Reculs des démocraties : le retour des régimes autoritaires à partir des années 1920

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Introduction :

La fin de la Première Guerre mondiale permet la diffusion des idées démocratiques dans le monde. La colonisation est contestée et certaines minorités nationales obtiennent la reconnaissance de leur souveraineté, comme c’est le cas pour la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie.

Mais à quelles difficultés les régimes démocratiques doivent-ils faire face depuis l’entre-deux-guerres ?

Pour répondre à cette question, nous étudierons dans un premier temps la situation de l’Europe, alors en crise à cause de la montée en puissance des régimes totalitaires. Dans un second temps, nous étudierons l’instabilité politique sud-américaine, qui se traduit par des coups d’État militaires et des situations économiques propices aux dérives autoritaires.

Une Europe en crise

La Seconde Guerre mondiale : l’apogée des totalitarismes

Un État totalitaire s’identifie notamment par un pouvoir central fort, qui contrôle à la fois l’économie et les médias, et qui procède à l’endoctrinement de la population par un système de propagande. Le régime soviétique, à la faveur de l’instauration du communisme, multiplie les emprisonnements politiques dès 1918, avant que ne soit officiellement créé le Goulag en 1934.

  • On estime que ces camps de travail forcé auraient accueilli jusqu’à près de 20 millions de personnes, dont une partie y mourut.

Les épurations sont nombreuses sous Staline, particulièrement durant les Grandes Purges (1936-1938), qui succède au génocide ukrainien du début des années 1930. C’est à cette période que l’idéologie nationale-socialiste prend de l’ampleur en Allemagne, laquelle connaît une grave crise économique au début des années 1920.

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Définition

Épuration :

Dans les régimes totalitaires, action consistant à faire arrêter et exécuter des dissidents ou des opposants politiques, qui ne sont pas en accord avec la doctrine officielle du parti.

La République de Weimar (1919-1933) traverse difficilement l’entre-deux guerres. Le parti d’Adolph Hitler, attisant l’antisémitisme et les désirs de revanche nés de la Première Guerre mondiale, finit par gagner les élections de 1933. Ainsi débute le Troisième Reich.

  • Le 20 mars 1933 s’ouvre le camp de concentration de Dachau, premier d’une longue liste.
  • Les premières lois antisémites apparaissent, interdisant aux Juifs l’accès à certaines professions ainsi qu’à la fonction publique ou encore l’union avec des Allemands.
  • La Nuit de cristal du 9 au 10 novembre 1938 voit la population détruire les magasins tenus par des Juifs, identifiés et stigmatisés par le port d’une étoile jaune.
  • À partir de 1939, l’idéologie totalitaire nazie s’étend au fur et à mesure des conquêtes territoriales du Reich, y compris en France, suite à l’armistice du 22 juin 1940. Le régime autoritaire de Vichy, dirigé par le maréchal Pétain, contribuera activement à fournir au pouvoir nazi des moyens de répression efficaces.
  • Le génocide juif décidé par la « solution finale » en 1942 marque l’apogée des atrocités du IIIe Reich.
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À retenir

Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’idéologie nazie s’installe en Allemagne. Les premières lois antisémites et les camps de concentration apparaissent simultanément. L’idéologie nazie dépasse les frontières du pays, et s’étend notamment jusqu’en France, avec le régime de Vichy.

Jusqu’en 1943, le IIIe Reich peut compter sur le soutien de l’Italie dirigée par Benito Mussolini depuis 1922. Mussolini a mis en place un régime fasciste, qui entend réorganiser la société italienne par le système des trois huit (3 $\times$ 8). Ce système est une organisation de travail qui consiste à faire tourner trois équipes sur un même poste toutes les huit heures : huit heures de sommeil, huit heures de travail et huit heures de loisirs. Ce roulement permet d’assurer un fonctionnement continu, sans coupures.

Tous les pans de la vie des individus sont contrôlés et surveillés par l’État. Comme en URSS et en Allemagne, la police politique, l’endoctrinement idéologique des masses, particulièrement de la jeunesse, et la mise en place du culte de la personnalité d’un leader charismatique sont des leviers de domination essentiels pour détruire les droits individuels.

L’après-guerre : repenser la démocratie dans un monde à reconstruire

La Seconde Guerre mondiale marque une négation quasi-absolue des libertés fondamentales et il paraît nécessaire de les officialiser dans une déclaration commune à vocation universelle.

  • Ce sera l’objectif de la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH), adoptée le 10 décembre 1948 par l’assemblée générale des Nations unies.

L’Organisation des Nations unies (ONU) est l’héritière de la Société des Nations (SDN) et est créée grâce à la Charte de San Francisco du 24 octobre 1945 par 51 États fondateurs, au premier rang desquels les vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale.

