Espoirs de paix

Introduction :

La guerre de 1914-1918 a laissé d’énormes traces parmi les populations européennes. Le bilan humain et matériel, mais aussi la sauvagerie des combats, ont marqué les esprits pour des générations. Les Européens n’imaginaient pas revivre un conflit similaire moins de 30 ans après. Malgré les rancœurs et toutes les difficultés liées aux traités de paix, une vague pacifiste était bien présente dans cette Europe de l’après Première Guerre mondiale, au moins jusqu’à la crise de 1929. Comment s’est-elle traduite ? Nous nous intéresserons d’abord à la création de la Société des Nations, ou SDN, et à tous les espoirs qu’elle a portés. Nous étudierons enfin le fonctionnement de son héritière, l’Organisation des Nations unies, ou ONU.

Une nouvelle Europe et un ordre mondial pour la paix

Une nouvelle carte de l’Europe et la SDN

L’après 1914-1918 a fait naître l’espoir d’une sécurité collective. La SDN, Société des Nations, est mise au point par le président américain Wilson. Une meilleure coopération entre les nations, une diplomatie ouverte et le règlement des conflits de manière pacifique, voilà les grandes lignes de la SDN.

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À retenir

C’est en janvier 1919 que débute à Paris la conférence chargée de négocier les traités de paix, où Wilson défend son programme « pour la paix dans le monde ». Dans ses 14 points, on trouve la liberté commerciale, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, la sécurité collective et la création d’une association générale des nations. Ce sont des idées extrêmement novatrices pour l’époque.

La paix, négociée entre les vainqueurs, mais sans les vaincus, redessine la carte de l’Europe selon le principe des nationalités. De nouveaux pays sont créés, comme la Yougoslavie et la Tchécoslovaquie, la Pologne renaît, l’Autriche et la Hongrie deviennent deux États séparés, l’Alsace et la Moselle sont rendues à la France. On coupe le territoire allemand en deux pour que la Pologne ait un accès à la mer Baltique.

  • En revanche, la fin de l’Empire ottoman (c’est-à-dire l’Empire turc) redécoupe le Proche et le Moyen-Orient sur d’autres critères que les nationalités, ce qui sera la source de futurs conflits.

Le traité de Versailles, signé en juin 1919, condamne l’Allemagne, considérée comme seule responsable du conflit, a de très lourdes dettes de guerre. Le pays est démilitarisé, et une partie de son territoire est occupée par des troupes franco-belges. La paix des vainqueurs est vécue comme une véritable humiliation dans le camp des vaincus, surtout en Allemagne. Certaines personnalités européennes, comme l’économiste John Maynard Keynes, dénoncent ces traités et prédisent de nouveaux conflits. Le traité créé également la Société des Nations.

La place des États-Unis dans le nouvel ordre mondial

Les États-Unis n’ont jamais adhéré à la SDN. Le sénat américain a refusé de ratifier les traités élaborés par le président américain.

  • Pour le sénat américain, l’une des faiblesses de la SDN est qu’elle ne peut assurer une paix durable.

Les Américains, refusant de se méler des « affaires » de l’Europe, sont alors rentrés dans un isolationnisme qu’ils ne quitteront qu’en 1941.

La Société des Nations

En 1920, 32 pays adhérent à la SDN. Les pays vainqueurs de la Première Guerre mondiale lancent un programme de paix, de sécurité, d’abandon de la diplomatie secrète et de réduction des armements.

Fonctionnement d’une institution mondiale

Une assemblée générale, composée de tous les membres, vote les décisions qui sont rédigées par un secrétariat et exécutées par un Conseil, composé de membres permanents et de membres non permanents. Les votes s’effectuent selon le principe « un État, un vote ».

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À retenir

Les membres permanents sont :

  • le Royaume-Uni ;
  • la France ;
  • l’Italie ;
  • le Japon.

Ce système d’États membres permanents et non permanents met en place une inégalité entre les nations.

En cas d’agression d’un État membre, le pacte prévoit des sanctions économiques et financières à l’encontre de l’agresseur. Le Conseil peut également « recommander » aux gouvernements des pays membres de mettre leurs forces armées au service des décisions prises par l’Assemblée.

