De la socialisation primaire à la socialisation secondaire

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Introduction :

La socialisation est un processus qui se déroule tout au long de la vie. La socialisation primaire de l’individu joue un rôle prépondérant dans sa construction en tant qu’individu social. Cependant, l’individu, dans sa vie d’adulte, rencontre de nouvelles situations et de nouveaux agents de socialisation qui vont modifier la construction de son identité. Ces interactions nouvelles renforceront ou transformeront les normes et valeurs assimilées au cours de la socialisation primaire.

Ce cours va nous permettre d’aborder l’évolution de la socialisation au cours de la vie. Nous verrons ensuite que la socialisation primaire joue un rôle prépondérant dans la construction de genre et l’appartenance sociale.

La socialisation : un processus continu tout au long de la vie

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Définition

Socialisation primaire :

La socialisation primaire est la socialisation de l’enfance jusqu’à l’adolescence.

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Définition

Socialisation secondaire :

La socialisation secondaire est la socialisation de l’adulte.

En rentrant dans la vie adulte, l’individu est confronté à de nouvelles situations et de nouveaux rôles, aussi bien au travers de son travail que de la vie conjugale et familiale qu’il va créer.

La socialisation secondaire

La socialisation secondaire passe par l’interaction avec de nouveaux agents de socialisation :

  • le travail : dans le milieu socioprofessionnel, l’individu apprend des normes, des valeurs et des attitudes propres au milieu socioprofessionnel. Ainsi, l’individu devra apprendre les comportements à adopter en fonction de sa position hiérarchique ou encore le comportement à adopter avec des clients ;
  • le groupe de pairs : l’individu va nouer de nouvelles relations et va s’intégrer dans de nouveaux groupes sociaux. Ces nouveaux groupes transmettront à l’individu de nouvelles valeurs et normes. En effet, dans ces groupes, le contrôle par les parents est affaibli, et l’enfant tend à se conformer aux valeurs du groupe. Ce groupe peut imposer certaines pratiques propres au groupe, comme par exemple la tenue vestimentaire ;
  • la vie conjugale et la famille : une fois adulte, l’individu va former progressivement une famille. Cela va lui attribuer de nouveaux rôles, comme celui de conjoint ou de parent. Il devra alors adapter son comportement à cette situation nouvelle.

Cependant, les sociologues Peter L. Berger et Thomas Luckmann considèrent que certaines normes et valeurs apprises lors de la socialisation secondaire sont plus susceptibles d’être remises en cause ou de s’adapter que celles apprises lors de la socialisation primaire. Ainsi, selon eux, si un individu a appris au travers de la socialisation professionnelle qu’il doit porter une cravate au travail, un changement de travail amènera facilement l’individu à renoncer à cette pratique. Par contre, l’individu montrera une « résistance » à se présenter nu devant les autres, le fait de s’habiller étant un élément acquis lors de la socialisation primaire.

La diversité des identités

L’individu va changer, au cours de sa vie, de milieu, de travail, d’amis, va constituer une famille, ce qui va entraîner un changement de son identité sociale. Un individu appartient simultanément à différents groupes sociaux : sa famille d’origine, celle qu’il va créer, ses collègues de travail, etc. Chacun de ces groupes lui confère une identité, et l’individu possède donc une « identité plurielle ».

Ainsi, selon le sociologue français Bernard Lahire : « un acteur pluriel est donc le produit de l’expérience – souvent précoce – de la socialisation dans des contextes sociaux multiples et hétérogènes. Il a participé successivement au cours de sa trajectoire ou simultanément au cours d’une même période à des univers sociaux variés en y occupant des positions différentes ».

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À retenir

Au travers des changements qu’il subit ou qu’il opère, l’individu va opérer un changement dans ses attitudes et ses goûts.

Par exemple, le fait d’entamer une vie conjugale conduira un individu à adapter certaines de ses pratiques et de ses attitudes à ce nouveau rôle, comme participer à des évènements culturels et sociaux dont son conjoint est coutumier. Cela ne veut pas dire pour autant que l’individu abandonne complètement ses anciennes pratiques ou ses goûts en matière culturelle : on peut aller avec son conjoint voir une pièce de théâtre, sans pour autant renier son goût pour le cinéma.

