Corrigé Brevet Sujet brevet corrigé centres étrangers groupe 1 - Français 2025 - Grammaire, compréhension et dictée
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Épreuve de Français – Grammaire et compétences linguistiques |
| I. Compréhension et compétences d’interprétation (32 points) |
- Choisissez le résumé correspondant à cet extrait. Justifiez votre choix en vous appuyant sur deux citations que vous expliquerez. (5 points)
a. Elmire discute avec Tartuffe et se laisse séduire par lui. Elle espère qu’Orgon ne s’en rende pas compte.
b. Elmire fait parler Tartuffe tout en repoussant ses avances pour que son mari Orgon le chasse de chez lui.
c. Elmire tente de faire comprendre avec pudeur à Tartuffe qu’elle l’aime. Ainsi Orgon comprendra qu’elle ne l’aime plus.
Lorsque vous prenez connaissance de la question, surlignez les mots clés de la consigne qui vous permettent de structurer votre réponse et de ne rien oublier.
- Ici, « choisissez » vous invite à recopier la bonne proposition ;
- « Justifiez » vous demande d’expliquer, de reformuler la raison pour laquelle vous avez opté pour la réponse b ;
- « En vous appuyant sur deux citations » vous impose de prélever dans le texte deux passages qui prouveront que ce que vous avez formulé est pertinent.
La proposition correcte est la réponse b : Elmire fait parler Tartuffe tout en repoussant ses avances pour que son mari Orgon le chasse de chez lui. En effet, Elmire cherche à démasquer Tartuffe en le forçant à se dévoiler alors que son mari est sous la table et entend la conversation. On le voit par exemple dans sa première réplique lorsqu’elle interroge Tartuffe afin de lui faire confirmer, par sa réponse, qu’il veut la séduire : « Quoi ! de votre poursuite on ne peut se parer / Et vous ne donnez pas le temps de respirer ? ». Plus loin dans la réplique, elle insiste encore : « Et d’abuser ainsi, par vos efforts pressants/ Du faible que pour vous vous voyez qu’ont les gens ? »
- Expliquez quels sont les deux aspects de la situation qui choquent Elmire dans ses deux premières répliques (vers 1 à 10, vers 13 à 14). Vous vous appuierez sur deux citations. (4 points)
Comment répondre correctement à une question ? Retenez le sigle REP :
- R pour : reprendre les termes de la question.
On doit pouvoir comprendre la question d’origine juste en lisant votre réponse. La phrase doit être bien construite et avoir du sens. Elle ne doit jamais commencer par un pronom personnel, par « car » ou « parce que ». - E pour : expliquer avec ses propres mots.
Reformulez le texte avec vos propres mots pour montrer que vous avez compris. Il ne faut pas répéter les mots du texte : utilisez des synonymes. Si la question demande simplement de « citer » ou de « relever », il est inutile d’expliquer. - P pour : prouver en citant le texte.
Choisissez la ou les citations qui permettent d’illustrer votre explication. La citation doit être courte et efficace. Pour raccourcir une citation trop longue, on utilise ce signe : […]. N’oubliez pas les guillemets et le numéro de la ligne ou du vers.
Pour introduire une citation, on peut utiliser des formules simples telles que : « on le voit à la ligne 8 : »” ; « la citation à la ligne 8 le montre : » ; « à la ligne 8, on peut lire : ».
Les deux aspects de la situation qui choquent Elmire sont l’insistance du personnage et son hypocrisie. D’abord Tartuffe la presse de céder à ses avances : on le voit dans la première réplique d’Elmire, lorsqu’elle emploie le terme « tyran » au vers 1 : « Mon Dieu ! que votre amour en vrai tyran agit » (vers 1). La violence du personnage de Tartuffe est perceptible dans le discours d’Elmire : la répétition de cette idée de violence est marquée dans les vers 5 et 6 : « Quoi ! de votre poursuite on ne peut se parer, / Et vous ne donnez pas le temps de respirer ? » (vers 5 et 6). De plus, la situation est étonnante et choque Elmire puisque Tartuffe est censé être un homme d’église qui prône la dévotion : ainsi les phrases exclamatives qu’Elmire emploie dans les quatre premiers vers de la première réplique montre sa stupéfaction face à l’attitude du dévot, qui s’oppose en tous points à la morale chrétienne : « Mais comment consentir à ce que vous voulez, / Sans offenser le ciel dont toujours vous parlez ? » (vers 13 et 14).
