La technique

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Introduction :

La technique est de plus en plus présente dans notre quotidien : internet, smartphones, tablettes, mais aussi dans les transports, l’aéronautique, l’environnement. Ces avancées techniques nous procurent incontestablement plus de confort. Quelle place occupe-t-elle dans notre société ?

Afin d’évaluer les enjeux de la technique dans le monde moderne, nous verrons d’abord en quoi elle est le propre de l’être humain. Nous traiterons ensuite les vertus du progrès technique. Et enfin, nous verrons que le développement technique a des limites.

L’être humain et la technique

La technique est le propre de l’être humain

Étymologiquement, la technique vient du grec technê et désigne une habileté, un savoir-faire ou une compétence acquise. Elle suppose l’apprentissage de règles et de méthodes.

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Réflexion

La technique selon Bergson

Dans L’Évolution créatrice, Henri Bergson qualifie l’être humain moderne d’« Homo Faber » :

« Si, pour définir notre espèce nous nous tenions strictement à ce que l’histoire et la préhistoire nous présentent comme caractéristiques constantes de l’Homme et de l’intelligence, nous ne dirions peut-être pas Homo Sapiens, mais Homo Faber. »

Henri Bergson, L’Évolution créatrice, 1907

La nature humaine est définie par la capacité de fabriquer. Pour Bergson, un individu n’est pas seulement un animal raisonnable (Homo Sapiens), il est aussi un animal qui fabrique, qui transforme le monde, un technicien (Homo Faber). L’intelligence de l’être humain lui sert à créer des outils afin d’améliorer son confort et ses capacités : sans la technique, nous n’aurions jamais pu voler en avion !

  • La technique étend nos capacités.

Une autre caractéristique de l’être humain est la transmission par l’éducation. La technique s’enseigne et s’apprend, c’est pourquoi on a créé des écoles et des universités.

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À retenir

L’être humain se distingue de l’animal par la fabrication et l’utilisation d’outils techniques. Certains grands singes utilisent des outils mais qui restent très rudimentaires.

Les caractéristiques de l’outil

Le mot « outil » vient du latin ustensilis, qui désigne ce qui est utile. Les outils humains résultent de la transformation d’une matière première. Chez Aristote le premier outil est la main, puis par extension tout ce qu’elle utilise : un marteau, un couteau, une corde… L’objectif est de créer des biens matériels ou des connaissances utiles aux individus. L’animal utilise son propre corps, comme les griffes du félin pour attraper et tuer ses proies et plus rarement des objets trouvés dans la nature, comme les pierres utilisées par le grand singe pour casser la coque des fruits. De manière générale, on dit que l’animal ne fait que suivre son instinct tandis que l’être humain a un but et se donne des moyens pour y arriver : la beauté par exemple, ou la perfectibilité. Elle est selon Rousseau ce qui caractérise un individu. Il est et sera toujours imparfait, mais cherchera toujours à se rapprocher de la perfection.

L’outil est chez l’être humain le résultat d’une réflexion, d’un travail méthodique et d’une coopération sociale entre les individus, afin de transmettre les savoirs acquis et de les perfectionner. Les productions humaines ne visent pas seulement la survie de l’espèce mais son perfectionnement. Pour un individu, l’outil est notamment un moyen d’exprimer sa perfectibilité.

L’objet technique permet aussi à l’être humain de s’ouvrir à de nouvelles dimensions. En fabriquant des objets ludiques, scientifiques ou artistiques, l’être humain cherche à affirmer son existence et sa puissance, à laisser son empreinte dans le monde. Le progrès technique semble ainsi être inévitable dans le développement de l’être humain.

Quelles sont les vertus du progrès technique ?

La maîtrise de la nature

Dans l’Histoire, nous sommes passés de la simple technique qui repose sur un savoir empirique, à la technologie qui repose sur un véritable savoir scientifique.

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La technique selon Descartes

Dans le Discours de la méthode, Descartes explique que lorsque la technique devient technologie, elle permet de « nous rendre comme maîtres et possesseurs de la Nature ».

