Cours La liberté d’expression en ligne
Introduction
La liberté d’expression est une liberté fondamentale qui permet à chacun de donner son opinion, de s’exprimer, d’échanger des idées et de critiquer. En France, elle est reconnue et garantie par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789.
Avec le développement d’Internet et l’usage désormais très répandu des réseaux sociaux, la société doit faire face à de nouveaux défis. Ces plateformes sont devenues des espaces incontournables où l’on peut débattre, militer et défendre ses droits. Toutefois, l’usage parfois excessif de cette liberté d’expression en ligne a entraîné des dérives dangereuses, notamment pour les adolescents.
Ainsi, une question se pose : quelles limites pouvons-nous poser à la liberté d’expression en ligne afin de préserver le droit à la vie privée et la dignité des usagers ?
Après avoir expliqué pourquoi la liberté d’expression en ligne est un droit essentiel, nous étudierons les dérives qu’elle peut engendrer. Enfin, nous nous intéresserons aux bonnes pratiques à adopter pour un usage raisonné d’Internet et des réseaux sociaux.
Droits fondamentaux, libertés fondamentales :
Droits et libertés considérés comme primordiaux et qui sont garantis par la loi. Ils incluent notamment le droit à la vie privée, la liberté d’expression, la liberté de conscience, le droit à un procès équitable, l’égalité devant la loi, etc.
Liberté d’expression en ligne :
Liberté d’exprimer son opinion sur Internet, notamment sur les réseaux sociaux.
Réseau social :
Plateforme numérique qui permet à ses utilisateurs de partager des contenus et d’échanger entre eux.
Les réseaux sociaux, le média le plus utilisé par les jeunes
Les réseaux sociaux, le média le plus utilisé par les jeunes
En France, la liberté d’expression est protégée par l’article 11 de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen (1789), qui affirme que « la libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme » . Elle est également garantie par la Convention européenne des droits de l’homme (article 10). Ce droit reste valable quel que soit le support utilisé : discours, médias traditionnels ou Internet.
Faciles d’accès et interactifs, les réseaux sociaux, comme X (ex-Twitter), Instagram, TikTok ou Facebook, ont considérablement élargi les possibilités d’expression. Les jeunes y trouvent des actualités, mais aussi des images et des vidéos personnelles. Contrairement aux médias traditionnels, les réseaux offrent une participation active : on commente, on partage et on crée du contenu.
Adolescents utilisant leur téléphone portable
Les jeunes se sont très rapidement emparés de cette liberté pour s’exprimer et communiquer entre eux. Selon une enquête publiée en janvier 2024, 84,7 % des Français âgés de 15 à 24 ans, soit 6,6 millions de jeunes, utilisent Internet chaque jour. Ils passent en moyenne 3 h 50 par jour sur Internet, dont 3 h 34 sur leur téléphone mobile ! Et 58 % de ce temps quotidien est consacré aux réseaux sociaux.
Média :
Moyen de communication utilisé pour diffuser des informations, des actualités ou du divertissement.
Les risques liés au numérique : désinformation, cyberviolence
Les risques liés au numérique : désinformation, cyberviolence
La désinformation sur Internet représente un risque majeur, particulièrement pour les jeunes. En effet, les adolescents sont une cible privilégiée, car ils s’informent presque exclusivement sur les réseaux sociaux en oubliant souvent de vérifier la fiabilité des informations. Il est donc essentiel de développer l’éducation aux médias dès le plus jeune âge, afin de leur apprendre à vérifier leurs sources, à croiser les informations et à adopter un regard critique face aux informations trouvées en ligne.
- Si les réseaux sociaux permettent une plus grande liberté d’expression, ils favorisent également le développement de nouvelles formes de violence.
Le cyberharcèlement est l’un des principaux dangers qui menacent les jeunes sur internet. Cela se manifeste généralement par l’envoi répété de messages insultants, humiliants ou menaçants, visant une ou plusieurs personnes. Les conséquences sont souvent graves, car cela peut entraîner une baisse des résultats qui mènent au décrochage scolaire, ainsi qu’un isolement social. Ces situations augmentent le risque de dépression et peuvent, dans les cas les plus extrêmes, conduire au suicide.
Toutefois, les cyberviolences ne se limitent pas au harcèlement. Elles incluent des menaces, des propos ou des images sexistes, racistes ou homophobes diffusés en ligne. Ainsi, d’après une enquête réalisée en 2024 par l’association Génération numérique, 31 % des jeunes de 11 à 18 ans ont déjà vu circuler des propos racistes sur Internet, et 25 % ont déjà vu circuler des propos haineux ou insultants envers les religions.
