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Astuce

Rappelons ici que « passion » vient du latin patio (souffrance) et du grec pathos (maladie).

Au début du roman, Werther est invité à un bal où il rencontre la jeune Charlotte (Lotte). La scène se déroule dans une ville nommée « W ». Charlotte est fiancée à Albert. Bien que Werther le sache, il tombe tout de même amoureux de la jeune fille, par l’effet d’un coup de foudre irrésistible. Les deux jeunes gens partagent les mêmes goûts littéraires. Werther rencontre Albert et tente alors d’oublier Charlotte. Il part de W. Il rencontre une autre femme et se croit guéri de son amour déçu pour Charlotte. Mais Werther, qui veut fréquenter le même monde que cette femme, est forcé de quitter une société qui n’accepte pas les roturiers. Après cette expérience humiliante, il rejoint Charlotte, qu’il n’a jamais cessé d’aimer. Elle est désormais mariée à Albert. Il comprend que cet amour est impossible et, après une dernière visite à Charlotte, il se suicide.

« Ah! si j’avais eu le bonheur de mourir pour toi, Charlotte, de me dévouer pour toi ! Je mourrais courageusement, je mourrais joyeusement, si je pouvais te rendre le repos, les délices de ta vie. Mais hélas ! il ne fut donné qu’à quelques hommes privilégiés de verser leur sang pour les leurs, et d’allumer par la mort, au sein de ceux qu’ils aimaient, une vie nouvelle et centuplée.
Je veux être enterré dans ces habits ; Charlotte, tu les as touchés, sanctifiés : j’ai demandé aussi cette faveur à ton père. Mon âme plane sur le cercueil. Que l’on ne fouille pas mes poches. Ce nœud rose, que tu portais sur ton sein quand je te vis la première fois au milieu de tes enfants (oh ! embrasse-les mille fois, et raconte-leur l’histoire de leur malheureux ami ; chers enfants, je les vois, ils se pressent autour de moi : ah ! comme je m’attachai à toi ! dès le premier instant, je ne pouvais plus te laisser)… ce nœud sera enterré avec moi ; tu m’en fis présent à l’anniversaire de ma naissance ! Comme je dévorais tout cela ! Hélas ! je ne pensais guère que ma route me conduirait ici… Sois calme, je t’en prie ; sois calme.
Ils sont chargés… Minuit sonne, ainsi soit-il donc ! Charlotte ! Charlotte !, adieu ! adieu ! »

Goethe, Les Souffrances du jeune Werther, 1774.

Dès la publication du livre, on a constaté à la fois une « fièvre Werther » et un « effet Werther ».

  • La « fièvre Werther » est un phénomène de mode par lequel, en Allemagne et en Europe, des jeunes filles et des dames s’habillaient comme Charlotte, en robes roses et blanches (le livre comprend des descriptions d’habits). Des jeunes hommes et des hommes s’habillaient comme Werther, en costumes jaune et bleu, la tenue de bal du héros. Goethe eu une influence sur la mode vestimentaire de l’époque.
  • On parle aussi, à propos de « l’effet Werther », d’un « suicide mimétique », phénomène étudié dans les années 80 par le sociologue David Philipps. Celui-ci avance la théorie (appuyée par des statistiques) selon laquelle on constate une hausse du nombre moyen de suicides juste après un cas de suicide, fictif ou réel, relaté dans une œuvre ou par les médias. Le nom de cette théorie est directement inspiré par la vague de suicides qui accompagna la publication du Werther. Se suicider par amour serait donc un fait archétypal (un héros donne « l’exemple » ou « l’autorisation » du suicide) et contagieux. Pendant les mois qui suivent la publication du Werther, la vague de suicides par arme à feu – selon le même mode opératoire que celui du jeune héros – est telle qu’elle entraîne une censure politique et religieuse du livre dans certains pays d’Europe.
  • Qu’est-ce qui pousse des êtres humains à partager la sensibilité d’un personnage pourtant fictif ?

Le sémiologue et romancier Umberto Eco propose cette explication :

« La fiction suggère que peut-être notre vision du monde réel est aussi imparfaite que celle des personnages de fiction. C’est pourquoi des personnages de fiction réussis deviennent des exemples primordiaux pour la condition humaine “réelle”. »

Une subjectivité ne peut jamais entraîner une représentation objective du monde, elle est au contraire toujours une interprétation. En un sens, la subjectivité produit une fiction de la réalité. Si l’interprétation est cohérente, forte et convaincante, qu’elle soit produite par un être réel ou un être fictif n’a pas d’importance, son influence pourra être la même. Dans tous les cas, il s’agit de proposer une vision du monde.