- Dans les vers 19 à 30 :
a. Quels sont les deux arguments qu’utilise Tartuffe pour convaincre Elmire de surmonter ses « craintes ridicules » (vers 19) ? (2 points)
b. Identifiez et expliquez un procédé qui met en valeur ces arguments. Vous pourrez vous appuyer sur les rimes ou sur les modes verbaux ou sur le sens des verbes présents dans les vers 19 à 30. (2 points)
Question a : la meilleure option ici est de reformuler les arguments, c’est-à-dire de résumer avec des mots simples les deux raisons à l’aide desquelles Tartuffe tente de convaincre Elmire. Vous pouvez choisir un vers pour appuyer votre réponse mais ce n’est pas obligatoire si vous avez correctement reformulé les deux arguments du personnage.
- Pensez bien à reprendre les termes de la question pour construire des phrases complètes.
Question b : les suggestions dans la consigne sont à prendre au pied de la lettre (« vous pourrez vous appuyer… »). Elles correspondent à un guidage précis que vous devez absolument suivre pour répondre à la question. Ici, 3 suggestions sont proposées (mots à la rime, mode verbal, examen du sens des verbes) mais vous pouvez n’en sélectionner qu’une seule.
- Pensez à structurer votre réponse à l’aide de connecteurs logiques : d’abord… (procédé 1) ; de plus, en outre… (procédé 2) ; enfin… (procédé 3).
a. Le premier argument qu’utilise Tartuffe pour convaincre Elmire de surmonter ses « craintes ridicules » apparaît dans les lignes 19 à 26 : il essaie de convaincre Elmire qu’il est possible de s’arranger avec la morale (« le ciel défend, de vrai, certains contentements / Mais on trouve avec lui des accommodements »). Le second argument est formulé des vers 27 à 30 : dans ce passage, Tartuffe assume la responsabilité de ses actes devant Dieu et lui suggère de se reposer sur lui (« Je vous réponds de tout, et prends le mal sur moi »).
b. Les procédés qui mettent en valeur ces arguments sont d’abord les mots à la rime : « scrupules » au vers 20 rime avec « ridicules » au vers 19, ce qui suggère à Elmire que ses réticences (« scrupules ») sont sans fondement (« ridicules »). On peut relever également les verbes d’action « dissiper », « lever » et « rectifier » qui témoignent du fait que Tartuffe s’arrange (trop) facilement avec les valeurs chrétiennes. Enfin, on peut remarquer l’emploi du mode impératif à la fin de la réplique (« contentez ») à valeur d’ordre et à valeur de défense (« n’ayez point d’effroi »). Ce mode verbal exprime ici la volonté de Tartuffe d’inciter Elmire à passer à l’acte.
- « Oui, je suis au supplice » (vers 33).
a. Expliquez comment chacun des deux personnages comprend le mot « supplice ». (4 points)
b. Quel autre jeu de mots est utilisé dans les vers 35 et 36 ? Expliquez-le. (2 points)
a. Le mot « supplice » au vers 31 est le support d’un quiproquo, source de comique. Pour Elmire, il s’agit de son désespoir face au silence de son mari, caché sous la table (au vers 31, la didascalie « Elmire tousse plus fort » est en fait un signal envoyé à son mari pour qu’il intervienne). Tartuffe, de son côté, comprend le mot « supplice » comme une référence au « rhume » d’Elmire : « Vous toussez fort, Madame ».
b. Le jeu de mot utilisé dans les vers 35 et 36 repose sur l’emploi des mots « rhume » et « jus ». Le « rhume », qualifié d’« obstiné », renvoie à Tartuffe et à son empressement amoureux. Le mot « jus » fait référence à Orgon qui n’intervient pas face au « supplice » de sa femme.
- Que peut ressentir Orgon, caché sous la table, en écoutant cette conversation ? Vous nommerez deux sentiments. Vous justifierez votre réponse à partir d’indications du texte. (6 points)
Le spectateur peut imaginer qu’Orgon, caché sous la table, est en proie à plusieurs sentiments : d’abord, la jalousie face à un homme qui tente, sous ses yeux, de séduire sa femme (on lit dans le paratexte : « Tartuffe tente de séduire Elmire, la femme d’Orgon »). Ce sentiment peut se doubler de déception d’avoir été trahi par celui qu’il a accueilli sous son toit. Mais c’est surtout la stupéfaction qui domine, dans la mesure où Tartuffe est un homme d’église qui prône la dévotion religieuse et représente la morale chrétienne (on le déduit à partir de la citation suivante, aux vers 13 et 14 : « Mais comment consentir à ce que vous voulez, / Sans offenser le Ciel, dont toujours vous parlez ? »). Il va donc à l’encontre de tous les principes qu’il affiche. La non-intervention d’Orgon, figé sous la table, peut être interprétée comme de la sidération devant l’hypocrisie et l’audace de Tartuffe, due à un mélange d’étonnement et de colère.
