La construction et les limites de la monarchie absolue face à la noblesse

La noblesse, un ordre puissant, privilégié mais hétérogène

  • Second ordre du royaume derrière le clergé, la noblesse représente un peu moins de 2 % de la population française à l’époque moderne et bénéficie d’importants privilèges fiscaux (la noblesse est exemptée de la taille royale et certains impôts ne la frappent que très faiblement), civils (les nobles sont les seuls à pouvoir porter l’épée et à chasser) ou militaires (les plus hauts grades leurs sont réservés).
  • À l’époque moderne, on distingue deux sortes de noblesses : la noblesse d’épée (la plus ancienne : princes de sangs, pairs et ducs) et la noblesse de robe (apparue avec le développement de l’administration royale, formée de bourgeois anoblis grâce aux offices).
  • Même privilégiée, la noblesse est un ordre très hétérogène : les conditions de vie des nobles peuvent être très différentes.

La noblesse, un foyer de résistance à l’absolutisme royal

  • Lorsque François Ier arrive au pouvoir, certains territoires importants échappent encore au contrôle direct du roi. Il va ainsi s’efforcer de soumettre les derniers princes féodaux.
  • François Ier s’entoure également d’une cour nombreuse et itinérante à laquelle il fait participer les Grands nobles du royaume pour les empêcher de comploter dans leurs provinces.
  • Grâce au concordat de Bologne signé avec le Pape en 1516, il s’offre la fidélité des Grands nobles en offrant des fonctions ecclésiastiques prestigieuses.
  • Après la mort d’Henri II en 1559 et le début des guerres de religion (qui sont aussi des luttes de rivalité entre grandes familles nobles), l’autorité du roi s’affaiblit face à la noblesse et celle-ci ne sera que progressivement soumise sous les règnes de Henri IV et Louis XIII.
  • Lorsqu’il arrive au pouvoir en 1589, Henri IV est contraint d’affronter militairement les armées de nombreux Grands afin de restaurer peu à peu l’autorité de l’État. Il obtient peu à peu leur soumission au cours de son règne.
  • Par la suite, profitant dans un premier temps de la jeunesse du roi Louis XIII, les Grands s’opposent à nouveau à la politique royale. Richelieu, s’efforce alors de réduire leur pouvoir et leur influence auprès du roi. Mécontents, les Grands multiplient les complots contre lui, et Richelieu impose son autorité.
  • Peu à peu soumise sous les règnes d’Henri IV et Louis XIII, et mise à l’écart du Conseil du Roi, la grande noblesse se fait à nouveau contestataire lors de la Fronde. Mazarin finit par l’emporter en divisant les frondeurs et en isolant la noblesse. L’autorité de l’État sur la noblesse est renforcée.

Une noblesse domestiquée à la cour

  • Très marqué dans son enfance par la Fronde, au cours de laquelle il a dû fuir Paris avec sa mère en pleine nuit, Louis XIV veut pouvoir surveiller de près les Grands du royaume.
  • Il met fin à l’itinérance de la cour et quitte le Louvre et Paris en 1682 pour s’installer définitivement à Versailles.
  • Le château devient à la fois le siège de son gouvernement et sa résidence. Il y développe la société de cour, qui lui permet de mettre en scène son autorité absolue et de mieux contrôler les Grands, réduits à l’état de courtisans.
  • C’est l’étiquette, que le roi définit lui-même, qui joue un rôle majeur dans la domestication des Grands à la cour. Initiée par François Ier, elle connaît sa forme la plus codifiée et la plus rigide sous Louis XIV. Grâce à elle, Louis XIV organise ainsi un rituel quotidien centré sur sa personne, participant à renforcer son autorité absolue.
  • Dans le même temps, en accordant à la Cour une place plus importante que ne l’avaient fait Henri IV et Louis XIII, Louis XIV redonne aussi aux Grands le sens du service envers le royaume. Cela contribue aussi à leur soumission et à faire disparaître chez eux toute contestation de l’autorité royale.