L’exacerbation de l’expression des sentiments : tel est le credo du romantisme, dont l’écho se fait sentir jusque dans les sentiments des lecteurs.

Pour Werther, Charlotte représente l’espoir d’échapper au monde réel. Mais, puisque tout se réduit à la jeune fille et que cette dernière ne l’aime pas, tout doit alors disparaître, y compris lui-même. Le monde n’est plus seulement dépeuplé, comme chez Lamartine. Le monde n’existe plus. La mort semble être le seul moyen d’oublier l’échec.

Byron et la liberté du sujet

Mais le romantisme ne se réduit pas à l’expression des sentiments et de la vie intérieure. Il est également l’expression du désir d’émancipation et de liberté. Avec le personnage de Werther, Goethe faisait déjà preuve d’une grande liberté face aux mœurs de son époque, en mettant en scène un anti-héros qui ne réussit rien, ne se plie pas aux codes bourgeois, et commet le péché de suicide.

Chez lord Byron aussi, c’est par le rejet des conventions que le sujet peut s’émanciper.

George Gordon Byron, 6e baron Byron (1788-1824) est un poète romantique britannique et auteur de pièces de théâtre. Il a notamment repris le thème du Don Juan. Habitant en Grèce, il a défendu l’indépendance de ce pays.

Lord Byron, tableau de Thomas Phillips, huile sur toile, 91 × 71 cm, 1813 Lord Byron, tableau de Thomas Phillips, huile sur toile, 91 × 71 cm, 1813

La liberté romantique prônée par Byron recommande de vivre selon les sentiments plutôt que la raison. Cette maxime de vie lui a permis de vivre différemment de la majorité des gens : être oisif ; voyager en Grèce et en Turquie pour en ramener des sarcophages, des tortues et des fioles de ciguë ; viser la gloire politique, prononcer des discours contre la peine de mort et finalement renoncer à la Chambre des Lords ; se marier et rater son mariage ; avoir une relation incestueuse avec sa demi-sœur ; nager dans le grand canal de Venise…

Mais la liberté de Byron est aussi celle de ne pas être défini par un « moi » fixe. Sa claudication congénitale peut être vue comme le symbole de cette instabilité désirée du sujet romantique. Pourquoi être toujours le même ? Être identique à soi-même, ne jamais changer, n’est-ce pas une exigence de la seule raison ? Le propre des sentiments n’est-il pas d’avoir l’esprit et l’humeur changeants ? « Je pense donc je suis », écrivait Descartes ; un romantique penserait plutôt : « je change donc je vis ».

  • La vie elle-même n’est-elle pas changement et, au fond, la stabilité n’est-elle pas seulement un artifice ?

Lord Byron dit de lui-même : « Plaisanterie mise à part, ce que je crois c’est que je suis trop changeant, étant tour à tour tout et son contraire et jamais pendant longtemps. » Ou encore, dans le chant XVII de son Don Juan, il écrit, s’identifiant probablement au héros tragique :

« Je suis changeant, pourtant je suis Idem semper1 ;
Patient, mais je ne suis pas des plus endurants ;
Joyeux, mais quelquefois, j’ai tendance à gémir ;
Doux, mais je suis parfois un “Hercules furens2 ;
J’en viens donc à penser que dans la même peau
Coexistent deux ou trois ego différents. »

Lord Byron, Don Juan, chant XVII, 1819.

1 Toujours le même, toujours identique à moi-même ; en anglais : « always the same ».
2 Hercule furieux.

Suis-je un ? Avec Byron il vaut mieux dire : je suis deux. Dans ces vers, il fait l’aveu d’une ambivalence radicale du « moi ». La diversité des caractères et des états du sujet se traduit en contradiction. Le « moi » s’adapte à sa propre mosaïque et aucune synthèse ne semble envisageable, ce d’autant que le sujet est ancré dans son ambiguïté. Le « moi » romantique et irréductible affirme, autant qu’il l’assume et la revendique, la double nature du sujet.

Conclusion :

La raison, lorsqu’elle règne seule, étouffe les individualités, en uniformisant les pensées et les conduites. Mais la passion semble, quant à elle, brûler ceux chez qui elle est exacerbée. Dès lors, existe-t-il un milieu, un juste équilibre, dans la recherche de soi, entre raison austère et passion débordante, entre l’ennui de la logique et le risque mortel des sentiments violents ?