- Image
a. Pourquoi, selon vous, le metteur en scène a-t-il choisi de ne pas mettre de nappe sur la table ? Vous formulerez deux hypothèses. (2 points)
b. Selon vous, à quel moment de la scène que vous avez analysée, Orgon lance-t-il un tel regard sur Tartuffe et Elmire ? Appuyez-vous sur le texte, l’expression du visage et la posture de l’acteur. Justifiez précisément votre réponse. (5 points)
Dans la formulation de la question, « selon vous » et « justifiez précisément » vous demandent de donner votre avis. Vous devez vous appuyer sur le texte et sur votre compréhension des enjeux de l’extrait. Pensez à exploiter les réponses aux questions précédentes sans vous répéter. Observez le barème : si la question vaut 5 points, c’est qu’il faut forcément développer sa réponse. Sélectionnez la citation précise qui correspond au moment que vous aurez choisi et dites pourquoi vous avez choisi ce moment (cette citation) et pas un autre.
a. On peut formuler plusieurs hypothèses pour expliquer le choix du metteur en scène de ne pas mettre de nappe sur la table : si l’on se place du côté du spectateur, le fait que le personnage d’Orgon soit bien visible lui permet de voir le stratagème d’Elmire pour démasquer Tartuffe ; ainsi, le spectateur voit les expressions du visage d’Orgon qui lui-même voit les manœuvres de Tartuffe se dérouler sous ses yeux. Enfin, ce dispositif scénique met en scène de manière explicite une convention théâtrale : la double énonciation. En effet, le spectateur voit ce que les personnages, parfois, ne voient pas : ici Tartuffe ignore que Orgon le voit mais les spectateurs, eux, assistent à la scène et sont ainsi complices du dramaturge. Les apartés ou les répliques à double sens (« Oui, je suis au supplice », prononcé par Elmire au vers 33) sont donc compris différemment par les spectateurs et par les personnages.
b. Le regard qu’Orgon lance sur Tartuffe et Elmire exprime la stupéfaction. L’expression du visage et la posture le montrent bien : son regard exprime un vif étonnement, il a les sourcils levés, les mâchoires crispées, il semble incapable de bouger. Il est comme pétrifié par ce qu’il entend et ce qu’il voit. On pourrait imaginer que cette photo a été prise au moment où l’aveu amoureux de Tartuffe se fait particulièrement explicite : « Mais, si d’un œil bénin, vous voyez mes hommages, / Pourquoi m’en refuser d’assurer témoignages ? » (vers 11 et 12). On peut aussi imaginer qu’elle a été prise lors du passage du vers 16, lorsque Tartuffe tente de persuader Elmire en lui répondant que « cela ne doit pas retenir » son « cœur ». Un autre passage pourrait être cité : celui au cours duquel le masque de faux dévot de Tartuffe tombe (« Je vous réponds de tout, et prends le mal sur moi. », vers 30). Orgon comprend à ce moment-là que la morale chrétienne que Tartuffe est censé incarner est un prétexte et que le personnage est en fait un hypocrite et un menteur.
| II. Grammaire et compétences linguistiques (18 points) |
- « Mais on trouve avec lui des accommodements. » (vers 22)
a. Donnez la fonction de « des accommodements ». (1 point)
b. Pour prouver votre réponse, nommez et réalisez deux manipulations. (2 points)
a. Le GN « des accommodements » est COD du verbe « trouve ».
b. Les deux manipulations possibles sont :
- la pronominalisation : Mais on en trouve avec lui ;
- la suppression, qui est impossible : Mais on trouve avec lui est une phrase incorrecte.
- « Contentez mon désir » (vers 29)
a. Donnez le mode et le temps du verbe. (1 point)
b. Indiquez la valeur d’emploi du mode. (1 point)
a. « Contentez » est au mode impératif et au présent (temps).
b. L’impératif présent a dans cette occurrence une valeur d’ordre.
- « effroi » (vers 29)
a. Donnez un verbe et un adjectif de la même famille. (1 point)
b. Donnez un synonyme et un antonyme. (2 points)
Attention, lorsque des synonymes ou des antonymes sont demandés, il faut impérativement respecter la classe grammaticale du mot de départ. Ainsi, si l’on demande l’antonyme ou le synonyme d’un verbe, il faut donner un verbe. Si, par exemple, vous donnez ici la réponse « calmer » ou « tranquille », votre réponse sera comptée comme incorrecte.
a. « Effroyable » est un adjectif de la même famille que « effroi ». « Effrayer » est un verbe de la même famille que « effroi ».
b. « Peur » est un synonyme de « effroi ». « Tranquillité » ou « sérénité » sont des antonymes de « effroi ».
