Les Contemplations

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Les Contemplations, Victor Hugo : une poésie de l’intime pour atteindre l’universel

Introduction :

« Qu’est-ce que Les Contemplations ? C’est ce qu’on pourrait appeler […] les Mémoires d’une âme », écrit Victor Hugo (1802-1885) dans la préface publiée en 1856. Ce recueil retrace en effet la vie du poète pendant un quart de siècle, de 1830 environ à 1855. Cette période est marquée par la mort prématurée de sa fille Léopoldine, en 1843. Ces années sont aussi, à partir de 1851, celles d’une autre épreuve : l’exil à Bruxelles puis à Jersey. Les Contemplations sont composées alors que Hugo est en exil à travers l’Europe pour s’être opposé au règne de Napoléon III.

L’intime en poésie est à définir comme ce qui se situe à un niveau très profond de la vie psychique individuelle, alors que l’universel se pense comme ce qui s’étend à l’univers entier et embrasse la totalité des êtres et des choses. Comment cette poésie centrée sur l’expression de sentiments intimes peut-elle atteindre une dimension universelle, comme le suggère Hugo lui-même en présentant son œuvre comme des « mémoires » ? Nous analyserons d’abord les liens entre poésie, écriture de soi et romantisme. Nous verrons ensuite comment le lecteur est amené à entrer dans l’intimité du poète. Enfin, nous montrerons comment se révèle la dimension universelle de cette poésie.

La poésie et l’écriture de soi

Lyrisme et poésie

Depuis la redécouverte du mythe d’Orphée, la poésie est associée au lyrisme.

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Astuce

Orphée est un héros de la mythologie grecque, musicien et poète. Les accents de sa lyre charment tous les êtres : des animaux sauvages aux dieux de l’Olympe et des Enfers.

Orphée mythe d’Orphée lyre orphisme lyrisme poéqie Orphée charmant les bêtes sauvages avec sa lyre, Franz von Stuck, 1891, musée de la villa Stuck, Munich ©Yelkrokoyade

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Définition

Lyrisme :

Le lyrisme est un registre littéraire caractérisé par l’écriture de soi et l’expression de sentiments personnels susceptibles d’émouvoir le lecteur.

Ce rapprochement entre lyrisme et poésie perdure au XVIe siècle chez des poètes comme Pierre de Ronsard ou Joachim du Bellay. Ce dernier, alors qu’il accompagne son oncle pour un long séjour de trois ans en Italie, écrit Les Regrets : recueil de poèmes sur l’exil et la souffrance qui en résulte.

« Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison,
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m’est une province, et beaucoup davantage ? »

« Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage », Les Regrets, Joachim du Bellay, XXXI, (1558)

du Bellay Parnasse Heureux qui comme Ulysse Portrait de Joachim du Bellay par Jean Cousin le Jeune

Puis, au XVIIe siècle, la poésie classique se détourne de l’écriture de soi au profit de l’imitation des Anciens, excluant les sujets personnels et recherchant l’ordre et la raison. Les poètes classiques s’inspirent des auteurs de l’Antiquité, redécouverts à la Renaissance.

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Exemple

Jean de La Fontaine prend pour modèles les fables de ses prédécesseurs latin et grec : Phèdre et Ésope.

Au XIXe siècle pourtant, la poésie romantique française réagit contre le classicisme, et renoue avec le lyrisme.

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À retenir

Elle met alors en avant une quête d’absolu, un désir d’idéal, l’affirmation d’un « moi » dont la solitude est mise en avant.

Ainsi, dans la préface des Méditations poétiques (1820), Lamartine affirme : « Je n’imitais plus personne, je m’exprimais moi-même pour moi-même. » Il se démarque ici du classicisme en refusant l’imitation des Anciens et en revendiquant un lyrisme très personnel, caractéristique du romantisme.

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Dans son recueil, Lamartine aborde des thèmes romantiques tels que l’amour brisé, la fuite du temps et l’angoisse de la mort ; il trouve du réconfort au contact de la nature.

