Le mur de Berlin

Introduction :

Dans ce cours, nous allons essayer de comprendre pourquoi et comment Berlin est devenue un des principaux symboles de la guerre froide. Nous allons remonter à la racine du conflit en 1945, avant de nous intéresser au blocus de la ville par les forces russes et à l’édification du tristement célèbre mur de Berlin. Berlin, symbole de la puissance allemande, devient symbole de la faiblesse européenne, le lieu où les deux grandes puissances s’affrontent. Berlin, petite portion du monde occidental, est le lieu direct où se jaugent les États-Unis et l’URSS, et la ville fut, de 1945 à 1989, le baromètre des relations entre les participants de la guerre froide.

Berlin dans la guerre froide

Doctrines Truman et Jdanov

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À retenir

En 1945, quand l’Allemagne perd la guerre, le pays et sa capitale sont divisés en quatre. Les vainqueurs (États-Unis, URSS, Royaume-Uni et France) en administrent chacun une partie.

La Grande Alliance des démocraties occidentales et de l’URSS, une fois l’ennemi nazi commun vaincu, explose. Les modèles américains et soviétiques veulent tous les deux s’imposer au nouveau monde issu des décombres de cette guerre. C’est le début de la guerre froide.

C’est en 1947 que les masques tombent. La doctrine Truman, du nom du président américain, désigne le nouvel ennemi : le communisme, qu’il faut combattre partout dans le monde et sous toutes ses formes. C’est un véritable tournant de la politique extérieure américaine.

Les USA sont les leaders incontestés du « monde libre » car ils détiennent seuls la bombe atomique, les deux tiers du stock d’or mondial, la meilleure armée et l’économie la plus puissante. Ils ont imposé le système monétaire international de Bretton Woods et leur image de libérateurs de l’Europe est à son zénith.

  • La doctrine Truman est accompagnée du plan Marshall.
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Définition

Plan Marshall :

Le plan Marshall est une aide économique et financière de la part des États-Unis aux pays libres, comme pour la France ou la Grèce en 1947. Elle a pour but la lutte contre le communisme, même si cette aide a été proposée à l’URSS.

Côté URSS, la doctrine Jdanov est une réponse aux Américains. Pour les Soviétiques, l’ennemi, c’est le capitalisme, les États-Unis, et leurs alliés. Afin d’assurer un peu plus son influence, l’URSS crée le Kominform, bureau de renseignement et de coordination des partis communistes du monde entier.

Ce début de guerre froide a des répercussions directe sur l’Allemagne et sur Berlin. Les historiens disent d’ailleurs que Berlin est le baromètre de la guerre froide.

Le rideau de fer

  • Les Occidentaux organisent leur zone d’influence en y implantant la démocratie et le capitalisme.
  • Les Soviétiques organisent leur zone sur le modèle soviétique : un parti unique, le parti communiste bien sûr, une économie étatisée, collectivisée et planifiée.
  • C’est le « rideau de fer » qui est dressé sur l’Europe et sur Berlin, séparant pro-occidentaux et pro-soviétiques. Nous sommes dans un monde bipolaire.
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À retenir

Berlin est divisée en 4, une partie de cette dernière est administrée par les Occidentaux, bien que la ville se trouve à l’Est, en territoire soviétique. En ce début de guerre froide, Staline organise en 1948 le blocus terrestre de Berlin, pour asphyxier économiquement la demi-capitale occidentale à l’Ouest.

Ce blocus de Berlin, de 1948 à 1949, est un premier marqueur de cette guerre, car les États-Unis ne laissent pas tomber cette petite partie du monde libre. Ils organisent le plus grand pont aérien jamais connu à ce jour. Des milliers de vols pour nourrir, soigner, apporter énergie et matière première à ces populations coupées du monde occidental. Staline ne peut pas tirer sur les avions américains sous peine de déclencher une guerre, ce qu’il ne souhaite pas dans la mesure où il n’a pas encore la bombe nucléaire. Devant l’impasse, l’URSS met fin à ce blocus en 1949.

Un monde bipolaire

Le mur de Berlin

Les États-Unis ont montré leur volonté sans faille de défendre le « monde libre ». L’Allemagne est officiellement coupée en deux :

  • la RFA est située à l’Ouest, sous protection américaine et de l’OTAN, qui va s’allier à la partie occidentale de l’Europe, pour la création de la future Union européenne ;
  • de l’autre côté, la RDA est sous protection de l’URSS et va s’intégrer aux différentes alliances de cette dernière,comme le pacte de Varsovie, une alliance militaire, et le CAEM, une alliance économique.

Cette division ne s’est pas faite facilement du fait de l’inégalité de traitement des deux Allemagne.

En 1953 a lieu le soulèvement de Berlin-Est. C’est la première révolte derrière le Rideau de fer. Les ouvriers demandent plus de liberté et un meilleur niveau de vie. La réponse du régime est très violente et les manifestants rencontrent les chars. La répression est la seule réponse aux demandes de la classe ouvrière, qui est pourtant censée être la classe au pouvoir, la classe « privilégiée », dans le système soviétique. Malgré cette sanglante répression, Américains et Occidentaux n’interviennent pas.

