Exercices Le monde urbain
Prépare-toi à progresser en Histoire avec ces exercices niveau Seconde : "Le monde urbain". Conçu pour renforcer les notions clés vues en cours, cet entraînement te permet de t’exercer à ton rythme. Idéal pour réviser efficacement et gagner en confiance. À toi de jouer !
Entrainement
Évaluation
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Introduction du dossier :
Dans la France des Lumières, alors en pleine croissance démographique, plus de 20 % des français vivent dans les grands centres urbains où les inégalités sociales sont très marquées, à l'image de Paris, centre du pouvoir économique, juridique et religieux du pays. Bien que, depuis 1682, Versailles soit la nouvelle capitale de la France, la ville de Paris est certainement le lieu où la fragmentation socio-économique de la population française s’exprime le plus fortement. Dans une société d’ordres, où aristocrates – issus de la noblesse de robe ou d’épée –, et hauts dignitaires de l’Église mènent un train de vie des plus fastueux, les populations les plus pauvres affrontent des conditions de vie de plus en plus difficiles. Dans une ville où les écarts sociaux se creusent de manière importante au fil du siècle, les inégalités socio-spatiales, économiques et culturelles engendrent tensions et crispations.Noblesse d’épée :
Ce terme désigne les nobles qui occupent des fonctions militaires.
Noblesse de robe :
Il s’agit des parlementaires et des nobles exerçant une charge de justice.
Hauts dignitaires de l’Église :
Il s’agit essentiellement des cardinaux, archevêques (etc.) dans l’Église catholique.Document 1 : Le train de vie raffiné de l’aristocratie
La Famille du duc de Penthièvre en 1768 ou La Tasse de Chocolat, Jean-Baptiste Charpentier Le Vieux, 1768, huile sur toile, musée du Château de Versailles
Le peintre a représenté ici une famille issue de l'aristocratie confortablement installée dans un luxueux salon. Il s'agit de la famille du duc de Penthièvre, réunie dans ce portrait de groupe pour déguster une tasse de chocolat, une boisson très luxueuse et très populaire à la cour de Versailles depuis le XVIIe siècle.
Document 2 : Gens du peuple au XVIIIe siècle : travailler pour vivre
La Blanchisseuse, Jean-Baptiste Siméon Chardin, vers 1735, huile sur toile, musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg
Au XVIIIe siècle, Paris foisonne d’hommes et de femmes exerçant de petits métiers pour subsister. Ils sont artisans, boutiquiers, porteurs d’eau, poissonniers ou poissonnières, ramoneurs ou vitriers. Les femmes du peuple travaillent aussi durement que les hommes. C'est notamment le cas pour cette jeune blanchisseuse, personnage principal de la toile de Chardin.
Document 3 : Inégalités sociales et injustices de la société d'Ancien Régime
Caricature des trois ordres : un paysan, un noble et un membre du clergé, caricature anonyme, 1789
Cette caricature représente un vieux paysan portant sur son dos un représentant du clergé (premier ordre) et de la noblesse (second ordre). Dans ses poches se trouvent des billets mentionnant les principaux impôts auquel le peuple est assujetti. Sous l'image, on peut lire la phrase suivante : « A faut espérer qu'eu se jeu la finira bentot » [il faut espérer que ce jeu là finira bientôt].
Document 4 : Les errants et mendiants dans la ville
Alors qu’ils correspondent au monde des « non-domiciliés » en proie au chômage et qu’ils subsistent dans une grande misère, les errants et mendiants, dont le nombre augmente de manière importante tout au long du siècle, trouvent refuge dans les faubourgs de la capitale les plus pauvres. Ces derniers sont ainsi relégués dans des zones excentrées de la ville, telles que les quartiers Saint-Denis, Saint-Martin ou Saint-Jacques, tandis que les Parisiens et Parisiennes aisés se concentrent dans les quartiers situés autour de la Seine, comme le Louvre, l’île Saint-Louis, Saint-Honoré, le Marais ou Saint-André des Arts.
Septembre 1770 : compte rendu de routine de la garde du Marché-Neuf
« 2 septembre 1770. Jean Communier, 59 ans, […], logé rue de la Tannerie depuis deux jours. Il lui a été trouvé des morceaux de pain dans la poche et 4 liards1.