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Définition

Romantisme :

Le romantisme est un mouvement littéraire qui naît d’abord en Allemagne et en Angleterre, avant de s’étendre à toute l’Europe au XIXe siècle ; il se caractérise par l’affirmation d’un « moi » en souffrance et en quête d’absolu.

romantisme hugo le voyageur au-dessus de la mer de nuages Le voyageur au-dessus de la mer de nuages, Caspar David Friedrich, vers 1817, huile sur toile, 98 × 74 cm, Kunsthalle, Hambourg

Autobiographie et mémoires

L’écriture de soi peut présenter des formes variées et des enjeux multiples. Nous essaierons de distinguer la démarche autobiographique de l’écriture de mémoires, afin de comprendre comment cette subtilité peut être reprise dans un projet poétique.

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Définition

Autobiographie :

Du grec « auto » (soi-même) et « graphein » (écrire), l’autobiographie consiste, pour un auteur, à faire le récit de sa propre vie.

Le terme n’apparaît qu’au XXe siècle mais plonge ses racines dans des écrits très anciens.

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Exemple

Les Confessions de Rousseau sont un exemple d’autobiographie : au cours du récit, ce précurseur du romantisme brosse son propre portrait et tente de justifier ses actes passés.

Les mémoires se distinguent de l’autobiographie par leur dimension historique : elles retracent, rétrospectivement, des événements sur une longue période dont l'auteur a été l'acteur ou le témoin.

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Exemple

Alt texte Portrait de Chateaubriand méditant sur les ruines de Rome, Anne-Louis Girodet de Roussy-Trioson, après 1808, huile sur toile, 130 × 96 cm, Musée d’histoire de la ville et du pays malouin, Saint-Malo

Chateaubriand (1768-1848), écrivain et homme politique issu de la noblesse bretonne, se fait le témoin de son époque (le XIXe siècle) dans les Mémoires d’outre-tombe. Cette œuvre posthume, selon le souhait de l’auteur, est considérée comme la plus emblématique de sa carrière. Chateaubriand y retrace, à la première personne, les cahots d’une époque troublée qui voit se succéder de nombreux régimes politiques différents.

C’est aussi ce mot, « mémoires », que Victor Hugo choisit pour désigner les Contemplations dans sa préface. La vie de l’homme de lettres, telle qu’elle est retracée dans ce recueil, est en effet marquée par des drames à la fois personnels (le deuil de sa fille) et historiques (son exil).

Victor Hugo, poète romantique

Au XIXe siècle, le romantisme instaure une nouvelle vision du monde qui exalte la nature et l’expression du « moi ».

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À retenir

Né après le siècle des Lumières et la Révolution française, ce mouvement littéraire réagit au rationalisme des philosophes : sans leur être opposés, il préfère la passion à la raison et l’individu à la société.

Hugo est le chef de file du romantisme, à travers son œuvre poétique, mais aussi théâtrale et romanesque. Il publie d’abord Cromwell, drame en vers accompagné d’une préface qui constitue un manifeste anticlassique. Suivra Hernani, en 1830, et sa préface dans laquelle Hugo revendique la prise de liberté du romantisme vis-à-vis des règles du classicisme : « Le romantisme n’est, à tout prendre, que le libéralisme en littérature. »

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Remarque :

Avec cette pièce éclate la bataille d’Hernani. À la première représentation, les spectateurs en arrivent aux mains pour défendre leurs conceptions de la rythmique du vers que le texte d’Hernani malmène et remet en question.

bataille Hernani Victor Hugo chef de file romantisme Grandville Bataille d’Hernani, Jean-Jacques Grandville, 1830, 250 mm × 180 mm, maison de Victor Hugo, Paris

Avec Notre-Dame de Paris, s’illustre le romantisme romanesque d’Hugo. Ses recueils Les Contemplations et La Légende des siècles témoignent du renforcement de cette esthétique dans la poésie.

Une immersion dans l’intimité du poète

Avec Les Contemplations, Victor Hugo rapporte certains souvenirs. Le poème « Veni, vidi, vixi » se distingue par sa dimension intimiste.

