Étude de textes et documents produits à des fins de propagande

Introduction :

La propagande est un moyen utilisé afin de persuader et d’influencer les pensées ou les comportements. Elle met en œuvre différentes techniques. Elle est véhiculée principalement par les médias. On peut la trouver dans la presse, les discours politiques, les affiches, à la radio, à la télévision ou encore dans les tracts. Elle permet de répandre une idéologie ou de conformer les opinions. Les dictatures ont souvent eu recours à la propagande afin de manipuler l’information. Pour garder le pouvoir, il leur faut donc contrôler les médias. Durant les guerres, la propagande pouvait aussi permettre de motiver la population à l’effort de guerre notamment, ou encore à convaincre les citoyens de l’efficacité voire de la nécessité de la guerre.

Un type de discours particulier est alors mis en œuvre, qui est destiné à manipuler les esprits. Il est important de savoir reconnaître ce discours et de pouvoir en tirer des conclusions.

Nous allons étudier des exemples précis de propagande à travers des documents datant de différentes périodes de l’Histoire. Dans un premier temps nous étudierons un tract de la Seconde Guerre mondiale. Ainsi, nous verrons que la propagande peut servir à encourager le peuple, le motiver à quelque chose. Puis nous analyserons une affiche de propagande stalinienne qui nous renseignera sur la manière dont la propagande peut servir la dictature. Enfin, nous lirons un extrait de Mein Kampf de Hitler qui nous éclairera sur sa vision de la propagande, lui qui, une fois au pouvoir, avait créé un poste de ministre de l’Éducation du peuple et à la Propagande.

Un moyen d’encourager le peuple

Recto et verso d’un tract allié lancé par avion sur Vierzon en janvier 1944 Recto et verso d’un tract allié lancé par avion sur Vierzon en janvier 1944

Le document présenté ici est un tract allié lancé par avion sur Vierzon en janvier 1944. Il s’agit du recto et du verso de ce tract. Ce document est destiné au peuple français. On peut constater sur le recto du document qu’il s’agit d’une photo surmontée d’un titre en lettres capitales dont la taille des caractères augmente à chaque ligne. Vient ensuite un résumé des informations que contient le tract.

Le terme « échec » est mis en valeur par sa répétition à trois reprises mais aussi parce qu’il est écrit en caractères gras de grande taille et en capitales. Il est également illustré par la photographie représentant un soldat allemand couché, face contre terre. La posture du soldat indique clairement sa soumission et son incapacité même à bouger.

Le texte qui se situe au verso décrit les défaites nazies infligées par les alliés. Le titre est introduit par le présentatif « voici » et informe sur les échecs allemands. L’emploi de l’adjectif « nouvelles » suggère qu’il ne s’agit pas là des premières défaites allemandes mais bien d’une succession de défaites. Celles-ci sont détaillées en trois points : « Dans l’Atlantique », « dans l’Antarctique » et « sur le front mondial ». On peut remarquer un champ lexical de la guerre abondant avec par exemple les termes « sous-marins », « campagne », « ennemis », « attaques » ou encore « convois ».

Le document, sous couvert d’information, souligne l’écrasante défaite des Allemands. La métaphore employée par Churchill et citée ici en est l’illustration :

« La guerre sous-marine a aujourd’hui l’échine brisée. »

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Définition

Métaphore :

C’est une figure de style qui permet de comparer deux éléments sans utiliser de mot de comparaison.

Il s’agit d’une image forte afin de marquer les esprits. La guerre sous-marine est alors personnifiée comme s’il s’agissait d’un monstre à combattre.

Si le tract insiste de manière redondante sur les défaites allemandes, il souligne également, en opposition, la force inébranlable des alliés. La phrase suivante en témoigne :

« L’emprise implacable des nations libres ne se relâchera pas. »

Non seulement les Allemands ont subi des défaites mais les Alliés se montrent donc inflexibles et les poursuivront jusqu’à les vaincre définitivement. L’adjectif « implacable » et l’emploi du futur mettent en exergue leur détermination à toute épreuve.

  • Au premier abord, ce document semble livrer des informations sur le déroulement de la guerre. Toutefois le discours n’est pas objectif, il est subjectif.
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Définition

Discours objectif :

Qui est neutre.

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Définition

Discours subjectif :

Qui n’est pas neutre, qui prend parti.