  • La DUDH vise à généraliser l’application et le respect des droits de l’homme à travers le monde.
  • À cet effet, l’ONU organise des missions dans les régions du monde secouées par des conflits armés et des guerres civiles (en Angola entre 1991 et 1995, en Éthiopie entre 2000 et 2008, en Syrie depuis 2012, etc.).
  • Dans le même temps, l’ONU encourage la décolonisation au nom du droit des peuples à l’autodétermination.
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Définition

Autodétermination :

Droit, pour un peuple, de se constituer en État afin de pouvoir décider lui-même de son avenir.

  • La vocation de l’ONU est de maintenir la paix dans le monde, en s’arrogeant le monopole de la force armée, grâce aux interventions des Casques Bleus.
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Définition

Casques bleus :

Soldats constituant la force militaire et de maintien de la paix de l’ONU. Ce sont des personnels militaires mis à disposition des Nations unies par ses États-membres.

  • Concrètement, la Charte de San Francisco interdit aux États de mener des guerres, en dehors des interventions militaires autorisées par les Nations unies.
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À retenir

La Charte de San Francisco permet de créer l’ONU, qui succède à la SDN. La DUDH, votée par l’assemblée générales des Nations unies, veille au respect des libertés fondamentales dans le monde entier. Les Casques Bleus représentent la force militaire de l’ONU. Ils sont envoyés en missions dans les pays en crise pour maintenir la paix.

Mais il demeure une problématique essentielle. Les principales décisions sont prises, au sein de cette organisation, par le Conseil de sécurité, dont cinq membres sont inamovibles, disposant d’un siège permanent et d’un droit de véto sur les décisions prises par le Conseil.

  • Les relations diplomatiques et géostratégiques sont donc essentielles pour décider d’une opération de maintien de la paix ou de sanctions à l’égard d’un État qui ne respecterait pas les principes démocratiques énoncées dans la DUDH. La majorité requise lors d’un vote du Conseil de sécurité est en effet de neuf voix sur quinze.
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Définition

Conseil de sécurité de l’ONU :

Assemblée composée de 15 États membres, chargée d’exercer le pouvoir exécutif au sein de l’ONU. Le Conseil de sécurité est constitué de cinq membres permanents, considérés comme les États vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale (États-Unis, Russie, Royaume-Uni, France et Chine). Les dix autres membres sont élus à tour de rôle pour un mandat de deux ans.

D’autres structures existent pour sanctionner toute atteinte aux libertés fondamentales, telles que la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH, 1959) et la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH, 1979). Leur juridiction ne s’exerce toutefois que sur les États membres des organisations dont elles dépendent

  • La CEDH dépend du Conseil de l’Europe par exemple.

La période de l’après-guerre est marquée par l’opposition entre les deux Grands (États-Unis et URSS), entre démocratie et autoritarisme.

  • Les grands principes démocratiques prônés par la DUDH vont donc se heurter à l’idéologie soviétique, qui se diffuse en Corée du Nord (1948), en Chine (1949), à Cuba (1959) et surtout parmi les démocraties populaires et les États alignés sur le bloc de l’Est.
  • Parmi eux figurent certains États nouvellement indépendants comme la Guinée, l’Éthiopie ou l’Algérie.

L’instabilité politique sud-américaine

Les coups d’État militaires : une menace pour la démocratie

À partir des années 1810-1820, les colonies sud-américaines, majoritairement espagnoles et portugaises, acquièrent progressivement leur indépendance (l’Argentine et le Chili en 1810, le Pérou en 1821, le Brésil en 1822, etc.). Désormais libres de commercer avec les nations industrielles, ces nouveaux États se développent lentement tout au long du XIXe siècle, s’inspirant des idéaux démocratiques portés par les États-Unis (le Brésil adopte un régime présidentiel similaire par exemple).

  • Des régimes autoritaires côtoient des démocraties représentatives dans lesquelles le suffrage universel n’apparaîtra toutefois qu’au tournant du XXe siècle.

Cependant, les coups d’État récurrents, fomentés par l’armée, rendent la situation politique tendue en Amérique du Sud.

  • Ainsi, en 1945, l’armée chasse le dictateur brésilien Getulio Vargas (1882-1954) pour établir sa propre dictature. Il en est de même au Salvador en 1948.
  • Entre 1954 et 1989, le Paraguay supporte le régime autoritaire d’Alfredo Stroessner (1912-2006).
  • Les années 1960 sont particulièrement mouvementées pour l’Amérique du Sud, où des tentatives de putsch (coup d’État) sont menées par des guérillas inspirées du modèle communiste cubain, auxquelles succèdent des dictatures nationalistes organisées par l’armée (en Équateur en 1963, en Bolivie en 1964, au Pérou en 1968, etc.).
  • Durant les années 1950 à 1970, la politique argentine est, de son côté, marquée par Juan Domingo Perón, qui est renversé par un coup d’État militaire en 1955. Parallèlement, la puissance américaine s’affirme dans le sous-continent à partir des années 1920, puisqu’elle s’appuie sur les coups d’État militaires pour y contrer les influences soviétiques.
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À retenir

L’organisation des pays sud-américains est ainsi soumise à un jeu d’influence entre les États-Unis et l’URSS.