La compréhension rationnelle des lois de la nature permet d’exploiter ses forces. Cependant remarquez que Descartes dit bien qu’il faut « nous rendre comme maîtres et possesseurs de la Nature », ce qui signifie donc que nous ne le serons jamais vraiment. La Nature a ses règles qu’on ne peut changer, inutile donc de désirer l’impossible.

L’être humain assume ainsi sa volonté de puissance et refuse de se soumettre aux dures lois d’une nature non domestiquée, qui entraîne des maladies, de la peur, des morts prématurées et la faim. L’être humain tente alors de contrôler et de surmonter la nature en fabriquant des instruments pour observer et mesurer les phénomènes naturels. Se construit ainsi une culture scientifique qui sera ensuite enseignée aux prochaines générations, afin de bâtir au fur et à mesure tout un réseau de connaissances.

Le développement humain

La technique permet d’améliorer les conditions de vie et accélère la satisfaction des besoins humains. De plus, elle réduit les efforts pénibles.

  • C’est dans la recherche permanente d’amélioration de son quotidien que l’être humain évalue son niveau de satisfaction et de bonheur.
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À retenir

Le progrès technique permet de combler des lacunes naturelles et donne accès à de nouvelles compétences.

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Exemple

Par exemple, l’être humain rêve de voler mais il n’en a physiquement pas la compétence. Il multiplie donc les inventions techniques. Ainsi, depuis les ailes mécaniques d’Icare aux navettes spatiales en passant par les parapentes, hélicoptères, avions ou fusées, l’être humain cherche à combler sa défaillance physique avec une technologie de plus en plus perfectionnée.

  • Le progrès technique semble indispensable à l’évolution de l’espèce humaine, mais il peut également représenter un danger.

Les limites du progrès technique

Les dangers

Le mythe de Prométhée est fondateur dans le rapport des civilisations européennes avec la technique et les nouvelles technologies. Prométhée est, selon la mythologie grecque, un titan qui déroba le feu sacré de l’Olympe pour le transmettre aux humains. Il fut puni par Zeus pour sa traitrise mais permit aux êtres humains d’accéder à la technique. Cette dernière est d’une certaine manière la partie divine de l’être humain qui lui permet de s’extraire de la nécessité naturelle. Mais elle est aussi un danger qui risque de provoquer le courroux des dieux. Comme Icare qui vola trop près du soleil et perdit ses ailes.

  • La technique, si elle est mal maitrisée, peut mener à des catastrophes.

Alt texte La chute d’Icare, Jacob Peter Gowy, 1635-1637

Les technologies nucléaires par exemple présentent un risque majeur pour les populations et l’environnement. Suite à la catastrophe de Tchernobyl en 1986, les scientifiques sont partagés entre un désir de connaissance et de développement expérimental et les risques d’accident.

Les effets de Tchernobyl sur l’environnement sont aujourd’hui encore sous-estimés. Une nouvelle catastrophe nucléaire de grande ampleur comme l’accident de la centrale de Fukushima en 2011 remet chaque fois en cause la question du rapport de l’être humain à la nature, mais aussi celle de l’implication humaine. De nombreuses populations ont été traumatisées et contaminées par les radiations.

  • Est-ce le prix de l’évolution technologique ? Si oui, est-il moral de la poursuivre ?

La continuation du progrès technique est nécessaire, mais pas dans les conditions actuelles. L’Allemagne a par exemple décidé d’arrêter le nucléaire. Cependant, elle utilise à la place des combustibles fossiles. La technologie doit se remettre en question pour garantir la durabilité de la société. Aujourd’hui, cette préoccupation est commune à tous les pays industrialisés.

Les dangers de la technique sont aujourd’hui si démesurés qu’ils ont mené Hans Jonas, philosophe du XXe siècle, à développer une éthique de la technique. Dans son livre intitulé Le principe responsabilité, il développe une éthique du futur dans laquelle les générations présentes sont responsables des générations futures.

