Evénement historique
Polémique autour du régime de Vichy – 1945
Contexte
  • Le 10 juillet 1940, avec le vote des pleins pouvoirs à Pétain par l’Assemblée nationale, la démocratie est remplacée par un régime autoritaire. Le nouveau chef de l’« État français », installé avec le gouvernement à Vichy, bénéficie du soutien de la population, traumatisée par l’effondrement du pays. Les trois cinquièmes du territoire français sont alors occupés par les troupes allemandes.
  • Le régime de Vichy entend mettre en œuvre une « Révolution nationale », devant se traduire par « l’assainissement » politique, social et moral de la nation, à la base d’un ordre nouveau. Remplaçant la formule républicaine « Liberté, Égalité, Fraternité » par la devise « Travail, Famille, Patrie », il se fonde sur une idéologie nationaliste, autoritaire, xénophobe et antisémite, rejetant la démocratie parlementaire. Il applique une politique d’exclusion à l’égard des individus jugés « nuisibles », au premier rang desquels on trouve les Juifs.
Déroulement

Au lendemain de la Libération, la République française déclare que « sont […] nuls et de nul effet tous les actes constitutionnels, législatifs ou réglementaires » élaborés sous Vichy. Cependant, plusieurs mesures prises durant cette période sont restées (carte d’identité, droit au travail pour les femmes, salaire minimum).

Rapidement les premiers procès se tiennent, mais plusieurs acteurs de la collaboration ne sont condamnés qu’à des peines mineures. Pétain est condamné à mort mais sa condamnation est finalement commuée en prison à perpétuité. En 1948, la loi sur la responsabilité collective des crimes de guerre est voté, suivie en 1951 de la promulgation de la loi d’amnistie des délits liés à l’Occupation.

À la mort du général de Gaulle, le mythe de la Résistance se fissure. Pompidou, qui lui succède, n’est pas un gaulliste issu de la Résistance. En 1971, il provoque même la polémique en graciant Paul Touvier, ancien chef de la Milice, organisation paramilitaire créée par le régime de Vichy.  Pompidou se justifie par la nécessité de mettre un terme à une époque « pendant laquelle les Français ne s’aimaient pas ».

En 1973, l’historien Robert Paxton s’oppose à l’idée que Pétain ait été un « bouclier ». Au contraire, il affirme, en s’appuyant sur les archives saisies par les Américains, que le régime de Vichy a devancé les demandes allemandes et favorisé l’Occupation en aidant au pillage alimentaire et économique et en mettant à disposition ses forces de police ; et cherché par la Révolution nationale à occuper une place de choix dans l’Europe sous domination nazie.

Le régime de Vichy n’apparaît plus dès lors comme le fruit des circonstances mais comme un moment de l’Histoire de France, le résultat d’un mouvement politique de fond.

Conséquences
  • Les procès se succèdent dans les années 1980 : l’ancien SS Klaus Barbie (1983-1987), l’affaire Papon à partir de 1981, les inculpations de René Bousquet et Paul Touvier. Ces procès permettent de faire non seulement justice des actes commis sous l’Occupation mais aussi d’analyser les complicités dont ces hommes ont joui entre 1945 et leur procès.