Le modèle britannique, un exemple pour les philosophes des Lumières

L’Angleterre au siècle des Lumières

  • Au début du XVIIIe siècle, l’Angleterre est devenue une des principales puissances européennes. Elle fait reposer sa puissance sur l’empire qu’elle commence à constituer.
  • Grande rivale de la France, elle mène plusieurs guerres qui se prolongent jusqu’aux colonies américaines.
  • Dans le même temps, la Couronne anglaise se renforce localement avec la signature en 1707 de l’Acte d’Union, qui permet d’unir les deux couronnes d’Angleterre et d’Écosse et forme la Grande-Bretagne.
  • Après cette date, il n’existe plus de parlement anglais et écossais mais un unique Parlement de Grande-Bretagne.
  • Tout en prenant une place de plus en plus importante au sein des monarchies européennes, l’Angleterre se distingue par son système politique unique, hérité en grande partie de la Glorious Revolution (fin du XVIIe siècle).
  • Cette puissance politique s’appuie sur une organisation particulière du pouvoir entre le monarque et son parlement.
  • Le Bill of Rights impose une totale liberté de parole, des débats et des procédures dans l’enceinte du Parlement. De même, le texte insiste sur le fait que le Parlement doit être réuni fréquemment.
  • L’arbitraire royal est spécifiquement interdit dans un article qui fait référence aux révolutions anglaises.
  • Au XVIIe siècle, la rédaction du texte principal, l’Habeas Corpus, est d’une grande modernité. En France, au début du XVIIIe siècle, le pouvoir royal peut encore incarcérer quelqu’un sur simple lettre de cachet.
  • La justice anglaise est montrée en exemple par de nombreux contemporains. Cesare Beccaria fut un des premiers penseurs à demander l’abolition de la torture et des traitements inhumains dans les prisons (Traité des délits et des peines, 1764)

Les philosophes des Lumières et l’Angleterre

  • Le Siècle des Lumières correspond à un moment de grand développement intellectuel et culturel en Europe et aux États-Unis à la fin de l’époque moderne. Cette période est à l’origine de nouveaux questionnements politiques, scientifiques, sociaux ou encore religieux.
  • En Angleterre, John Locke (un des philosophes du XVIIe siècle les plus notables), est le contemporain d’une époque troublée sur le plan politique. En effet, il vit à l’époque de l’exécution du roi Charles Ier en 1649, de la guerre civile et de l’interrègne de 1649-1660 avec la prise de pouvoir de Cromwell comme Lord Protecteur, du retour des monarques sur le trône avec la dynastie des Stuart, et de la Glorious Revolution en 1688.
  • En raison de ses écrits, il connait une période d’exil qui se termine à la fin de la Glorious Revolution.
  • Comme nombre de ses contemporains européens de l’époque, il pense qu’il existe un contrat entre le souverain et le peuple où si ce dernier se soumet au souverain, le souverain protège le peuple.
  • Cependant, l’œuvre de Locke est profondément anti-absolutiste (mais pas anti-monarchique). Pour lui, les droits du peuple sont inaliénables car ils découlent de la nature humaine. Ces droits ne peuvent donc pas être retirés par un souverain, quel qu’il soit.
  • Les droits du peuple ne disparaissent pas une fois le contrat passé. En effet, le peuple n’a fait que déléguer son pouvoir au souverain mais il ne l’a pas abandonné.
  • Pour garantir le fait qu’un souverain ne sera pas un tyran, Locke insiste sur la nécessité de séparer les pouvoirs : pouvoir législatif, pouvoir exécutif et pouvoir judiciaire.
  • Voltaire n’est donc pas un contemporain de Locke.
  • Dans sa jeunesse, il lit des auteurs anglais et s’intéresse à leur modèle politique.
  • Un conflit avec un aristocrate entraîne son exil en Angleterre jusqu’en 1729.
  • Son séjour est un moment majeur de sa carrière philosophique. Il s’imprègne des textes de Locke et d’autres penseurs anglais, étudie la monarchie parlementaire et son fonctionnement et la compare au système français. Les textes protégeant les sujets anglais comme l’Habeas Corpus et le Bill of Rights de 1689 le marquent profondément.
  • Il commence les Lettres philosophiques en Angleterre. Elles paraissent à Londres en 1735 sous le titre Letters Concerning the English Nation.
  • Il se sert du modèle anglais pour critiquer la monarchie française, et son ouvrage fait donc scandale lors de sa parution clandestine en France.
  • Cependant, comme d’autres penseurs du Siècle des Lumières, ses idées imprègnent peu à peu les esprits.
  • Elles influencent la Révolution américaine de 1776 et la Révolution française en 1789.
  • D’autres philosophes français font preuve d’une grande anglophilie, comme D’Alembert, Diderot ou encore Jean-Jacques Rousseau, qui rejoint David Hume.
  • Ces échanges entre penseurs montrent le dynamisme de la vie intellectuelle en Europe au XVIIIe siècle et la mobilité des philosophes qui s’échangeaient des idées et voyageaient régulièrement.