De nouveau États rejoignent la SDN dans les années qui suivent sa création. C’est le cas de l’Allemagne en 1926, et de l’URSS en 1934. Toutes deux deviennent des membres permanents du conseil. En 1934 le nombre d’États membres de la SDN s’élève à 59.

  • Au crédit de la SDN, on peut citer le règlement pacifique de plusieurs litiges frontaliers grâce à l’organisation de plébiscites (référendums) dans les territoires en question, comme entre la Bulgarie et la Grèce ou entre la Pologne et la Lituanie.

La SDN fait surtout évoluer l’idée d’un droit international. Concrètement, elle met en place :

  • un Haut-Commissariat pour les réfugiés en 1921 ;
  • une Cour internationale de Justice ;
  • une Commission pour le désarmement ;
  • une Organisation du travail ;
  • et bien d’autres.

Sur le plan économique, elle encourage la coopération internationale et organise le « sauvetage » de l’Autriche et la reconstruction de la Hongrie.

« L’esprit de Genève », où la Société des Nations a son siège, a soufflé dans les années 1920 sur l’Europe et le monde. Le pacte de Locarno, signé par le français Aristide Briand et l’allemand Gustav Stresemann, permet un accord sur les frontières de l’Allemagne et l’abandon d’une occupation du sol allemand par une armée étrangère. Le pacte Briand-Kellog, en 1928, ratifié par 65 États, met la guerre « hors la loi » et intègre des pays non membres de la SDN comme les États-Unis. Cet esprit de Genève est porté par de nombreux intellectuels du monde entier.

Un pouvoir limité

En revanche, les faiblesses de la SDN sont rapidement mises à jour.

  • Les décisions doivent être prises à l’unanimité des membres du Conseil.
  • L’absence de moyens militaires rend impossible l’application des sanctions votées.
  • La faiblesse des démocraties laisse l’Italie fasciste faire la guerre en 1936 contre l’Éthiopie, pourtant membre de la SDN.
  • La remilitarisation de la Rhénanie parHitler en 1936 est condamnée mais sans sanctions véritables.
  • En 1931, le Japon envahit la Mandchourie chinoise, il est condamné mais non sanctionné.

En 1933, le Japon et l’Allemagne quittent la SDN. L’Italie la quitte en 1937. L’Allemagne nazie se réarme, annexe l’Autriche, et la SDN est impuissante à enrayer la montée des périls et le second conflit mondial.

  • La SDN est morte avec la Seconde Guerre mondiale.

L’ONU

Après 1945, l’ONU, l’Organisation des Nations unies, remplace la SDN. L’ONU fut pensée dès 1941. Lors de toutes les grandes conférences entre alliés, les différents gouvernements affinent le projet d’une nouvelle organisation plus efficace que la SDN.

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À retenir

Créée à San Francisco en 1945, l’ONU a son siège à New York, ce qui accentue le changement de pôle mondial et le recul européen. Les États-Unis deviennent le nouveau centre mondial. En 1945, 51 pays adhérent à l’ONU.

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Définition

Organisation des Nations unies :

L’ONU possède une assemblée générale, avec pour principe de fonctionnement « un pays, une voix ». Les buts défendus par l’ONU sont les droits de l’Homme, la paix, la sécurité, le développement économique et social dans le monde.

Il y a un Conseil de sécurité, avec 5 membres permanents qui sont :

  • les États-Unis ;
  • l’URSS ;
  • le Royaume-Uni ;
  • la France ;
  • et la Chine.

Ces 5 membres permanents ont un droit de veto, c’est-à-dire le droit de paralyser l’ONU.

Chaque État membre contribue au fonctionnement de l’ONU à hauteur de sa richesse.

Le Conseil de Sécurité de l’ONU dispose d’une force d’interposition que l’on nomme les Casques bleus, œuvrant pour la paix. L’ONU peut aussi mettre sur pied une armée offensive pour faire respecter le droit international. Chaque pays envoie un contingent de militaires ainsi que du matériel pour une guerre contre un éventuel agresseur. Il ne faut cependant pas confondre ces coalitions militaires avec les Casques bleus.