[…] 3 septembre 1770. Onze heures du matin. Jacques Mézières, 10 ans ½, natif de Paris, demeurant rue Sainte-Marguerite, faubourg Saint-Germain, chez le fayencier [faïencier], arrêté rue Neuve-Notre-Dame, trouvé demandant l’aumône depuis huit jours par ordre de sa mère pour avoir du pain.
3 septembre 1770. Sept heures du soir. Gilles Fouchet, 15 ans, natif d’Ivetot en Normandie, à Paris depuis trois jours couchant au Lion d’Or dans une rue dont il ignore le nom. […] dans sa poche il s’est trouvé 32 liards. Envoyé à la prison du Petit-Châtelet.
[…] 7 septembre 1770. Onze heures du matin. Pierre Picard, natif de Normandie, 12 ans, décrotteur2 rue de Clichy, couchant dans l’écurie de la basse-cour de Monsieur le baron d’Igny, intendant des postes. S’est trouvé 12 liards dans ses poches et du pain.
[…] 9 septembre 1770. Cir Meuraton, 55 ans, natif de Rives en Auvergne, logé rue de Montreuil ; faubourg Saint Antoine, chez le nommé de Gouve, demandant l’aumône depuis hier pour acheter des souliers, estropié de la main droite. Il s’est trouvé 59 liards dans ses poches et des morceaux de pain ».
Extrait des Archives nationales cité dans Pierre Goubert, Daniel Roche, Les Français et l’Ancien Régime, vol. 2, Culture et société, Paris, Armand Colin, 2000, p. 303
1. Le liard est une pièce de monnaie courante au XVIIIe siècle. Sa valeur est très faible.
2. Les Parisiens faisaient régulièrement appels à des décrotteurs, chargés de nettoyer leurs chaussures. Ces derniers ne nettoyaient pas spécifiquement les excréments – des chevaux notamment –, mais aussi la boue incrustée dans les semelles des bottes et des chaussures.Document 5 : Tensions culturelles et sociales : Paris au XVIIIe siècle, entre riches et pauvres
Les embarras de Paris sur le pont Neuf, Nicolas Guérard, 1715, Gravure, Musée Carnavalet, Paris
Cette gravure représente le pont Neuf, encombré par la circulation dense des calèches, des chevaux, des bovins et des moutons. L’œuvre brosse ici un portrait de la population parisienne dans lequel la foule du petit peuple besogneux se mêle aux aristocrates. Si mendiants et travailleurs vivent dans une grande pauvreté et restent en marge de la culture des loisirs des plus riches, une nouvelle classe émerge : la bourgeoisie marchande, fruit du développement économique et commercial des grandes villes de France.
On peut lire, en dessous de l'image, le texte suivant (en ancien français) :
« Pour marcher dans paris ayés [ayez] les yeux alertes ;
Tenez de tous côtez [côtés] vos oreilles ouvertes,
Pour n’être pas heurté culbutté [culbuté] ou blessé
Car si vous n’écoutez parmy [parmi] le tintamarre
Garre garre la bas garre rengez [rangez] vous garre,
Ou du haut ou du bas vous serez écrasé ».Document 6 : Les boutiques de luxe du Pont Notre-Dame
La joute des mariniers, entre le pont Notre-Dame et le pont au Change, Nicolas Jean-Baptiste Raguenet, 1756, huile sur toile, Musée Carnavalet, Paris
Sur le pont Notre-Dame, ses boutiques de luxe et ses habitations, écoutez tout d'abord ce podcast (durée : 2 min) : Gens de la Seine, les habitants du pont Notre-Dame
Au XVIIIe siècle, plusieurs ponts parisiens détiennent des boutiques ou des habitations. C’était notamment le cas du Pont Notre-Dame avec ses luxueuses boutiques d’orfèvres, de peintres, de joailliers ou de marchands de tableaux, d’objets précieux et de curiosités. Edme-François Gersaint était certainement le plus célèbre d’entre-eux, lui dont la boutique avait une enseigne peinte par Jean-Antoine Watteau lui-même. Il était aussi possible de loger sur le Pont Notre-Dame. Les plus riches vivaient dans les étages inférieurs, tandis que les artisans étaient logés aux étages supérieurs.
QUESTION
Quel contraste observez-vous entre les classes les plus aisés de la société d’Ancien Régime et les populations les plus modestes ? (docs. 1, 2, 3)