Evénement historique
Grève ouvrière de Draveil et Villeneuve-Saint-Georges – 1908
Contexte
  • Le président du Conseil, Georges Clemenceau, a été confronté à un mouvement insurrectionnel lors de la révolte des vignerons du Languedoc en 1907.
  • Deux grévistes sont tués en juillet 1907 à Raon-l’Étape (Vosges).
  • Les mouvements de grève depuis 1906 ont distendu les relations entre la SFIO et Georges Clemenceau.
  • Une industrie d’extraction de sable a été installée à Draveil, Villeneuve Saint-Georges et Vigneux. Les conditions de travail y sont particulièrement difficiles : on y travaille dans l’eau, au moins 12 h par jour pour un salaire de 0,5 € / heure.
  • À l’initiative de Paul Lafargue (gendre de Karl Marx), une section locale de la SFIO avait été fondée à Draveil.
Déroulement

Une grève des carriers des sabliers démarre le 2 mai 1908 : ils réclament une amélioration de leurs conditions de travail. Les compagnies industrielles ripostent en formant la Société des Carrières de la Seine et refusent toute négociation dans un pacte le 18 mai 1908. Ils emploient des « casseurs de grèves », ce à quoi les grévistes répondent en organisant une « chasse aux casseurs ». Lors des échauffourées du 2 juin avec la police, deux autres personnes trouvent la mort : c’est le début d’une indignation contre la violence policière. 5 000 personnes assistent aux funérailles de l’un des grévistes à Villeneuve Saint-Georges, alors que les tensions reprennent à Vigneux. Interpellé sur les événements, Clemenceau évoque une bavure policière, mais remet en cause une partie de la légitimité de la grève.

Des meetings ouvriers sont tenus à Paris, Draveil et Villeneuve-Saint-Georges, et des manifestations sont prévues à Vigneux et Villeneuve-Saint-Georges le 30 juillet. La marche des chômeurs du 30 juillet, organisée par la CGT à Draveil, dégénère. Les manifestants de Villeneuve-Saint-Georges sont chargés par la cavalerie. On déplore 4 morts et 200 blessés. Le lendemain, les chefs de file de la CGT sont arrêtés (Pouget, Griffuelhes, Yvetot).

Conséquences
  • Ce conflit marque une nouvelle étape dans l’affrontement entre la CGT et Clemenceau : ce dernier renforce son image de « briseur de grèves » par son intransigeance.
  • Ces événements offrent aux socialistes une nouvelle occasion de souligner la nécessité de la lutte des classes.
  • L’échec de la grève annoncée du 3 août 1908 conduit au remplacement de Victor Griffuelhes par Léon Jouhaux à la tête de la CGT.
  • La Chambre des députés vote en 1909 l’amnistie pour tous les faits survenus.
  • La grève ouvrière de Villeneuve-Saint-Georges fait partie intégrante de l’atmosphère de tension sociale que traverse la IIIe République au début du XXe siècle (affaire Dreyfus, grèves de 1906, révolte des vignerons 1907 etc.).