Le but du tract est de remotiver les Français à l’approche du débarquement allié. Il faut savoir également que la commune de Vierzon était un poste frontière et était pour moitié occupée par les Allemands.

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À retenir

Le tract encourage donc les Français à croire en la victoire alliée.

La propagande au service de la dictature

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À retenir

La propagande est majoritairement utilisée à des fins politiques. Les dictatures ont souvent recours à la propagande afin de convaincre du bien-fondé d’une politique.

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Définition

Dictature :

État dans lequel un seul homme ou un petit groupe de personnes détient un pouvoir absolu et l’exerce de façon autoritaire.

Ce ou ces hommes ont donc besoin d’une communication bien rôdée afin de maintenir le peuple sous leur joug. Les dictatures utilisent également la propagande pour persuader le peuple de participer au développement du régime ou encore pour diffuser ce qu’on appelle le culte de la personnalité.

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Définition

Culte de la personnalité :

Il s’agit d’une attitude politique privilégiant l’image du chef. Dans une dictature, le despote est par exemple présenté comme un dieu vivant, un chef politique aimé et respecté de tous à travers la propagande.

Cette campagne éclipse tout autre prétendant à un poste de responsable politique. Seul existe le dictateur. En voici un exemple avec une affiche représentant Staline :

Affiche de propagande représentant Staline. Le slogan en russe signifie : « Merci à notre cher Staline pour notre enfance heureuse » Affiche de propagande représentant Staline. Le slogan en russe signifie : « Merci à notre cher Staline pour notre enfance heureuse »

Cette affiche est une peinture commandée par le parti communiste, donc par Staline qui en était le chef. La date est inconnue mais Staline ayant pris le pouvoir en URSS en 1928, elle date certainement des années 30.

L’affiche représente Staline, sur un fond blanc lumineux, en haut d’une tribune, un bouquet de roses rouges dans les bras. Le visage baigné de lumière, il se penche au-dessus de deux enfants. Ses cheveux grisonnants irradient, apportant eux aussi de la lumière à la peinture. La petite fille lui offre des fleurs. Le garçon porte le foulard rouge des Pionniers, l’organisation des jeunesses communistes. Il regarde Staline avec amour et admiration. Staline, bienveillant, est au centre et semble sur le point de prendre dans ses bras le garçon.

  • L’affiche montre donc une image de Staline, celle du chef protecteur. Il était d’ailleurs surnommé « le petit père des peuples » (surnom qu’il s’était lui-même attribué).

Staline paraît rassurant et l’affiche véhicule l’image d’un dictateur paternel : il est entouré d’enfants qui vont vers lui et l’admirent donc le respectent.

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À retenir

Le but de cette propagande est donc de convaincre le peuple que Staline est le chef idéal, un dirigeant aimé, respecté et admiré de tous.

La lumière qui se dégage de cette affiche et qui auréole Staline le rapproche du divin. Elle rappelle en effet les représentations chrétiennes de Dieu ou de Jésus.

  • Staline doit être adoré comme on adore un Dieu.

La traduction du slogan russe qui est inscrit en haut à gauche de l’affiche est :

« Merci à notre cher Staline pour notre enfance heureuse. »

Le titre de l’affiche suggère que ce sont les enfants qui prononcent cette phrase. Or, l’affiche a été commandée par le parti communiste. L’adjectif « cher » indique que Staline est aimé de son peuple. Le possessif « notre » montre qu’il appartient tout entier à son peuple, comme s’il lui était entièrement dévoué. La mise en avant d’enfants donne une image joyeuse et tendre du régime. Le terme « heureuse » souligne d’ailleurs le bonheur que garantit Staline à son peuple.

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À retenir

Cette affiche contribue à asseoir l’autorité du dictateur en manipulant les foules.

Ces affiches, qui sont placardées dans la rue, désinforment la population et induisent le peuple en erreur.

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À retenir

L’image colportée par la campagne de propagande de Staline n’est qu’une vision illusoire de l’homme, et non la réalité monstrueuse de celui qui déporta et décima quinze à vingt millions de personnes en URSS.

Après l’exemple stalinien, voici maintenant quelques extraits de Mein Kampf, rédigé par Hitler dans les années 1924-1925.

La propagande nazie

Dès 1933, le ministre de l’Information et de la Propagande, Joseph Goebbels, définit le but de la propagande :

« Le peuple doit commencer à penser d’une manière uniforme, à réagir d’une manière uniforme, et à se mettre à la disposition du gouvernement de tout son cœur ».

