La monarchie parlementaire anglaise : un modèle à l’opposé de la monarchie française

Un modèle politique du consensus

  • Le roi d’Angleterre est au moins aussi absolu que le roi de France. Il a une fonction de « père de ses sujets » (protection du peuple, réputation de thaumaturge).
  • Son pouvoir est fondé sur la conquête. Il peut anoblir, déchoir ou encore gracier ses sujets. Il possède les pouvoirs régaliens, n’est pas soumis aux lois et est chef de l’Église anglicane.
  • La monarchie anglaise est parlementaire. Le Parlement anglais est bicaméral (chambre des Communes et chambre des Lords, qui existent encore aujourd’hui).
  • Le suffrage est censitaire mais libre.
  • Les parlementaires ont un rôle fondamental, mais le roi n’est pas lié par le parlement (le roi « prend conseil de son parlement »).
  • La monarchie anglaise est d’abord limitée dans son action par son budget. Le Roi n’est pas le plus riche de son royaume. Ses revenus proviennent de l’exploitation des domaines royaux, d’impôts et taxes, des amendes issues des condamnations.
  • Au XVIIe siècle, l’Angleterre connait des périodes de guerre civile entre royalistes et parlementaires qui aboutissent en 1649 par l’exécution du roi Charles Ier pour trahison. Après sa mort, l’Angleterre connait une période d’interrègne jusqu’en 1660 : il n’y a pas de roi à la tête du royaume mais un Lord Protecteur, Oliver Cromwell.
  • En 1660, la monarchie est rétablie et la dynastie des Stuart (1603-1714) est au pouvoir en Angleterre. Cependant, des tensions subsistent entre pouvoir royal et membres du parlement.
  • À l’époque moderne, l’Angleterre se dote de textes qui doivent protéger l’intégrité des personnes et limiter l’arbitraire royal ainsi que celui de la noblesse.
  • L’Habeas Corpus (1689)
  • En 1679, le Parlement s’oppose au roi Charles II car ce dernier est admirateur de la monarchie française absolutiste de Louis XIV, et que l’héritier du roi Charles II est catholique et le Parlement anglican.
  • Charles II tente d’assurer sa position. Les arrestations d’opposants sont nombreuses et non justifiées. En réaction, le chef des opposants fait voter l’Habeas Corpus au parlement.
  • Ce texte fondamental indique qu’il est interdit de maintenir en prison une personne sans preuve de culpabilité.
  • Le Bill of Rights (1689)
  • À la mort de Charles II en 1685, son frère Jacques II monte sur le trône. Pour beaucoup de parlementaires, les Stuart ne respectent pas l’Habeas Corpus et sont trop fascinés par l’absolutisme « à la française ».
  • 1688 : la Glorious Revolution (« Révolution Glorieuse ») débute et aboutit à la destitution de Jacques II qui fuit vers la France. Sa fille Marie Stuart et son mari Guillaume d’Orange montent sur le trône avec le soutien du Parlement.
  • 1689 : les parlementaires rédigent le Bill of Rights, qui :
  • limite les pouvoirs de la monarchie avec des réunions fréquentes du Parlement ;
  • rend obligatoire l’accord du Parlement pour lever un nouvel impôt ou pour les actes concernant l’armée en temps de paix ;
  • crée un « droit d’adresse » pour les sujets qui souhaitent alerter le souverain sur un sujet particulier ;
  • crée un droit de pétition ;
  • instaure la liberté de l’élection (suffrage censitaire) à la Chambre des Communes.

Des principes circonscrits à certains sujets de la Couronne

  • Le souverain anglais règne sur l’Irlande par droit de conquête. Il est donc « Roi d’Irlande » en même temps qu’il est Roi d’Angleterre.
  • Tout au long de l’époque moderne, les relations entre la Couronne et les Irlandais sont parsemées de révoltes et de répressions sévères de la part du pouvoir royal.
  • Les Irlandais parlent le gaélique.
  • À l’époque moderne, il existe un parlement à Dublin. Cependant, celui-ci n’est quasiment jamais réuni et il ne jouit d’aucune autonomie. Il doit enregistrer les textes de lois arrivant de Londres.
  • Après la constitution de l’Église anglicane (XVIe siècle), ils restent catholiques et refusent d’embrasser la religion de la Couronne. Plusieurs prêtres catholiques irlandais sont arrêtés et déportés, car les sujets d’un souverain doivent avoir la même religion que lui.
  • Ainsi, toute contestation religieuse devient une contestation politique.
  • 1651 : Cromwell élabore un « Western Design » pour concurrencer les Espagnols et les Portugais dans les Antilles. L’Angleterre se constitue alors un empire durant l’époque moderne, principalement en Amérique.
  • La construction progressive de l’empire britannique se fait parallèlement au développement de la Royal Navy, qui fait de la Grande-Bretagne la première puissance maritime mondiale au XIXe siècle (en concurrence avec les flottes hollandaises et françaises).
  • En Amérique, le roi d’Angleterre règne sur des territoires peuplés de populations très diverses (Anglais, Irlandais, Natifs américains, esclaves noirs issus du commerce triangulaire).
  • Les différentes populations n’ont pas les mêmes droits. Les natifs et les Noirs sont exclus de la protection royale et des textes comme le Bill of Rights. Ils ne sont pas considérés comme des sujets du Roi.
  • De plus, la volonté de faire des Amériques des colonies de peuplement a un impact direct sur les populations natives qui sont peu à peu repoussées vers l’ouest.
  • Les Amériques sont bien un facteur de la puissance du monarque anglais. Leurs productions enrichissent la Couronne et la bourgeoisie anglaise.
  • À l’inverse, seules des marchandises anglaises peuvent être importées dans les colonies américaines, par le biais de navires anglais (exceptions : les esclaves sont apportés par des navires espagnols et portugais).