Les différentes étapes de la vie

Le changement d’âge implique un changement de rôle et de statut social. Par exemple, l’adolescent se voit souvent attribuer un rôle d’« apprenant » en attente de passage à l’âge adulte, et l’enfant bénéficie d’un statut propre lui conférant des droits différents de ceux des adultes (pas de responsabilité pénale avant l’âge de 15 ans).Selon le sociologue Shmuel Eisenstadt, l’âge de l’individu constitue un élément très important de son identité.

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À retenir

L’âge détermine chez l’individu la perception qu’il a de lui-même, ses aspirations et sa place dans la société. En fonction de l’âge se forment différentes attitudes et représentations de soi, ainsi que des autres par rapport à soi.

Ainsi, être jeune renvoie l’idée que l’individu dispose de plus de liberté, de moins de responsabilités, et de plus d’instabilité qu’un adulte.

À chaque âge social correspondent plusieurs caractéristiques de l’individu. On peut, selon ces caractéristiques, distinguer plusieurs étapes.

  • L’adolescence : l’individu est en formation à l’école ou en formation professionnelle ;
  • La jeunesse : cette période est un stade intermédiaire entre l’adolescence et l’âge adulte. Selon le sociologue français Émile Durkheim, il s’agit d’un processus de socialisation au cours duquel l’individu apprend les rôles adultes.
  • L’âge adulte : il correspond à une situation dans laquelle l’individu quitte la maison familiale, forme une famille, occupe un emploi stable et cesse d’être étudiant. L’enquête « Conditions et aspirations des Français » du CREDOC en 2011 montre que l’individu rentre de plus en plus tard dans l’âge adulte. Ainsi, d’après cette enquête, 70 % des personnes de 18 à 29 ans ne sont plus étudiants en 2009-2010, contre 84 % en 1979-1980 et 24 % de ces personnes ont eu un enfant en 2009-2010, contre 38 % en 1979-1980.
  • La retraite : l’individu quitte l’activité professionnelle et son rôle de participant à la production. Cependant, le vieillissement n’interrompt pas la socialisation, car de nouveaux rôles apparaissent et se substituent à ceux que l’individu avait avant. En effet, le fait de quitter la vie active va être compensé par l’augmentation de l’importance d’autres rôles dans la famille (grands-parents) ou dans la vie associative. Le rôle de l’individu se modifie déjà avant la retraite. Ainsi, le rôle éducatif prend de moins en moins d’importance au fur et à mesure que les enfants grandissent.

Les différents âges sociaux ses première Les différents âges sociaux

Impact de la socialisation primaire sur le genre et l’appartenance sociale

La socialisation primaire marque durablement les comportements et les choix des adultes. Ainsi, les différences de genre intériorisées vont se retrouver dans la répartition des tâches domestiques, du choix des études et des métiers qui seront exercés par l’adulte. De même, l’origine sociale de l’individu conditionne son devenir professionnel.

L’influence du genre sur la vie adulte

Le genre et le rôle associé au genre appris lors de la socialisation primaire vont se maintenir à l’âge adulte. Lors de la socialisation primaire, la jeune fille apprend quels sont les attributs attendus pour une femme, comme s’occuper de certaines tâches dans la maison ou prendre soin des enfants ou d’autres membres de la famille. De même, les jeunes filles intériorisent certaines valeurs qui limitent leurs capacités futures à être ambitieuses, comme par exemple la modestie ou la discrétion. Au contraire, les jeunes garçons reçoivent un autre modèle, dans lequel l’ambition est valorisée, et ils sont poussés vers d’autres tâches domestiques, comme par exemple le bricolage.

Cette socialisation différenciée a pour conséquence des différences quant aux orientations scolaires et professionnelles ou à la répartition des tâches domestiques dans le couple.