  • Il s’agit donc de suivre ce qu’on appelle aujourd’hui un « principe de précaution » qui vise à éviter les catastrophes liées à notre puissance technique et qui peuvent mettre en péril le bien-être de futures générations. On peut penser au nucléaire, mais aussi au réchauffement climatique.

La technique comme aliénation

Au-delà de ses conséquences sur l’environnement, la technologie pose un autre problème. Elle n’est réellement maîtrisée que par un petit nombre d’êtres humains. Ainsi, l’utilisateur lambda a un rapport presque magique avec l’objet technique : il appuie sur un bouton et celui-ci fonctionne. La mécanique interne du produit reste totalement étrangère à l’individu, qui n’a finalement aucune maîtrise de la manière dont il fonctionne.

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La technique selon Simondon

Gilbert Simondon est un philosophe français du XXe siècle. Il est connu notamment pour sa pensée sur la technique.

« L’Homme connaît ce qui entre dans la machine et ce qui en sort, mais non ce qui s’y fait […] Les objets techniques qui produisent le plus d’aliénation sont aussi ceux qui sont destinées à des utilisateurs ignorants. »

Gilbert Simondon, Du mode d’existence des objets techniques, 1958

Généralement focalisés sur l’objet technique lui-même, nous ne voyons ni son fonctionnement interne, ni les conditions de sa fabrication. Nous avons pris l’habitude de vivre entourés d’objets techniques. La question de notre dépendance vis-à-vis de la technique se pose alors. En fabriquant de faux besoins, la publicité crée de la frustration. Nous devenons alors dépendants de l’objet technique dans la société de consommation.

Par ailleurs, la performance des outils de communication anéantit définitivement l’idée que l’être humain se fait de la liberté. Plusieurs exemples peuvent être cités :

  • les mouchards informatiques qui tracent les visites des internautes et des fichiers qui classent les consommateurs selon leurs goûts ;
  • les contacts dans les téléphones qui peuvent être relevés ;
  • les puces informatiques qui sont traçables et qui contiennent des codes d’identification ;
  • les papiers d’identité qui comportent des éléments biométriques ;
  • les données génétiques des délinquants ou des malades qui sont numérisées ;
  • le fait qu’une personne puisse être filmée en moyenne cinq fois dans une journée par des caméras de surveillance ;
  • les satellites qui, quant à eux, assurent des prises de vues permanentes.
  • Cette liste non exhaustive montre que le contrôle des individus est omniprésent grâce à la technologie.
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À retenir

La technologie est indispensable à notre progression au quotidien, mais remet sans cesse en question les valeurs que nous pensions acquises.

Conclusion :

La technique est acquise, mais la capacité à l’apprendre et l’enseigner est innée et propre à l’être humain. Assez simples au départ, les technologies des êtres humains se sont peu à peu complexifiées. Aujourd’hui, par la technique, l’être humain est capable de contrôler son environnement. Cependant ce contrôle n’est jamais total et peut être dangereux et avoir de graves conséquences : nucléaire, gaz à effet de serre.

De plus, ce progrès est le résultat de longues recherches qu’aucun individus ne peut prétendre maîtriser intégralement. Au quotidien, nous nous servons donc de la technologie sans savoir comment elle fonctionne et ses bénéfices nous rendent dépendants d’elle.

Par ailleurs, ce progrès n’est pas réparti équitablement entre les êtres humains et est trop souvent nuisible à la nature. Un problème d’éthique se pose alors. Devons-nous arrêter le progrès ? Cela serait aller contre notre nature.

Nous devons donc nous soucier de ce que le progrès implique et malgré les possibilités qu’il offre, ne pas trop facilement renoncer à nos valeurs. On peut d’ailleurs s’interroger sur la notion de progrès qui laisse penser que le développement technique est souhaitable. Or bien souvent on s’aperçoit que ce qu’on appelle « progrès » n’est qu’une adaptation de l’être humain à son milieu : la création de l’agriculture est liée à un besoin de se nourrir et la création des nouvelles technologies de communication est liée à un besoin de transférer rapidement des informations. Existe-t-il réellement un progrès de la culture et de la technique, ou n’est-ce que l’adaptation de l’être humain à son environnement ?