L'identité de l'Homme

Introduction :

La littérature est le reflet de la réalité à plusieurs égards. Elle dit quelque chose de l’Homme et tente de cerner sa nature en peignant ses préoccupations, ses vices mais aussi sa grandeur. Comment est perçu l’Homme du XVIe siècle à nos jours ? Les penseurs et les écrivains ont-ils toujours eu foi en la nature humaine ? Ces questions seront abordées siècle par siècle dans ce cours.

L’humanisme ou la foi en l’Homme

À la Renaissance apparaissent les penseurs dits humanistes.

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Définition

Humanistes :

Ces philosophes placent l’Homme et les valeurs humaines au-dessus de toutes les autres valeurs.

C’est une vision qu’ils empruntent aux philosophes de l’Antiquité.

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À retenir

Selon les humanistes, l’Homme s’épanouit et révèle son plein potentiel en exerçant son esprit critique, en acquérant toutes sortes de connaissances et en faisant preuve de sagesse.

Rabelais, dans la lettre de Gargantua à son fils Pantagruel, définit ses idéaux de l’humanisme en invitant ce dernier à travailler tous les domaines du savoir sans exception tant sur le plan de la théorie que sur celui de la pratique, et de ne pas oublier de progresser en sagesse.

Cette représentation de l’être humain éclairé remet en question la colonisation et la façon de traiter les populations du Nouveau Monde que les écrivains humanistes comme Montaigne dans ses Essais ne cesseront de dénoncer. Ils réfléchissent également à un monde meilleur pour l’Homme à travers des utopies, comme celle de Thomas More, Utopia, dans lequel il décrit une île imaginaire ne connaissant ni la propriété privée, ni la religion d’État.

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À retenir

Cette foi en l’Homme est ébranlée à la fin du XVIe siècle, à la suite des conflits sanglants entre catholiques et protestants qui occasionneront notamment le massacre barbare de la Saint-Barthélemy en 1572.

  • Cette vision plus pessimiste de l’Homme donnera le ton au XVIIe siècle.

La représentation pessimiste de l’Homme au XVIIe siècle

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À retenir

Les penseurs du XVIIe siècle voient en l’Homme un être trompeur. Ils cherchent à reproduire cette vision à travers des œuvres dites baroques, représentatives des excès et de la violence humaine.

C’est pour cela que de nombreux moralistes apparaitront dans la deuxième moitié du XVIIe, comme Jean de La Bruyère ou Jean de La Fontaine.

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Définition

Moralistes :

Les moralistes entendent corriger les mœurs des Hommes grâce à leurs portraits de la société.

Les moralistes mettent en valeur deux visions distinctes de l’Homme :

  • celle du courtisan, défini par son caractère intéressé et superficiel ;
  • celle de l’honnête homme, caractérisé par sa culture, sa conversation agréable, son honnêteté et son humilité.

Ce dernier représente une forme d’idéal de l’époque classique.

  • Le jansénisme est très influent à cette époque.
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Définition

Jansénisme :

Le jansénisme est une branche très sévère du catholicisme. Ses adeptes, comme Racine ou Pascal, véhiculent l’idée d’une nature humaine misérable et corrompue par ses passions et les plaisirs terrestres.

Phèdre, l’héroïne de Racine, est par exemple condamnée par une malédiction divine à aimer son beau-fils Hippolyte. Elle ne peut lutter contre sa nature qui agit sur elle comme un poison. Pour Pascal, dans ses Pensées posthumes, l’Homme est condamné par le péché originel. Pour tenter de s’en repentir, il doit accepter sa misère et s’en remettre à la grandeur de Dieu.

Le Romantisme et les Lumières, un nouvel humanisme ?

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À retenir

La mort de Louis XIV en 1715 affaiblit la monarchie absolue et met en question sa légitimité. Ce n’est plus le siècle de la religion mais celui de la raison, tant sur le plan des avancées scientifiques que dans la transgression des mœurs et des idées traditionnelles.

L’Homme est donc synonyme de potentiel et de progrès, ce qui met en place un nouvel humanisme. Dans la lignée des penseurs du XVIe siècle, les philosophes des Lumières dénoncent toute forme de violence, et en appellent aux notions de respect et de dignité humaine. Des écrivains mettent notamment en avant le caractère inhumain et barbare de l’esclavage, comme Voltaire dans le chapitre 19 de Candide, qui souligne la traite cruelle du nègre de Surinam.