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À retenir

Le monde est alors bipolaire, dirigé par les États-Unis et l’URSS.

La situation continue de s’aggraver dans les années 1960, qui voient la construction du mur de Berlin dans un contexte tendu entre États-Unis et URSS. Dans Berlin, avant la construction du mur, on pouvait passer de l’Est à l’Ouest avec des laissez-passer donnés à l’Est. Mais de plus en plus, c’est une véritable hémorragie de la jeunesse est-allemande qui fuit vers l’Ouest et qui ne revient pas. Devant cet état de fait, l’URSS fait ériger en août 1961 un mur de 43 kilomètres de long, avec des miradors, des chiens policiers, des centaines de soldats et des passages électrifiés. C’est le « mur de la honte ».

  • Le Rideau de fer passe désormais physiquement dans la capitale allemande.

Berlin est à nouveau au cœur de la guerre froide sans que les armes ne parlent : les deux blocs restent toujours dans le symbole. J.F. Kennedy ne s’y trompe pas : il prononce un discours en juin 1963 à Berlin Ouest. Dans son discours, il réaffirme les valeurs de l’Ouest et la détermination des États-Unis à poursuivre ce combat de guerre froide partout où ils le peuvent. Pour montrer que c’est un combat de l’Occident capitaliste, J.F. Kennedy prononce cette célèbre phrase « Ich bin ein Berliner », ce qui signifie  : « Je suis un berlinois ».

Après la crise des fusées de Cuba, la guerre froide rentre dans ce que l’on appelle la « détente ». Cette dernière se caractérise par une baisse des tensions entre les États-Unis et l’URSS. Les signes d’apaisements se succèdent : le téléphone rouge entre la Maison-Blanche et le Kremlin, les traités de limitations nucléaires, l’entrée à l’ONU de la RFA et RDA, et des traités commerciaux.

  • La détente profite aux Allemands et aux Berlinois qui profitent de quelques passages, pour les familles les plus chanceuses, de l’Est vers l’Ouest.

La chute du mur

Cet apaisement ne va pas durer. Le début des années 1980 voit un regain de tensions entre les États-Unis et l’URSS. C’est le retour à la guerre froide, car l’URSS a envahi l’Afghanistan et Ronald Reagan, président républicain des USA, réarme son pays et qualifie l’URSS d’« empire du mal ».

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À retenir

Le face à face reprend dans ce contexte dramatique: les États-Unis installent des fusées nucléaires, les Pershing, en RFA, tournées vers l’Est, et l’URSS place des fusées nucléaires SS 20 en RDA, tournées vers l’Ouest.

De grandes manifestations éclatent dans les deux Berlin pour montrer l’opposition des Allemands, où qu’ils se trouvent, à ces menaces sur leur sol. Berlin Est et Berlin Ouest refusent d’être le lieu de la guerre froide.

Il faut attendre 1985 et l’arrivée de Gorbatchev à la tête de l’URSS pour que la situation se débloque. Gorbatchev lance ses deux réformes phares en URSS : la pérestroïka, qui est la restructuration totale de la société soviétique, et la glasnost, la transparence.

  • L’URSS se démocratise et passe peu à peu à une économie de marché.

Les autres pays d’Europe de l’Est imitent l’URSS et la RDA reste le dernier bastion du communisme en Europe. La fuite des habitants de la RDA par la Hongrie pour passer en RFA se fait alors plus facilement. C’est le signal que le système communiste s’effondre.

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À retenir

Le 9 novembre 1989, des milliers de Berlinois de l’Est montent sur le mur et passent à l’Ouest, sans qu’un coup de feu ne soit tiré. Gorbatchev a donné l’ordre de ne pas bouger. Le « mur de la honte » est tombé, sans violence, sous les caméras du monde entier.

Le 3 octobre 1990, les quatre puissances, les États-Unis, le Royaume-Uni, l’URSS et la France, permettent la réunification des deux Allemagne. C’est la fin de la guerre froide en Europe. l’Allemagne et Berlin sont réunifiées.

Le « mur de la honte », Rideau de fer entre l’Est et l’Ouest, est tombé sans faire couler le sang. La capitale est réunifiée, le pays aussi, et l’Europe retrouve un avenir commun. La démocratie occidentale a gagné cette bataille à Berlin et en Allemagne. Pourtant, le mur est resté et reste encore dans de nombreux esprits. Les différences entre l’Est et l’Ouest vont mettre du temps à s’estomper : les fractures ne sont pas qu’économiques et sociales, elles sont aussi idéologiques et philosophiques. C’est le travail des nouvelles générations allemandes et européennes.

Conclusion :

Berlin, capitale des deux Allemagne, est devenue le symbole de la guerre froide en Europe, lieu de l’affrontement des doctrines Truman et Jdanov. Située au coeur de la zone soviétique, Berlin subira le blocus de 1948 à 1949, avant d’être physiquement séparée en deux par l’édification du mur en 1961.