  • Ainsi, le Nicaragua devient une dictature anti-communiste, soutenue par les États-Unis à partir de 1936.
  • La dictature du général Pinochet au Chili (1973-1990) marque également cette ingérence américaine, qui soutient le putsch pour renverser le président communiste Salvador Allende.
  • Au cours des années 1990-2000 s’amorce une transition démocratique, notamment au Chili et en Argentine, où des poursuites judiciaires sont engagées à l’encontre des anciens responsables politiques et militaires ayant sévi au temps de la dictature.
  • Depuis les années 2000, les institutions démocratiques reprennent leurs droits, mais les tentatives de putsch sont encore nombreuses, notamment en Équateur et au Honduras.

Des situations économiques propices aux dérives autoritaires

Bien qu’indépendants depuis le début du XIXe siècle, les pays sud-américains n’ont pas bénéficié de la révolution industrielle de manière comparable avec les nations européennes. En effet, leur économie, issue du colonialisme, est principalement basée sur l’agriculture, et elle le reste jusque dans les années 1950. De plus, les régimes autoritaires qui se sont installés ont massivement emprunté et se sont retrouvés incapables de régler leur dette.
Toutefois, le Brésil, qui fait partie des BRICS, creuse l’écart avec le reste du sous-continent. Dans ce pays, un régime présidentiel, calqué sur le modèle américain, est mis en place en 1988 et le vote est rendu obligatoire.

  • Pour autant, la corruption demeure importante au sein du pouvoir exécutif, comme en témoigne la destitution, le 31 août 2016, de la présidente Dilma Rousseff.

De son côté, le Chili, sorti de la dictature de Pinochet en 1990, est dorénavant considéré comme un des plus prospères pays d’Amérique latine avec l’un des pouvoirs d’achat les plus élevés et des institutions démocratiquement stables : en 1990, un régime présidentiel y est instauré, et le chef de l’État est élu au suffrage universel.
L’Uruguay suit une dynamique comparable et a connu, sous la présidence socialiste de José Mujica (2010-2015), une baisse drastique du chômage et de la pauvreté. Ce pays s’appuie en effet, depuis 1997, sur des institutions démocratiques efficaces, reconnaissant pleinement le pluralisme politique, et pratiquant l’élection des représentants de la nation au scrutin proportionnel.
Depuis 2009, la constitution bolivienne reconnaît, quant à elle, un statut spécifique aux populations indigènes, très nombreuses en Amérique du Sud. Ce pays a fait de la lutte contre le racisme et de la promotion de l’égalité sociale des priorités. La Bolivie est également un des pays comprenant le plus de femmes parmi les représentants de la nation.

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À retenir

Les pays sud-américains sont aujourd’hui majoritairement des pays en développement, recevant une aide internationale importante. Pour autant, les différents succès démocratiques que connaissent ces pays ne doivent pas masquer une autre réalité : les inégalités se creusent, favorisant l’instabilité.

Les populismes s’appuient sur le mécontentement des classes populaires, à l’image du Venezuela, dirigé par le socialiste Hugo Chavez de 1999 à 2013.
Son successeur, Nicolas Maduro, démocratiquement élu au suffrage universel en mai 2018, est actuellement contesté par le président du Parlement, également représentant de la nation, qui s’est autoproclamé chef de l’État et a été reconnu comme tel par plusieurs États, dont les États-Unis.
Cette crise politique accroît l’instabilité économique du pays et le pouvoir d’achat des vénézuéliens a été divisé par seize en quelques semaines. Subissant encore un taux de pauvreté élevé (officiellement 22,5 %), l’économie est dépendante du pétrole, dont l’industrie a été nationalisée.
Ailleurs, des guérillas profitent de situations économiques difficiles pour contester la légitimité des représentants démocratiquement élus, comme en Colombie, et des guerres civiles viennent alimenter les tensions (Nicaragua, Guatemala, Salvador).

Conclusion :

Les difficultés que rencontrent les régimes démocratiques depuis l’entre-deux-guerres sont ainsi nombreuses. L’idéologie nazie s’installe en Allemagne sous le Troisième Reich et atteint son apogée lors de la Seconde Guerre mondiale. Des régimes totalitaires se mettent en place dans plusieurs États, et tous utilisent les mêmes leviers : la police politique, l’endoctrinement idéologique de la population et le culte de la personnalité du leader.

Pour contrer la montée en puissance des régimes autoritaires, plusieurs organisations internationales sont créées durant l’entre-deux-guerres. Ces institutions défendent les valeurs démocratiques. L’ONU et son Conseil de sécurité veillent notamment au respect des libertés fondamentales. Toutefois, cela n’éradique pas les tensions, comme en témoigne l’opposition entre les États-Unis et l’URSS : la démocratie d’une part, l’autoritarisme de l’autre.

Cette binarité se retrouve ailleurs, notamment en Amérique du Sud où se côtoient les régimes totalitaires et les démocraties représentatives. Les coups d’État sont récurrents, et les situations économiques sont propices aux crises politiques.