Veni, vidi, vixi

J'ai bien assez vécu, puisque dans mes douleurs
Je marche, sans trouver de bras qui me secourent,
Puisque je ris à peine aux enfants qui m'entourent,
Puisque je ne suis plus réjoui par les fleurs ;

Puisqu'au printemps, quand Dieu met la nature en fête,
J'assiste, esprit sans joie, à ce splendide amour ;
Puisque je suis à l'heure où l'homme fuit le jour,
Hélas ! et sent de tout la tristesse secrète ;

Puisque l'espoir serein dans mon âme est vaincu ;
Puisqu'en cette saison des parfums et des roses,
Ô ma fille ! j'aspire à l'ombre où tu reposes,
Puisque mon cœur est mort, j'ai bien assez vécu.

Je n'ai pas refusé ma tâche sur la terre.
Mon sillon ? Le voilà. Ma gerbe ? La voici.
J'ai vécu souriant, toujours plus adouci,
Debout, mais incliné du côté du mystère.

J'ai fait ce que j'ai pu ; j'ai servi, j'ai veillé,
Et j'ai vu bien souvent qu'on riait de ma peine.
Je me suis étonné d'être un objet de haine,
Ayant beaucoup souffert et beaucoup travaillé.

Dans ce bagne terrestre où ne s'ouvre aucune aile,
Sans me plaindre, saignant, et tombant sur les mains,
Morne, épuisé, raillé par les forçats humains,
J'ai porté mon chaînon de la chaîne éternelle.

Maintenant, mon regard ne s'ouvre qu'à demi ;
Je ne me tourne plus même quand on me nomme ;
Je suis plein de stupeur et d'ennui, comme un homme
Qui se lève avant l'aube et qui n'a pas dormi.

Je ne daigne plus même, en ma sombre paresse,
Répondre à l'envieux dont la bouche me nuit.
Ô Seigneur, ! ouvrez-moi les portes de la nuit,
Afin que je m'en aille et que je disparaisse !

« Veni, vidi, vixi », Victor Hugo, Les Contemplations, 1855

Un poème autobiographique

Victor Hugo Nadar Portrait photographique de Victor Hugo, Nadar, vers 1884

Le poème « Veni, vidi, vixi » est autobiographique : l’emploi de la première personne du singulier domine dans le texte : du pronom personnel « je », dans la majorité des vers, au déterminant possessif dans toutes ses formes (« mes », v. 1 ; « mon », v. 9, 12, 14, 24, 25 ; « ma », v. 11, 13, 18, 29). On y trouve mentionné un élément connu de la vie de Victor Hugo, source d’inspiration récurrente : la mort de Léopoldine : « Ô ma fille ! j’aspire à l’ombre où tu reposes », v. 11.

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Le livre IV du recueil, intitulé Paucae meae, est consacré tout entier à la mémoire de Léopoldine ; son titre en latin est inspiré d’un passage de Virgile. Paucae meae peut signifier « quelques mots pour ma fille » ou bien « le peu qu’il reste de ma fille ».

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À retenir

« Veni, vidi, vixi » se présente comme une sorte d’épilogue.

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Définition

Épilogue :

L’épilogue est la conclusion d’un discours ou d’un poème ; il se veut récapitulatif des points abordés. Il constitue en cela le moment du dénouement.

Le titre reprend la célèbre formule de Jules César (« veni, vidi, vici », « je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu »). Mais le dernier élément, « vici » (« j’ai vaincu »), est ici remplacé par « vixi » (« j’ai vécu ») dont on retrouve de nombreux échos dans le poème : « j’ai bien assez vécu » (v. 1 et 12), « j’ai vécu » (v. 15), « j’ai vu » (v. 18).

Le poème se veut une présentation des états d’âme du poète au présent, comme l’indiquent l’adverbe de temps « maintenant » (v. 25) et de nombreux verbes employés au présent de l’indicatif : « je marche » (v. 2), « je ris », etc.

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Cette double évocation du présent et du passé est un écho à la structure du recueil. Celui-ci est en effet composé de deux parties, « Autrefois » et « Aujourd’hui », séparées par l’événement-clé que constitue la mort de Léopoldine.

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À retenir

Parallèlement à l’évocation de son passé, Victor Hugo dépeint sa vie au moment de l’écriture du poème. Le titre du recueil, Les Contemplations, suggère que l’auteur est un observateur de sa propre existence.