Les journaux, les affiches et la culture toute entière se font alors porte-paroles des idées nazies. Les discours de Hitler et des dirigeants nazis sont diffusés à la radio, martelant les principes du nazisme. L’Allemagne devient même une vitrine pour le nazisme lors des Jeux olympiques de Berlin en 1936. Hitler étendra sa propagande, cherchant à convaincre le monde entier.

Déjà en 1925, Hitler exposait ses idées dans son livre Mein Kampf. Dans l’extrait ci-dessous, Hitler développe les grandes lignes de sa stratégie de propagande :

« L’âme de la masse n’est accessible qu’à tout ce qui est entier et fort. […] la masse préfère le maître au suppliant, et se sent plus rassurée par une doctrine qui n’en admet aucune autre près d’elle […]. La tolérance lui donne un sentiment d’abandon ; elle n’en a que faire. […] La faculté d’assimilation de la grande masse n’est que restreinte, son entendement petit, par contre son manque de mémoire est grand. Donc toute propagande efficace doit se limiter à des points fort peu nombreux et les faire valoir à coup de formules stéréotypées aussi longtemps qu’il le faudra, pour que le dernier des auditeurs soit à même de saisir l’idée. […]

La grande masse d’un peuple ne se compose ni de professeurs, ni de diplomates. Elle est peu accessible aux idées abstraites. Par contre, on l’empoignera plus facilement dans le domaine des sentiments et c’est là que se trouvent les ressorts secrets de ses réactions. »

Hitler définit les caractéristiques de la propagande en trois points :

  • il s’agit tout d’abord d’imposer sa doctrine en force. L’idéologie en question doit être la seule présente. Hitler parle en effet d’une « doctrine qui n’en admet aucune autre près d’elle » ;
  • la propagande mise en place doit être facile à saisir. Car le peuple doit non seulement la comprendre mais aussi pouvoir la retenir. Les principes de la propagande doivent donc être répétés, martelés afin d’être bien sûr qu’ils soient appris ;
  • enfin, la propagande doit faire appel aux sentiments du peuple. Elle doit les toucher. Hitler écrit à ce propos :

« Par contre, on l’empoignera plus facilement dans le domaine des sentiments et c’est là que se trouvent les ressorts secrets de ses réactions ».

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À retenir

Mais l’exposé de ces principes est fait avec le plus grand mépris du peuple.

En effet, il le qualifie de « masse » comme s’il s’agissait d’un bloc indivisible. Le terme de « masse » est péjoratif, c’est-à-dire qu’il dévalorise le peuple. Cela pousse à faire des généralités, à croire qu’il n’y a aucune distinction entre les individus qui constituent la majorité, en l’occurrence les ouvriers. Hitler sait donc ce que la « masse » veut, et la « masse » veut être « rassurée » par un despote qui lui impose une doctrine.

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Définition

Doctrine :

Il s’agit d’un enseignement, d’une théorie.

Il insulte l’intelligence de ceux qui seront ses principaux électeurs. Il les qualifie d’ignares n’ayant aucune mémoire, il écrit en effet :

« La faculté d’assimilation de la grande masse n’est que restreinte, son entendement petit, par contre son manque de mémoire est grand ».

Ainsi, pour être sûr d’être compris du peuple, le maître de la propagande doit répéter sans cesse les mêmes idées stéréotypées c’est-à-dire simples, sans originalité et rebattues. Hitler explique en effet que la majorité de la population n’est pas constituée de l’élite intellectuelle. Il sous-estime les capacités intellectuelles de la population en écrivant que la population est « peu accessible aux idées abstraites » mais qu’elle l’est en revanche aux « sentiments ». C’est donc sur les sentiments que doit miser un maître de la propagande.

Ce manque de considération pour le peuple est d’autant plus effarant que c’est pourtant lui qui l’a élu chancelier en janvier 1933, soit 8 ans plus tard.

Conclusion :

La propagande est donc un ensemble de techniques mises en œuvre afin de manipuler le peuple. Elle a pris un véritable tournant au XXe siècle avec le développement considérable des médias. Des formes différentes apparaissent, plus subtiles. Mais le but est toujours de convaincre et d’uniformiser la pensée du plus grand nombre. Des techniques de communication sont ainsi employées, détournant l’information au profit de la désinformation.