Les conséquences de la guerre
Introduction :
La Première Guerre mondiale, de par son ampleur, a touché à la fois les hommes combattant au front, mais également les populations civiles. Mobilisés totalement dans l’effort de guerre, les pays d’Europe se retrouvent dévastés à la suite de ce conflit.
Dans ce chapitre, nous observerons dans un premier temps le rôle des civils pendant la Première Guerre mondiale ainsi que les effets du conflit sur la vie quotidienne de la population. Dans un second temps, nous dresserons le bilan de la guerre en Europe.
Pénurie alimentaire et travail des femmes
Pénurie alimentaire et travail des femmes
L’économie de guerre
L’économie de guerre
La France, pour tenter de remporter la victoire, mobilise l’ensemble de ses ressources et de ses industries pour équiper ses armées : alors que les soldats combattent au front, toute la population française est appelée à participer à l’effort de guerre.
L’économie de guerre :
Il s’agit des pratiques économiques exceptionnelles mises en œuvre lors de périodes de guerres (rationnement, mesures financières, etc.)
Les industries sont reconverties dans la production d’armes ; les hommes en âge de combattre partent au front alors que les femmes et les enfants les remplacent dans les usines et dans les champs pour les travaux agricoles. Comme la guerre coûte très cher au pays, le gouvernement français est obligé d’emprunter de l’argent pour subvenir à ses dépenses militaires. Il s’endette auprès des États-Unis et incite la population à réaliser des économies grâce à la « campagne de l’or ».
« Campagne de l’or » :
L’État français emprunte de l’argent aux particuliers pour faire face aux dépenses militaires.
Affiche publicitaire pour la « campagne de l’or » en France pendant la Première Guerre mondiale, ©Liann Wé/Wikimedia Commons, CC BY-SA 4.0
Pénuries alimentaires
Pénuries alimentaires
Dès le début de la guerre, des pénuries alimentaires apparaissent. En effet, très vite, les ressources alimentaires sont insuffisantes pour la population du fait des mauvaises récoltes et du manque de main d’œuvre travaillant la terre.
Ainsi, en 1914, le rationnement du pain est mis en place avant d’être étendu à d’autres produits alimentaires comme la farine, la viande, le lait, le sucre, etc. Au début, seules quelques régions sont rationnées, puis c’est l’ensemble du territoire national qui est concerné.
- Pénurie alimentaire :
- C’est un manque de certains produits alimentaires.
- Rationnement :
- C’est le fait de limiter la quantité de ressources sur une période de temps limitée.
Tickets de rationnement français, ©Daniel D/Wikimedia Commons, CC BY-SA 3.0
Le rationnement fonctionne de la façon suivante : chaque individu dispose de tickets de rationnement, sous forme de coupons, à échanger contre des aliments de base : pain, farine, œufs, etc.
Le travail des femmes
Le travail des femmes
Pendant la guerre, les femmes participent également à l’effort de guerre : elles sont appelées à remplacer les hommes partis à la guerre.
La majorité des femmes travaillent dans l’industrie de l’armement afin de fabriquer des obus d’artillerie ou encore des munitions : on les appelle alors les « munitionnettes ».
D’autres assurent les travaux agricoles dans les campagnes afin de nourrir l’ensemble de la population.
Femmes « munitionnettes » travaillant à la production d’obus dans une usine
D’autres femmes contribuent à l’effort de guerre par des missions diverses :
- les infirmières en soignant les soldats blessés dans les hôpitaux de guerre ;
- les « marraines de guerre » en écrivant et en envoyant des colis aux soldats du front ou en visitant les blessés ;
- les « femmes des villes » en distribuant le courrier, en conduisant les tramways, etc.
Même les enfants sont amenés à travailler pour compenser le manque de main d’œuvre. Ils effectuent des tâches faciles à exécuter comme tourneurs d’obus, poinçonneurs de casques, vendeur de journaux, livreurs, etc.
Une Europe dévastée
Une Europe dévastée
Un bilan humain désastreux
Un bilan humain désastreux
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, le bilan humain est catastrophique : on compte environ 19 millions de morts dont 10 millions de soldats et 9 millions de civils.
La France est l’un des pays les plus touchés : 10,5 % des hommes sont morts au front. Cela entraîne une forte chute de la natalité et un déséquilibre important au niveau de la population : certaines tranches d’âges, principalement les forces actives de la population, se retrouvent alors vides. En France par exemple, 20 % des hommes de 19 à 27 ans ont été tués.