Des structures aux dimensions mondiales

Il y a aussi de très nombreuses structures et organismes qui dépendent de l’ONU dont :

  • l’OMS l’Organisation mondiale de la santé. Cette organisation s’occupe des campagnes de vaccinations dans le tiers-monde ainsi que des grands problèmes de pandémie à l’échelle mondiale ;
  • l’UNICEF, pour la protection des enfants et leur éducation ;
  • le HCR, le Haut-Commissariat pour les réfugiés. Il s’occupe des populations qui fuient leur pays, et pallie l’urgence en terme de nourriture, d’habitat, de soins et de droit international pour ces populations fragilisées et vulnérables ;
  • la Banque mondiale et le FMI, pour la finance, font aussi parties des structures liées à l’ONU ;
  • le PAM, le Programme alimentaire mondial, qui essaie de prévoir à l’échelle mondiale les ressources alimentaires nécessaires par rapport à l’évolution démographique de la planète ;
  • l’UNESCO est l’organisme pour la culture et le patrimoine. L’UNESCO essaie de préserver tous les patrimoines mobiliers et immobiliers de la planète. Cela va de la Muraille de Chine au temple d’Angkor, d’une langue en perdition aux arts en voie d’extinction ;
  • le PNUD, Programme des Nations unies pour le développement, coordonne toutes les autres aides destinées aux pays du Sud pour les aider à trouver des solutions en termes de soins médicaux, d’éducation et d’activités économiques ;
  • La Cour internationale de Justice constitue l’organisme judiciaire principal du droit international. Chaque État membre a signé la charte et s’engage à respecter le droit international. Cette cour permet de régler à l’amiable les éventuels conflits entre pays membres de L’ONU ;
  • la Cour pénale internationale, CPI, est chargée de juger les personnes accusées de crime contre l’humanité et de crime de guerre. Cette cour fut créée en 2002. Tous les pays n’ont pas ratifié les statuts de cette cour, et notamment les États-Unis, la Russie, la Chine et l’Inde.
  • le Conseil économique et social est un autre organisme coordonnateur de l’ONU ; son rôle est d’examiner les questions économiques, sociales, éducatives, culturelle et sanitaires en lien avec les ONG dans les pays pauvres du Sud.

L’ONU a été présente au début du conflit israélo-palestinien en 1948, et dans le processus de décolonisation, sauf pour la France, qui avait alors posé son fameux droit de veto.

Pendant la guerre froide, l’ONU s’est souvent retrouvée paralysée par les deux grandes puissances qu’étaient les États-Unis et l’URSS.

La décolonisation a vu naître ce qu’on a appelé le tiers-monde et l’ONU a joué un rôle dans l’aide apportée à ces pays.

Après 1991, à la fin de la guerre froide, l’ONU a joué un rôle notamment dans la première guerre du Golfe.

  • Mais ses décisions ne sont pas toujours respectées. Les États-Unis ont par exemple bafoué l’ONU et le droit international lors de la seconde guerre en Irak en 2003, en allant faire la guerre contre l’avis des nations.

Conclusion :

Depuis la SDN et l’ONU, les efforts de paix dans le monde sont constants. Beaucoup de critiques voient le jour en ce qui concerne le nombre de conflits non maîtrisés, les écarts de richesse entre pays, la famine et les maladies, que l’ONU ne parvient pas à solutionner. Mais, il est difficile de quantifier les conflits qui ont pu être évités et donc le nombre éventuel de victimes épargnées, le nombre de personnes soignées, nourries, éduquées de par le monde grâce à l’ONU.

En ce début de XXIe siècle, beaucoup de pays demandent une « redistribution » des pouvoirs à l’ONU, notamment au Conseil de Sécurité. Le Japon, l’Allemagne, le Brésil, l’Inde et l’Afrique du Sud demandent à être membres permanents avec droit de veto, ce qui reflèterait les nouvelles donnes du monde actuel.