Comment répartir les revenus et la richesse ?
Introduction :
La production de biens et de services est la source de la création de richesse. La valeur ajoutée ainsi créée permet aux ménages qui ont participé directement à sa création d’obtenir un revenu primaire. Mais ce revenu primaire ne représente pas seulement l’argent dont dispose le ménage pour consommer. En effet, l’intervention de l’État réduit le revenu primaire en prélevant des impôts. Mais l’intervention de l’État permet également de donner des prestations sociales aux ménages qui en ont besoin, augmentant ainsi leur revenu disponible.
Nous verrons tout d’abord quels sont les différents types de revenus pour les ménages et les entreprises, puis comment l’État intervient dans la répartition de ces revenus grâce à la redistribution.
La répartition primaire des revenus
La répartition primaire des revenus
Les ménages participent directement à l’activité productive. Ils peuvent participer en apportant leur travail, du capital, ou encore du travail et du capital dans le cadre de l’entreprise individuelle.
Entreprise individuelle :
L’entreprise individuelle est une entreprise en nom propre, c’est-à-dire que l’entrepreneur et l’entreprise constituent une seule et même personne.
Pour sa participation à la production, le ménage reçoit un revenu, appelé revenu primaire.
Revenu primaire :
Le revenu primaire est le revenu que reçoit le ménage du fait de sa contribution, directe ou indirecte, à la production de biens ou de services.
En fonction de la manière dont les ménages participent à la production ils peuvent recevoir trois types de revenus primaires : les revenus salariaux, les revenus de la propriété et les revenus mixtes.
Les revenus salariaux
Les revenus salariaux
Tout d’abord, le ménage peut participer à la production en offrant son travail à une entreprise ou une administration. Pour le travail effectué, il reçoit un salaire brut qui est composé du salaire de base (celui qui est négocié lors de la signature du contrat), des primes et des heures supplémentaires.
Salaire net :
Le salaire net est le salaire que reçoit effectivement le salarié, et se calcule en déduisant du salaire brut les cotisations sociales et la CSG, qui est un prélèvement obligatoire qui participe au financement de la sécurité sociale.
Cependant, pour l’entreprise, le coût salarial est égal au salaire brut qu’elle verse au salarié, auquel s’ajoutent les cotisations patronales, qui sont payées sur le salaire brut.
Salaire brut = Salaire de base + primes + heures supplémentaires
Salaire net = Salaire de base – cotisations sociales – CSG
Coût salarial = Salaire brut + cotisations patronales
Les revenus de la propriété
Les revenus de la propriété
Les ménages peuvent participer à la production en apportant des capitaux. En effet, les ménages peuvent apporter des ressources financières aux entreprises, ressources qui leur permettront d’obtenir un revenu.
Capital :
Le terme capital peut avoir trois sens différents :
- le capital fixe : c’est l’ensemble des moyens de production qui interviennent dans plus d’un cycle de production, comme par exemple les machines ou les bâtiments ;
- le capital financier : c’est l’argent placé auprès d’une banque et qui est prêté aux entreprises ;
- le capital social : ce sont les ressources apportées à une société anonyme par ses actionnaires.
Les différents capitaux
En apportant uniquement son capital, le ménage reçoit un revenu de la propriété.
Revenus de la propriété :
Les revenus de la propriété sont les revenus reçus par le propriétaire d’un actif corporel (terrain, immeuble) ou d’un actif financier (action, obligation, compte d’épargne).
En fonction du type d’actif détenu par le ménage il peut recevoir :
- des dividendes : elles sont versées aux actionnaires en échange de leur apport en capital ;
- des intérêts : ils rémunèrent le capital financier ;
- des loyers : ils rémunèrent la location de terrains ou d’immeubles. Sont inclus dans cette catégorie de revenu les loyers fictifs, c’est-à-dire les loyers que les propriétaires auraient dû payer s’ils étaient locataires du logement dont ils ont la propriété.
Les revenus mixtes
Les revenus mixtes
Lorsque l’individu travaille à son compte, dans le cadre d’une entreprise individuelle, il apporte du capital et du travail et reçoit un revenu mixte.
Revenu mixte :
Le revenu mixte représente le revenu des entreprises individuelles.
Dans ce cas l’entrepreneur est à la fois propriétaire du capital et du travail lorsqu’il réalise un bien ou un service. Ainsi, un infirmier reçoit un revenu mixte s’il travaille à son propre compte, et reçoit un salaire s’il travaille sous les ordres d’une entreprise comme par exemple dans une clinique.
