La transformation de la société et des villes
Introduction :
Au XIXe siècle, grâce aux nombreux progrès scientifiques et techniques réalisés, la France connaît d’importants bouleversements : on assiste à une forte croissance industrielle et urbaine ainsi qu’à une transformation profonde de la société.
En quoi la révolution industrielle modifie-t-elle l’organisation sociétale ? Quel impact la révolution industrielle a-t-elle sur l’essor des villes ?
Dans ce chapitre, nous observerons dans un premier temps quels ont été les changements sociétaux, puis dans un second temps, nous étudierons les impacts de la révolution industrielle sur la croissance et le développement de villes.
Transformation des classes de la société
Transformation des classes de la société
L’essor de nouvelles classes sociales
L’essor de nouvelles classes sociales
La croissance industrielle du XIXe siècle transforme profondément la structure de la société. Elle s’accompagne en effet de l’essor de nouveaux groupes sociaux.
La révolution industrielle favorise tout d’abord l’essor de la haute bourgeoisie, composée des patrons des industries, des grands banquiers, ou de négociants. Très riches, ce sont eux qui détiennent le capital, c’est-à-dire les biens comme les usines ou les machines, etc. Les bourgeois possèdent beaucoup de pouvoir et participent souvent à la vie politique. Leur train de vie est luxueux : ils possèdent de nombreux domestiques, organisent des réceptions ou des sorties au théâtre.
Bourgeoisie :
Ensemble des personnes aisées faisant partie de la classe dirigeante et qui possède le capital (matériel, machines).
Au même moment, se développe une nouvelle classe sociale : la classe ouvrière, composée des ouvriers travaillant dans les mines et les usines. Ceux-ci constituent la main d’œuvre nécessaire au fonctionnement des industries de l’époque. Les ouvriers gagnent pauvrement leur vie en effectuant des métiers pénibles et dangereux. Leurs conditions de vie sont souvent misérables.
Classe ouvrière :
Ouvriers sans qualification qui ne possèdent que leur force de travail pour vivre.
Une soirée chez Madame Geoffrin, huile sur toile, Gabriel Lemonnier (1812) / Peinture représentant des bourgeois dans un salon littéraire
Les raboteurs de parquet, huile sur toile, Gustave Caillebotte (1875) / Peinture représentant des ouvriers en train de raboter le parquet d’une demeure bourgeoise
Entre la bourgeoisie et les ouvriers, on trouve la classe moyenne aux conditions de revenus et de vie très variables. Elle se compose de fonctionnaires (instituteurs, professeurs), de petits patrons (artisans, commerçants), de professions libérales (médecins, avocats).
Cette population cherche à reproduire le mode de vie de la bourgeoise, tout en ayant des moyens plus modestes.
Classe moyenne :
Groupe social ne faisant partie ni de la bourgeoisie, ni de la classe ouvrière.
De grandes inégalités sociales
De grandes inégalités sociales
Les deux catégories sociales issues de la révolution industrielle (les ouvriers et les bourgeois) jouent un rôle majeur dans l’industrialisation : le bourgeois fournit le capital, c’est-à-dire le matériel pour produire, tandis que l’ouvrier fournit le travail, c’est-à-dire ses bras.
C’est grâce à cette complémentarité que l’industrie connaît un tel essor, mais cela crée aussi de profondes inégalités au sein de la population. Le tableau suivant présente les principales différences entre la classe ouvrière et la bourgeoisie.
$^{\text{Classe sociale}\rightarrow}_{\text{Caractéristiques}\downarrow}$ | Ouvriers | Bourgeoisie |
Rôle dans la société | Fournit le travail | Fournit le capital |
Horaires de travail | 14h / jour et très peu de congés | Horaires variables, beaucoup de congés et de vacances |
Salaire | Salaires misérables, la femme et les enfants travaillent | Salaires élevés, la femme et les enfants ne travaillent pas |
Conditions de travail | Travail très pénible et dangereux | Travail aisé |
Lieux de travail | Usines sales, bruyantes | Bureaux, banques |
Logements | Cités ouvrières ou banlieues industrielles à proximité des usines | Quartiers chics dans les villes |
Espérance de vie | Environ 30 ans | De 50 à 60 ans |
Alimentation | Mauvaise et très peu variée | Raffinée et variée |
Observons à présent les différences de dépenses entre une famille bourgeoise et une famille ouvrière.
La quasi-totalité du salaire des ouvriers sert à subvenir à leurs besoins de base (alimentation, logement, chauffage, etc.). Seuls 6 % du budget des ouvriers sert à la santé et à l’éducation.
Le développement des villes
Le développement des villes
L’exode rural
L’exode rural
Au XIXe siècle, la naissance de l’industrie et le travail dans les usines attirent de nombreuses personnes dans les villes, qui s’en trouvent profondément modifiées.