Un poème lyrique

Victor Hugo ne raconte pas seulement les faits et événements qui ont marqué sa vie, il fait également part de ses sentiments les plus profonds et les plus intimes. C’est pourquoi on peut qualifier ce poème de lyrique.

Sa vie est marquée par la souffrance et la tristesse. De nombreux termes appartenant à ce champ lexical parcourent le texte : « mes douleurs » (v. 1), « sans joie » (v. 6), « tristesse » (v. 8), « ma peine » (v. 18), « ayant beaucoup souffert » (v. 20), « morne » (v. 23). Au vers 8, la mélancolie est particulièrement mise en valeur par l’allitération en [t] et en [s] qui souligne son intensité : « Hélas ! et sent de tout la tristesse secrète ».

  • L’allitération répercute ainsi le mot « tristesse », comme en écho, dans tout le vers.

Le poète évoque une autre cause de lassitude, le rejet qu’il dit avoir subi de la part des autres hommes : « on riait de ma peine » (v. 18), « je me suis étonné d’être un objet de haine » (v. 19), « raillé par les forçats humains » (v. 23) et « l’envieux dont la bouche me nuit » (v. 30).

  • Hugo fait ici allusion aux batailles littéraires et politiques qu’il a menées, et dont certaines sont la cause de son exil.

Par ailleurs, la répétition de la négation « ne… plus », tout au long du poème fait part de la lassitude et la résignation du poète : « je ne suis plus réjoui » (v. 4), « je ne me tourne plus » (v. 26), « je ne daigne plus même » (v. 29). Cette passivité s’exprime à nouveau à travers les termes « plein de stupeur et d’ennui » (v. 27) et « ma sombre paresse » (v. 29) ; mais aussi au moyen d’une antithèse, liant l’âme désincarnée et la nature en fête, vers 3 à 10 : « J'assiste, esprit sans joie, à ce splendide amour » (v. 6).

Enfin, le désespoir est clairement formulé dans le vers 9, « l’espoir serein dans mon âme est vaincu ». Le dernier mot fait écho au verbe « vici » employé par César à la suite de « veni, vidi », mais il est employé ici à la voix passive, évoquant alors le contraire d’une victoire.
De plus, « vaincu » vient à la rime avec « j’ai bien assez vécu » (v. 12), formant une paronomase.

  • L’espoir vaincu est ainsi présenté comme l’équivalent de la mort.

Une ode à la mort

Le désir de mourir est d’abord exprimé de manière imagée : « j’aspire à l’ombre où tu reposes » (v. 11), « tu » désignant Léopoldine ; puis, au vers suivant, plus directement avec le mot « mort » (v. 12).

Léopoldine Hugo Portrait de Léopoldine Hugo dit « Léopoldine au livre d’heures », Auguste de Châtillon, vers 1835, peinture à l’huile, 73 × 60 cm, maison de Victor Hugo, Paris

En outre, dans les trois premières strophes, on remarque l’anaphore du connecteur logique « puisque ». Ce mot apparaît huit fois, entre deux occurrences de l’expression « j’ai bien assez vécu » : le poète énumère tout ce qui lui semble des arguments démontrant l’évidence du désespoir. D’après lui, une seule issue existe : la mort. Et il la souhaite au point d’en supplier Dieu dans l’invocation finale :

« Ô Seigneur ! ouvrez-moi les portes de la nuit,
Afin que je m'en aille et que je disparaisse ! »

(v. 31-32)

Le poème se fait l’épilogue d’une vie de souffrance, sa longueur et sa langueur figure le temps qui passe et mène peu à peu le poète à la mort.

À cette démonstration de mélancolie et de souffrance intime, s’oppose un discours sur l’universalité de la condition humaine.

Une dimension universelle

La fuite du temps

La fuite du temps est au centre du poème « Veni, vidi, vixi » : Hugo y évoque, avec la répétition de la négation « ne… plus » notamment, un temps révolu, celui où le désir de vivre restait possible, celui où sa fille était encore en vie.