Le nombre de blessés s’élève à environ 21 millions. Parmi eux, on trouve de nombreux invalides de guerre, ayant subis des blessures au combat : on les surnomme « les gueules cassées ». Beaucoup ne peuvent reprendre une activité professionnelle après la guerre et restent à la charge de l’État.
Les victimes de la Première Guerre mondiale
Les soldats morts au front ont également laissé 3 millions de veuves et 6 millions d’orphelins. L’État met en place le statut de « pupille de la Nation » pour leur venir en aide financièrement.
Même pour les pays vainqueurs, le moral des populations est très touché. Les soldats des tranchées ont subi un véritable traumatisme psychologique. Tous espèrent que cette guerre sera la « Der des Der ».
Dans chaque ville de France, des lieux de mémoires comme les monuments aux morts sont créés afin de commémorer et d’honorer les soldats morts pour la patrie.
Monument aux morts à la guerre de 1914-1918, pour le quartier St Michel, Busca, Monplaisir à Toulouse, ©Didier Descouens/Wikimedia Commons, CC BY-SA 4.0
Des régions et des économies dévastées
Des régions et des économies dévastées
Dans les pays et les régions où se sont déroulés les combats, les zones de front sont dévastées.
En France, les régions du Nord et du Pas-de-Calais sont particulièrement affectées : destructions d’immeubles, d’usines, d’exploitations agricoles, etc. Certains villages situés dans le nord-est de la France, en Alsace-Lorraine, ont même été définitivement rayés de la carte.
Par ailleurs, les paysages se sont également modifiés : après la guerre, les champs de bataille se transforment en paysages lunaires, faits de cratères d’obus et gardent jusqu’à aujourd’hui les traces des lignes des tranchées.
Le champ de bataille de Verdun de nos jours, gardant encore aujourd’hui les traces des impacts d’obus de la bataille de Verdun en 1916
L’économie des différents États européens s’est également effondrée : durant quatre années, les États se sont endettés pour faire face aux dépenses de la guerre et en ressortent ruinés.
Les productions agricoles et industrielles ont été stoppées à cause de l’économie de guerre et du manque de travailleurs ; le commerce a été déstabilisé.
Après la guerre, les pays doivent ainsi reconstruire des territoires entiers et relancer leur économie : pour cela, il faudra beaucoup de temps et des ressources financières, tout en faisant face à une pénurie de main-d’œuvre.
Une pénurie de main-d’œuvre :
Un manque de travailleurs.
Une Europe redessinée
Une Europe redessinée
À la fin de la Grande Guerre, en 1919, le traité de Versailles est signé. Ce traité marque les conditions de la paix et rend l’Allemagne responsable de la guerre.
Celle-ci se voit alors contrainte de payer de lourdes sanctions : elle doit payer des réparations, son territoire est coupé en deux et elle a l’interdiction de se remilitariser.
Suite à ce traité, les frontières de l’Europe sont remodelées afin d’affaiblir les perdants, l’Allemagne et l’Autriche :
- la France récupère l’Alsace-Lorraine ;
- l’Empire austro-hongrois est divisé en deux pays : l’Autriche et la Hongrie ;
- six nouveaux États voient le jour : la Tchécoslovaquie, la Yougoslavie, la Pologne, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie.
Le redécoupage de l’Europe après le traité de Versailles
Création d’une gouvernance mondiale
Création d’une gouvernance mondiale
Pour l’opinion publique, l’horreur des combats et le nombre de morts de la guerre doivent servir de leçon pour les générations futures : cette guerre sera la « dernière des dernières » guerre de l’histoire de l’humanité.
Ainsi, après la signature de l’armistice, les pays vainqueurs créent en 1919 une association en charge d’assurer la paix mondiale : il s’agit de la SDN, la Société des nations.
Elle est chargée de régler les désaccords entre les pays et de garantir l’égalité des nations.
Conclusion :
Durant la Première Guerre mondiale, les pays mettent en place une « économie de guerre » qui nécessite la mobilisation des populations de civils : femmes et enfants sont chargés de remplacer les hommes se battant au front ; la totalité des ressources de l’État sont mises au service de la guerre.
Après quatre années de conflit, la Grande Guerre laisse l’Europe épuisée : 19 millions de morts, des départements entiers dévastés. Ruinés par l’effort de guerre, les pays d’Europe sont en déclin et ne dominent plus le monde comme en 1914. Les États-Unis, principaux créanciers durant la guerre, se sont au contraire enrichis et émergent en 1918 comme la première puissance mondiale.