Evénement historique
Massacre du 17 octobre 1961
Contexte
  • En 1954 débute la guerre d’Algérie. Mais face à un conflit qui s’envenime, les gouvernements successifs n’arrivent pas à apporter une réponse adéquate au mouvement de décolonisation qui s’est engagé depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. En 1958, de Gaulle revient au pouvoir, proposant une certaine autonomie algérienne, mais sans approuver toutefois l’indépendance.
  • Dès le début de la guerre, le FLN utilise la guerre subversive en Algérie et en France pour appuyer le mouvement d’indépendance. Des attentats ciblent les policiers, et notamment les harkis : entre fin août et le 3 octobre 1961, le FLN tue 13 policiers. Le préfet Maurice Papon intensifie sa politique de terreur : des Algériens sont retrouvés morts dans la Seine en septembre, et des opérations sont menées dans les bidonvilles de Paris. Un couvre-feu est instauré le 5 octobre : les travailleurs algériens ne peuvent plus circuler dans la capitale à partir de 20 h 30.
Déroulement

Le FLN décide d’organiser une manifestation pacifiste pour dénoncer les violences faites aux Algériens et ce couvre-feu discriminatoire, et appelle également à la grève générale. Alors que la manifestation est interdite, environ 30 000 manifestants des banlieues se retrouvent dans les rues de Paris. Près de 7 000 policiers et CRS sont mobilisés ce soir là.

Les manifestants sont fouillés au départ de la manifestation par les militants du FLN. Le cortège est dispersé par la police de manière violente : la police tire sur la foule, les manifestants sont matraqués. Mais la répression ne s’arrête pas là : 11 500 manifestants sont arrêtés et envoyés dans des centres de détention. Des manifestations sont organisées les jours suivants, notamment le 20 octobre, où les femmes algériennes défilent dans les rues de la capitale, avant d’être interpellées.

Conséquences
  • La version officielle fait état de tirs venant de la foule. Mais Maurice Papon se voit forcé de s’expliquer devant le conseil municipal de Paris, l’Assemblée nationale et le Sénat, avec le ministre de l’Intérieur, Roger Frey. Des corps sont retrouvés dans la Seine, et les journaux L’Humanité, Libération et Le Monde mettent en doute les arguments des autorités tout en révélant les répressions policières.
  • Le bilan est difficile à établir : les historiens estiment qu’il y a eu environ 120 victimes algériennes entre septembre et octobre 1961. On parle de « massacre d’État » dans le sens où les violences policières ont été autorisées par les autorités françaises, et où les actes racistes n’ont pas été punis, bien que l’événement doive être replacé dans le contexte des négociations entre la France et le FLN, négociations qui démarraient alors.