En effet, de nombreuses populations rurales décident de quitter les champs et les villages pour s’établir en ville afin de travailler dans les usines. Pour les paysans, ce changement est un moyen d’obtenir une vie meilleure.
On appelle cela l’exode rural.
Exode rural :
Le départ des populations des campagnes vers les villes, à la recherche de meilleures conditions de vie.
La croissance démographique et urbaine
La croissance démographique et urbaine
L’exode rural s’accompagne également d’une forte croissance démographique : la population française passe de 27 millions d’habitants en 1800 à 38 millions d’habitants en 1914.
Croissance démographique :
C’est l’augmentation de la population.
Cette croissance est due à plusieurs facteurs :
- la baisse de la mortalité car les progrès dans les domaines de l’agriculture, de la médecine et de l’hygiène permettent aux gens de vivre plus longtemps ;
- le nombre de naissances qui reste stable : les femmes ont entre 3 et 4 enfants en moyenne au XIXe siècle.
Ainsi, face à l’augmentation rapide de la population et à l’arrivée des populations rurales, les villes s’agrandissent et de nouveaux quartiers se créent en périphérie : les banlieues. Elles accueillent les travailleurs les plus pauvres, alors que la bourgeoisie et les classes moyennes vivent dans les bâtiments récents du centre-ville.
L’expansion des villes au XIXe siècle est telle qu’au début du siècle, 20 % de la population habite en ville, contre 50 % en 1920.
Par ailleurs, loger les populations rurales venues travailler dans les usines, les industriels font construire des habitations à proximité des usines, créant ce que l’on appelle les cités ouvrières. Petit à petit, de nouvelles villes se créent autour des usines : on assiste à la naissance des villes industrielles.
Industriels :
Ce sont les propriétaires des usines.
Cité ouvrière de Mulhouse
Banlieues :
Quartiers autour d’une ville.
Des villes transformées
Des villes transformées
La croissance des villes s’accompagne de leur transformation et de leur modernisation : en effet, au début du XIXe siècle, les villes comportent des quartiers insalubres, avec des maisons minuscules, sans lumière, sans égouts.
Ainsi, pour loger une population de plus en plus nombreuse, de grands travaux de rénovation sont entrepris et permettent d’améliorer le confort des habitants, mais aussi la beauté des villes.
Ces travaux prennent le plus d’ampleur à Paris, sous la conduite de Haussmann, le préfet de la ville : c’est lui qui contribue à faire de Paris une ville plus moderne et plus belle.
La rue des Marmousets à Paris en 1850, avant les rénovations de Haussmann
Le boulevard Haussmann à Paris de nos jours, rénové sous la direction de Haussmann, ©Thierry Bézecourt/Wikimedia Commons, CC BY-SA 3.0
Ainsi, on rénove ou on détruit les vieux quartiers : les petites maisons insalubres sont remplacées par de grands immeubles aux belles façades. Pour faciliter les déplacements, on crée de larges rues et des boulevards bordés de trottoirs.
Les transports en commun font leur apparition : métro, tramways, omnibus à cheval puis à moteur.
Omnibus :
Véhicule qui transporte des voyageurs en s’arrêtant dans de nombreux endroits.
De nombreux services sont installés dans les villes comme l’eau potable et le gaz, l’évacuation des eaux sales grâce à la construction d’égouts souterrains. L’éclairage dans les rues est installé à l’aide de lampadaires à gaz : chaque jour, des employés de la ville allument un à un les réverbères à gaz, puis les éteignent le soir.
Omnibus à cheval vers 1890
Un allumeur de réverbères en 1953
À cette époque, on construit également des monuments comme les théâtres ou les salles de spectacles et de nombreux bâtiments comme les gares, les grands magasins, les cafés, etc. On crée des parcs et des jardins, on plante des arbres.
L’avenue de l’Opéra, peinture à l’huile de Camille Pissarro (1898) représentant Paris dans les années 1880
C’est également à cette époque qu’est construite la tour Eiffel. Conçue initialement pour la durée d’une exposition, elle a eu tant de succès à l’époque que l’on a renoncé à la détruire.
La période de révolution industrielle s’accompagne de grands changements sociétaux et d’une forte croissance des villes. En un siècle, du fait de l’exode rural, la population française devient majoritairement urbaine. De nouvelles classes sociales font également leur apparition à cette époque avec d’une part une population bourgeoise qui s’enrichit grâce à la croissance industrielle, et d’autre part une population de travailleurs ouvriers, vivant dans des conditions souvent misérables.
De grands travaux d’urbanisation transforment radicalement les villes en les rendant plus belles, en diminuant la misère et l’insalubrité, en permettant un accès au confort plus important. On en trouve encore les traces partout autour de nous : immeubles aux belles façades, gares, parcs, métros, etc.