  • Les tâches domestiques : bien que l’écart dans la répartition des tâches ménagères soit en train de se réduire, cette répartition reste inégalitaire entre les femmes et les hommes. Ainsi, dans l’enquête « Regards sur la parité », publiée par l’INSEE en 2012, on constate que les femmes s’occupent davantage de tâches telles que les courses, le ménage, s’occuper des enfants, tandis que les hommes dédient plus de temps à des tâches comme le bricolage ou le jardinage. L’enquête montre que, si le temps consacré aux tâches domestiques diminue pour les femmes, c’est principalement parce qu’une partie de ces tâches est externalisée, ce qui permet de créer de nouveaux postes de travail, qui seront occupés majoritairement par des femmes. De plus, l’enquête indique que, même lorsque les femmes s’investissent dans leur travail, la répartition des tâches ne change pas, et ce même si elles gagnent plus que leur conjoint.

L'évolution de la répartition des tâches domestiques ses première L'évolution de la répartition des tâches domestiques

  • Le choix de la scolarisation : les études du ministère de l’Éducation sur la scolarisation des enfants montrent que les filles font des études plus longues et obtiennent globalement de meilleurs résultats que les garçons. Par exemple, le taux de réussite en 2011 au baccalauréat était de 87 % pour les filles et 84 % pour les garçons, et 21,8 % des filles entrées en sixième en 1995 ont obtenu un diplôme bac + 3/4, contre seulement 10,3 % des garçons de la même génération. Cependant, le choix de l’orientation scolaire diffère entre les deux sexes. En effet, les filles choisissent plus souvent que les garçons des filières littéraire ou sociales : elles représentent, en 2011, 79,4 % des titulaires du baccalauréat littéraire, 62,1 % du baccalauréat économique 46,3 % du baccalauréat scientifique, et 93 % du baccalauréat sciences et technologies de la santé et du social.

Ces écarts impliquent que les métiers exercés par les femmes et les hommes sont différents. Les femmes vont plus souvent s’orienter vers des métiers de soins envers les autres ou soi-même. Ainsi, selon l’enquête « Emploi 2008-2010 » de l’INSEE, 99 % des assistants maternels, 88 % des infirmiers, 87 % des coiffeurs et esthéticiens sont des femmes. À l’inverse, elles vont délaisser certains métiers qui impliquent des compétences scientifiques ou pour lesquels il faut faire preuve d’ambition : elles ne représentent que 17 % des dirigeants d’entreprises et 20 % des ingénieurs de l’informatique.

L’influence de l’origine sociale sur la vie adulte

En fonction de l’origine sociale, l’enfant reçoit des valeurs et des normes différentes. De plus, le capital culturel transmis n’est pas le même en fonction du milieu social. Ces différences vont conditionner la capacité de l’enfant à s’adapter au milieu scolaire. Ainsi, dans les familles aisées, qui possèdent un capital culturel important, le niveau de langage correspond à celui qui est attendu à l’école, ce qui ne sera pas forcément le cas pour un enfant d’origine plus modeste. Il en va de même pour les références culturelles ou artistiques.

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Définition

Capital culturel :

Le capital culturel représente l’ensemble des ressources culturelles que possède un individu, le plus souvent attestées par un diplôme, comme par exemple la capacité de langage ou la maîtrise d’outils artistiques.

Ces différences se retrouvent dans l’orientation scolaire des enfants. Lorsque les études sont longues et sélectives, comme les grandes écoles, les enfants issus d’un milieu favorisé sont surreprésentés, contrairement aux enfants d’origine modeste : 56,5 % des étudiants d’écoles normales supérieures (très sélectives) ont pour parents des cadres et professions intellectuelles supérieures et seulement 3,2 % des étudiants de ces écoles ont pour parents des ouvriers.

Conclusion :

La socialisation primaire joue donc un rôle primordial dans le processus de socialisation de l’individu, et les valeurs et normes transmises restent durablement inscrites dans la personnalité individuelle. De ce fait, la socialisation secondaire tend à n’être qu’une suite de la socialisation primaire. En effet, l’individu évolue dans le même milieu que celui d’origine, en compagnie de personnes semblables et qui partagent des normes et valeurs communes.