Un autre enjeu majeur est lié à la question de l’e-réputation. Un commentaire malveillant ou une rumeur peut gravement nuire à la vie personnelle ou professionnelle d’un individu. Contrairement à une conversation tenue à haute voix, une publication en ligne peut rester accessible très longtemps en se diffusant très rapidement et largement.
Cyberharcèlement :
Comportement consistant à harceler en ligne une ou plusieurs personnes de manière répétée.
Cyberviolence :
Violence commise en utilisant Internet, le plus souvent par l’intermédiaire des réseaux sociaux.
Désinformation :
Diffusion volontaire de fausses informations dans le but de tromper, manipuler ou influencer les usagers.
E-réputation :
Réputation numérique d'une personne, véhiculée par les informations diffusées sur Internet.
Mieux encadrer la liberté d’expression en ligne
Mieux encadrer la liberté d’expression en ligne
La liberté d’expression en ligne n’est pas absolue. En France, la loi fixe des limites à la liberté d’expression que cela soit pour des propos tenus en public ou en ligne, ceci afin de protéger les droits fondamentaux des citoyens.
Il est interdit d’insulter quelqu’un, de dire des choses fausses pour lui nuire, ou d’encourager la haine envers des personnes à cause de leur origine, leur religion ou leur orientation sexuelle. Il est également interdit d’encourager la violence ou de défendre le terrorisme ou des crimes de guerre.
Comme le rappelle l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, chacun a le droit de parler et d’écrire librement. Toutefois, cela implique également d’être tenu responsable de ses propos quand on dépasse les limites fixées par la loi.
Par ailleurs, depuis 2014, un droit à l’oubli est instauré en France et dans l’Union européenne. Il permet à toute personne de demander à un moteur de recherche ou à un site internet la suppression de contenus portant atteinte à sa vie privée. En France, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) veille à l’application de ce droit. Elle peut être saisie en cas de refus des sites internet d’agir pour protéger la vie privée des citoyens.
Également, le 7 juillet 2023, la France a adopté une nouvelle loi pour renforcer la protection des jeunes face aux risques liés à la cyberviolence et au cyberharcèlement sur les réseaux sociaux :
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Les réseaux sociaux sont désormais incités à contrôler plus activement leurs contenus. Des collaborations sont mises en place avec les autorités judiciaires pour identifier les auteurs d’infractions en ligne.
Enfin, des séances de sensibilisation aux usages d’Internet sont organisées au collège dans le cadre de l’Éducation aux médias et à l’information. Il s’agit de diffuser les bonnes pratiques tout en favorisant un usage raisonné et responsable d’Internet. Cela apprend également aux élèves à mieux évaluer la fiabilité d’une information, à repérer les fake news ainsi qu’à protéger leurs données personnelles.
Des recommandations sont également données aux élèves, telles que :
- ne pas communiquer ses identifiants et ses mots de passe pour éviter les usurpations d’identité ;
- ne pas donner d’information précise sur sa vie privée ou sur la vie privée de ses camarades ou de sa famille ;
- ne pas diffuser de photos ou de vidéos de soi, de ses camarades ou de sa famille sur les réseaux sociaux, car elles peuvent être modifiées et utilisées par n'importe qui, et leur diffusion est incontrôlable ;
- ne pas tenir de propos blessants ou insultants vis-à-vis d’autrui ;
- se méfier des personnes qui demandent à entrer en contact sur les réseaux sociaux ;
- signaler tout comportement ou propos choquant ou violent à un adulte de confiance, ou téléphoner au 30 18, le numéro national en cas de problème lié au cyberharcèlement et aux violences numériques.
Fake news, ou Infox :
Fausse information diffusée sur Internet.
Majorité numérique :
Âge minimum (15 ans en France) nécessaire pour s’inscrire à un réseau social.
Usurpation d’identité :
Utilisation, sans son accord, de données personnelles permettant d’identifier une personne, le plus souvent pour effectuer des actes illégaux.
Conclusion
La liberté d’expression en ligne est un droit essentiel, qui permet à chacun de partager ses idées, ses opinions et de s’informer. Cette liberté n’est pas absolue, elle s’accompagne aussi de responsabilités : on ne peut pas tout dire, surtout si cela peut blesser, insulter ou mettre en danger autrui.
Il est important d’utiliser Internet de manière responsable et réfléchie en respectant les autres et en vérifiant ce que l’on publie. Comprendre les limites de la liberté d’expression en ligne, c’est aussi apprendre à mieux vivre ensemble.