Ce thème universel est particulièrement présent dans la poésie du XIXe siècle. En témoignent les extraits suivants, écrits par des auteurs contemporains de Victor Hugo :

« Le temps emporte sur son aile
Et le printemps et l'hirondelle,
Et la vie et les jours perdus. »

« Tantôt sonnera l'heure où le divin Hasard,
[…]
Où tout te dira : Meurs, vieux lâche ! il est trop tard ! »

« Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure »

« Chanson d’automne », Poèmes saturniens, Paul Verlaine

La fuite du temps éveille la nostalgie du poète et révèle son angoisse de la mort, qui est aussi celle de tout un chacun.

Un héros universel

Le « je » est omniprésent chez les romantiques, ce qui semble dans un premier temps restreindre la portée de leur poésie à la situation individuelle de l’auteur.

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À retenir

Tout l’enjeu est d’accorder la dimension intime de l’être à la communauté de destin des humains.

Victor Hugo revendique la dimension universelle de sa poésie, dans la Préface des Contemplations :

« Hélas ! quand je vous parle de moi, je vous parle de vous. Comment ne le sentez-vous pas ? Ah ! insensé, qui crois que je ne suis pas toi ! »

C’est d’ailleurs une caractéristique du registre lyrique : le « je » qui prédomine se veut universel, au service de l’expression de sentiments que tout homme est amené à éprouver au cours de sa vie.

Finement, dans « Veni, vidi, vixi », Victor Hugo substitue à la figure du poète celle du héros. Il utilise pour cela le registre épique. On le décèle à plusieurs reprises dans le poème : avec le double emploi de l’adverbe d’intensité « beaucoup » (v. 20) par exemple ; mais aussi grâce aux énumérations « j’ai fait ce que j’ai pu ; j’ai servi, j’ai veillé » (v. 17), « morne, épuisé, raillé » (v. 23) qui amplifient la valeur et le courage du héros. Les antithèses « on riait de ma peine » (v. 18) et « sans me plaindre, saignant » (v. 22) contribuent elle aussi à l’irruption de l’épique dans le lyrique.

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À retenir

Le poète se présente comme un guerrier vaincu par les difficultés de la vie, un héros digne de l’admiration de tous.

Cette représentation du héros s’inscrit dans le mouvement du romantisme dont, comme nous l’avons vu, Victor Hugo est un des plus fameux représentants.

Une destinée humaine universelle

En partant de son expérience personnelle, le poète s’inscrit plus largement dans l’humanité et exprime sa conception de la destinée humaine. En effet, la sixième strophe de « Veni, vidi, Vixi » propose une métaphore filée assimilant la vie à un « bagne » (v. 21) et les hommes à des « forçats » (v. 23), dont lui-même fait partie : « J’ai porté mon chaînon de la chaîne éternelle. » (v. 24)

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À retenir

Sa souffrance est à l’image de celle de tous les hommes. En tant que poète, sa mission est de l’exprimer au nom de tous, ce qui rappelle la définition donnée par Friedrich Schlegel dès la fin du XVIIIe siècle : « La poésie romantique est une poésie universelle progressive. »

Notons aussi l’emploi du mot « mystère », dans la phrase « j’ai vécu […] incliné du côté du mystère. » (v. 16) Il entre en résonnance avec le mot « énigme » employé par l’auteur dans la préface du recueil, à propos de ses Contemplations : « C’est l’existence humaine sortant de l’énigme du berceau et aboutissant à l’énigme du cercueil. »

  • Victor Hugo revendique cette représentation de la destinée humaine à travers sa poésie.

Conclusion :

« Veni, vidi, vixi » est un poème d’inspiration autobiographique mêlant les registres lyrique et épique. Hugo parvient, à partir de son expérience individuelle et de sentiments intimes, à y révéler l’universalité de la destinée humaine. Avec sa sensibilité romantique, il entre en communion avec l’humanité dont il partage et exprime la souffrance. Il remplit une certaine mission du poète de cette époque : celui du poète prophète.
Comme il l’écrit dans la préface des Rayons et les Ombres, sa poésie propose « cette peinture profonde du Moi qui est peut-être l’œuvre la plus large, la plus généreuse, la plus universelle qu’un penseur puisse faire ».