La répartition de la valeur ajoutée
La répartition de la valeur ajoutée
Pour les entreprises, la richesse créée s’appelle la valeur ajoutée. Celle-ci est ensuite répartie entre les différents agents qui ont participé, directement ou indirectement, à la production. En effet, la valeur ajoutée permet de payer les salariés et de dégager un excédent brut d’exploitation (le profit des entreprises), qui servira à rémunérer les autres participants, à savoir les actionnaires, les prêteurs, comme les banques, et l’État. L’entreprise conserve une partie du profit en tant qu’épargne, et elle peut l’utiliser pour investir ou rembourser ses emprunts.
Valeur ajoutée = rémunération des salariés (coût salarial) + impôts sur la production nets de subventions + excédent brut d’exploitation
Excédent brut d’exploitation = revenus de la propriété (intérêts, dividendes) + impôts sur les sociétés et taxes + épargne brute
La composition de la valeur ajoutée
Du revenu primaire au revenu disponible
Du revenu primaire au revenu disponible
L’État joue un rôle important dans la formation du revenu disponible.
Revenu disponible :
Le revenu disponible est le revenu dont dispose le ménage pour consommer et épargner.
L’État prélève des impôts et des cotisations sociales sur les agents économiques établis sur son territoire. Les ressources ainsi obtenues lui permettent de financer la redistribution et la mise en place de services publics.
La redistribution représente les transferts opérés par les pouvoirs publics entre les ménages.
L’État prélève des impôts, taxes et cotisations sur tous ou partie des ménages, et utilise ensuite cet argent pour financer les services publics et donner des revenus à certains ménages, notamment à travers des aides. Ainsi, certains ménages vont payer l’impôt sur le revenu, et d’autres ménages vont recevoir des aides sociales en raison de leur situation économique.
L’État se comporte comme un État-providence, c’est-à-dire un État qui intervient dans l’économie, par opposition à l’État-gendarme, qui se limite seulement à ses fonctions régaliennes.
Fonctions régaliennes :
Les fonctions régaliennes sont les fonctions de l’État qui ne peuvent pas être déléguées à des acteurs privés.
Parmi ces fonctions régaliennes, l’État doit assurer la sécurité des individus en mettant en place une police, une armée et une justice.
L’objectif de l’État-providence est de fournir à la population une certaine sécurité économique et sociale, en redistribuant une partie de la richesse nationale et en mettant en place des services publics accessibles à tous, gratuits ou fournis à un prix inférieur à leur coût de production. L’intervention de l’État en matière économique n’a cessé de grandir durant les Trente Glorieuses (après la Seconde Guerre mondiale et jusqu’aux années 1970), mais elle est constamment remise en cause depuis le renouveau des idées libérales dans les années 1980.
En matière de revenu, les prélèvements obligatoires viennent diminuer le revenu primaire, mais l’État compense cette perte pour certains ménages en leur accordant un revenu de transfert.
Revenus de transfert :
Les revenus de transfert sont des prestations sociales versées par un organisme public en fonction de la situation particulière de l’individu, comme par exemple la retraite ou l’allocation chômage.
Le revenu de transfert prend en compte uniquement les transferts monétaires. Les transferts non monétaires, tels que les remboursements des dépenses maladies, ne sont pas comptabilisés dans le revenu disponible.
Revenu disponible = Revenu primaire – Prélèvements obligatoires + Revenu de transfert
La redistribution qu’opère l’État répond, au travers de différents outils, à deux objectifs : un objectif d’assurance et un objectif d’assistance.
- L’objectif d’assurance permet à l’État d’assurer l’individu contre certains risques de la vie comme par exemple le chômage, la vieillesse ou la maladie. Cette assurance passe par le remboursement des dépenses de maladie, les allocations chômage ou la retraite. Ces interventions sont financées par les cotisations sociales et réalisent une redistribution horizontale du revenu : des bien portants vers les malades, ou des actifs vers les retraités.
- L’objectif d’assistance permet à l’État de garantir un revenu minimum à l’ensemble des individus non couverts par l’assurance ou aux individus pauvres. Cet objectif se réalise grâce à des outils tels que le Revenu de Solidarité Active (RSA) ou l’allocation de rentrée scolaire par exemple. Ces interventions sont financées par les impôts et il s’agit d’une redistribution verticale, c’est-à-dire des riches vers les pauvres.
En France, les prestations sociales représentaient en 2013 31,7 % du PIB. On en distingue six catégories.
La répartition des prestations sociales en 2013
Conclusion:
La production des entreprises permet de créer de la valeur. Celle-ci est ensuite répartie entre les participants directs à la production, ce qui leur permet d’avoir un revenu. L’intervention de l’État permet de compléter le revenu des ménages au travers de la redistribution et permet de protéger les individus contre certains risques de la vie.