  • La littérature s’engage, et en dénonçant les injustices sociales et politiques de son temps, elle met en marche la Révolution française de 1789.

Le XIXe siècle, entre avancée et régression

L’instabilité des régimes politiques et la restauration d’une religion d’État au XIXe siècle ont vite déçu les espoirs républicains de la Révolution. La foi en l’homme des Lumières s’en est alors trouvée altérée.

  • Le début du siècle est par ailleurs marqué par l’émergence du romantisme.
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Définition

Romantisme :

Il s’agit d’un un courant littéraire et culturel qui promeut l’individu, centré sur l’explosion des passions, l’expression du moi intime et l’épanouissement de l’âme.

Les chefs de file de ce mouvement sont Victor Hugo et François-René de Chateaubriand. Ils mettent en avant le mal du siècle et la nostalgie d’un autre temps. Les sciences et l’économie se développent massivement et la société se transforme très vite.

L’industrialisation, la montée croissante du prolétariat et la nouvelle valorisation de l’argent par les banques contribuent à l’écart qui se creuse entre les couches sociales. C’est ce que les écrivains romantiques et réalistes tenteront de représenter au plus près à travers des portraits d’hommes et de femmes populaires, parfois en proie à la misère la plus totale.

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À retenir

Dans la lignée des combats des philosophes du siècle passé, les écrivains réalistes et romantiques donnent voix aux plus faibles.

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Définition

Naturalisme :

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, ce mouvement décrit alors une nature humaine sombre et corrompue par ses travers héréditaires. Une dimension scientifique apparaît également dans les recherches des auteurs.

Zola par exemple peint dans sa fresque romanesque Les Rougon-Macquart des personnages héritant tout à tour des vices et de la misère de leurs ancêtres.

Le XXe siècle ou la remise en question de la nature humaine

Le XXe siècle se retrouve abasourdi devant l’horreur et le déchaînement de violence perpétré par l’Homme. Les massacres des guerres mondiales et la montée des idéologies totalitaires anéantissent toute foi en la nature humaine.

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À retenir

En corrélation avec cette grande désillusion se développent les sciences humaines comme la psychologie, la psychanalyse ou l’ethnologie qui tentent de cerner ce qu’est l’Homme.

Cette réflexion se retrouve également en littérature, notamment avec le courant de l’existentialisme de Jean-Paul Sartre et la naissance du sentiment de l’absurde dans l’œuvre d’Albert Camus.

Mais l’Homme est aussi capable de résister à la violence, et il se sert de la littérature comme d’une arme, comme en témoignent les nombreux auteurs qui s’engagent dans les combats idéologiques du siècle pour la tolérance et le bien commun.

Ainsi, Matin Brun de Franck Pavloff est une petite fable écrite en 1998. Elle met en scène un état appelé l’État Brun qui interdit la possession d’animaux qui ne seraient pas bruns et qui arrête les propriétaires qui auraient eu un animal non brun par le passé, ainsi que leurs proches. Personne ne s’oppose à cette loi parce qu’elle ne concerne pas le plus grand nombre des citoyens. Cette œuvre dénonce bien entendu la xénophobie et le racisme tout en invitant le lecteur à plus de tolérance.

Qui est l’Homme du XXIe siècle ?

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À retenir

Au XXIe siècle, le développement des nouvelles technologies et des nouveaux moyens d’expressions font de l’Homme un être ouvert sur le monde, capable d’exposer ses idées au plus grand nombre et de s’engager dans des causes multiples.

En effet, la conscience éthique et écologique se développe, tout comme l’activité humanitaire. Les auteurs s’engagent et motivent la jeunesse à en faire de même, comme Stéphane Hessel en 2010 dans son petit livre au titre évocateur, Indignez-vous ! Il y invite chacun à s’indigner et à développer un esprit de résistance face aux injustices mondiales qui perdurent.

Conclusion :

Chaque courant littéraire fait s’interroger l’Homme différemment au gré de son contexte historique et social. La littérature enrichit alors la vision que l’Homme a de lui-même et dans le même temps sa vision du monde. Seulement, elle n’est pas simple spectatrice de ce qui fait la nature humaine, elle est aussi là pour tenter de la corriger. Pour mieux comprendre comment est perçu l’Homme dans la littérature, il est intéressant de prendre en compte son appartenance à la société et au système politique de son temps.