Evénement historique
Congrès de Bad Godesberg – 13 au 15 novembre 1959
Contexte
  • Le parti politique social-démocrate (SPD) qui se réclame depuis 1925 du programme d’Heidelberg répondant à l’idéal marxiste, est en 1959 quelque peu suranné. En effet, le contexte international a profondément changé entre 1925 et 1959. La Seconde Guerre mondiale, l’expansion du communisme, la guerre froide, l’occupation de l’Allemagne à l’Ouest par les puissances occidentales (Grande-Bretagne, France, États-Unis) et à l’Est par le bloc soviétique, ont bouleversé l’économie mondiale et les mentalités.
  • Contrairement à l’Allemagne de l’Est, qui deviendra la RDA en 1949, l’Allemagne de l’Ouest (nommée RFA en 1949) connaît, au contraire, un « miracle économique » (Wirtschaftswunder). En effet, une importante réforme économique, dirigée entre autres par Ludwig Erhard, tel le remplacement du Reichmark par le Deutsch Mark (21 juin 1948), est rendue possible notamment grâce à l’aide financière apportée par les États-Unis (plan Marshall).
  • Dès lors, le parti social-démocrate se doit de se renouveler s’il veut peser contre le parti politique de l’Union Chrétienne Démocrate d’Allemagne (CDU) de Konrad Adenauer, alors au pouvoir et qui, grâce aux lois de 1951-1952 instaurant le dialogue social, a obtenu la faveur du plus gros syndicat (DGB).
Déroulement

Le 13 novembre 1959, la ville de Bad Godesberg près de Bonn, capitale de la RFA, abrite le congrès du parti social-démocrate (SPD). Parmi les protagonistes, Erich Ollenhauer (alors président du SPD), Willi Eichler ou encore Fritz Sänger s’attèlent à l’écriture du programme afin de le moderniser. En effet, désormais, au lieu de lutter contre le capitalisme, les principaux ténors veulent rénover le parti de l’intérieur, trouver des accords avec le patronat, dans une vision de cogestion paritaire et de codécision (Mitbestimmung).

En substance, le parti s’engage à rejeter les principes marxistes, l’anticléricalisme, s’ouvre à la pensée humaniste, chrétienne et philosophique, promet une loyauté envers la RFA, la libre concurrence et l’entreprenariat, ce qui induit la reconnaissance de l’économie de marché mondial et abolit l’étatisation systématique des moyens de production.

Le parti se veut désormais être le représentant de tout le peuple et non plus seulement des travailleurs. « Le marché autant que possible, l’intervention publique autant que nécessaire » est la doctrine retenue alors. Ce changement idéologique est notamment soutenu par Herbert Wehner, l’un des hommes forts du parti. Cet engagement est voté deux jours après l’ouverture du congrès, le 15 novembre 1959.

Conséquences
  • Le congrès de Bad Godesberg signe définitivement l’éloignement du marxisme dogmatique du parti (SPD) au profit du socialisme. Ce choix de la démocratie et du dialogue sont optés à dessein, par opposition au totalitarisme de la RDA, dans une Allemagne de plus en plus divergente qui verra l’érection du mur de Berlin en 1961.
  • Cette politique d’ouverture du SPD lui donnera raison : Willy Brandt, membre éminent du parti, accède à la chancellerie le 21 octobre 1969. Le SPD restera au pouvoir jusqu’en 1982.