- Réécrivez le passage suivant en remplaçant « votre amour » (vers 1) par « vos amours ». Faites toutes les modifications nécessaires. (10 points)
« Mon Dieu ! que votre amour en vrai tyran agit !
Et qu’en un trouble étrange il me jette l’esprit !
Que sur les cœurs il prend un furieux empire !
Et qu’avec violence il veut ce qu’il désire ! »
Sur le texte de départ, surlignez tous les pronoms (« il ») qui renvoient à « votre amour » (singulier) en réfléchissant au sens des vers. Vous ne ferez ainsi aucun oubli lorsque vous procéderez à la réécriture. Ici, le piège était de bien identifier le dernier « il » : le GN « vos amours » est le sujet de « veulent » mais aussi de « désirent ».
« Mon Dieu ! que vos amours en vrais tyrans agissent !
Et qu’en un trouble étrange ils me jettent l’esprit !
Que sur les cœurs ils prennent un furieux empire !
Et qu’avec violence ils veulent ce qu’ils désirent !
Épreuve de Français – Dictée |
| Dictée (10 points) |
Le devoir de la comédie étant de corriger les hommes en les divertissant, j’ai cru que, dans l’emploi où je me trouve, je n’avais rien de mieux à faire que d’attaquer par des peintures ridicules les vices de mon siècle. Comme l’hypocrisie, sans doute, en est un des plus en usage, des plus incommodes et des plus dangereux, j’avais eu, Sire, la pensée que je ne rendrais pas un petit service à tous les honnêtes gens de votre royaume, si je faisais une comédie qui décrie les hypocrites, et mette en vue, comme il faut, toutes les grimaces étudiées de ces gens de bien à outrance, toutes les friponneries.
D’après Molière, Premier placet au roi, sur la comédie du Tartuffe.
La dictée ne présente pas de difficultés majeures. Voici les erreurs les plus courantes à éviter :
Le devoir de la comédie étant de corriger les hommes en les divertissant,
- L’infinitif est requis pour « corriger » : pour éviter de confondre avec le participe passé, remplacez « corriger » par un verbe du 3e groupe comme « prendre » ou « vendre ».
j’ai cru que, dans l’emploi où je me trouve,
- « J’ai cru » est le passé composé du verbe « croire » $\rightarrow$ on accorde jamais le participe passé avec l’auxiliaire avoir. Pour savoir si on doit mettre une consonne muette finale à « cru », mettez-le au féminin : « crute » est incorrect.
- « Où » est différent de « ou » : “où” renvoie au lieu; ou peut être remplacé par “ou bien”.
je n’avais rien de mieux à faire que d’attaquer par des peintures ridicules les vices de mon siècle.
- « À » est différent de « a » : le « a » sans accent peut être remplacé par le verbe « avoir » à l’imparfait. Si cela est impossible, il s’agit de la préposition « à ».
- L’infinitif est attendu pour « attaquer » : pour éviter de faire une erreur, remplacez-le par « vendre » ou « prendre ».
- Faites attention aux marques du pluriel : « peintures ridicules », « vices ».
Comme l’hypocrisie, sans doute, en est un des plus en usage, des plus incommodes et des plus dangereux,
- « En usage » est une expression invariable.
- Accordez « incommodes » en genre et en nombre avec « des ».
j’avais eu, Sire, la pensée que je ne rendrais pas un petit service à tous les honnêtes gens de votre royaume, si je faisais une comédie qui décrie les hypocrites, et mette en vue, comme il faut, toutes les grimaces étudiées de ces gens de bien à outrance, toutes les friponneries.
- Le verbe « rendrais » est au conditionnel : l’indice à chercher ici est la concordance des temps induite par l’imparfait « faisais » dans la subordonnée de condition. Attention donc à ne pas écrire « rendrai » qui renverrait à un futur simple.
- Le prédéterminant « tous » renvoie à la l’idée de totalité, d’unanimité.
- Le verbe « mette » est au subjonctif présent (le sujet du verbe est : « une comédie »). « Une comédie » peut être remplacé par le pronom « elle » : « qu’elle mette »
- « Toutes » est déterminant et s’accorde donc avec « grimaces ». Le second « toutes » s'accorde avec « friponneries ».
- Le participe passé « étudiées » fonctionne comme un adjectif épithète de « grimaces » et doit donc s’accorder en genre et en nombre avec le nom auquel il se rapporte.
- Le mot « ces » dans le groupe nominal « ces gens » est déterminant démonstratif. « Ses » est faux ici $\rightarrow$ il s’agit du possessif.