Evénement historique
Réforme grégorienne – 1049 - 1099
Contexte
  • Au début du Xe siècle, le pouvoir de l’Église vacille : des discordes internes menacent son unité tandis que l’investiture du Pape est soumise à la volonté de l’empereur germanique et des grandes familles romaines. De façon générale, le clergé est soumis aux règles féodales : la distinction entre le pouvoir temporel du roi et le pouvoir spirituel du pape est faible.
  • Au XIe siècle, la situation s’aggrave :
  • la simonie, c'est-à-dire la vente des biens spirituels de l’église (reliques, absolutions) par des clercs se multiplie ;
  • tout comme le nicolaïsme, qui est le mariage des hommes d’Église, et qui pose des problèmes de succession ;
  • les rois et empereurs tentent de maintenir un contrôle sur l’Église en luttant pour pouvoir nommer les clercs, tandis que l’Église lutte pour conserver son autonomie spirituelle, financière et politique ;
  • parallèlement, les invasions Maures se multiplient et l’Europe voit l’apparition des premières « hérésies » qui s’opposent à la doctrine de l’Église ;
  • le Schisme de l’Église en 1054 exacerbe les tensions internes.
  • Au XIe siècle commence donc une période de réformes du clergé qui vise à affirmer l’autorité et l’autonomie de l’Église en Europe. Elle est associée au pape Grégoire VII (qui joua un rôle central même alors qu’il n’était pas pape) d’où son nom de réforme grégorienne. Il arrivera à mettre en place une véritable monarchie papale.
Déroulement

L’ordre de Cluny, créé en 909, est le premier ordre religieux indépendant du pouvoir temporel et spirituel ; il accroit son influence intellectuelle et devient un relai influent du pouvoir pontifical en Europe.

En 1049, le pape Léon IX est finalement investi après l’assassinat de plusieurs papes. Il entame une période de reformes de l’Église sous l’influence du clunisien Hildebrand, futur pape Grégoire VII : le but est de « purifier » l’Église et d’en affirmer l’indépendance.

Les réformateurs de Rome profitent de la mort de l’empereur Henri III pour investir le pape Nicolas II en 1059 sans l’assentiment impérial ; celui-ci impose l’élection du pape par un collège de cardinaux et non plus par l’empereur, interdit la simonie et le nicolaïsme.

Hildebrand est élu pape en 1073 sous le nom de Grégoire VII ; il renforce la réforme avec le Dictatus Papae, une liste de propositions visant à consolider une théocratie papale dans laquelle le Pape nommerait les empereurs et les principaux clercs. Ceci provoque le ferme rejet de l’empereur Henri IV, qui juge Grégoire VII illégitime et le dépose. En réponse, Grégoire VII excommunie l’empereur qui obtient sa pénitence en 1077 à Canossa. C’est le début de la querelle des investitures, la lutte pour le pouvoir spirituel entre l’empereur germanique et le pape qui durera jusqu’en 1122.

À la mort de Grégoire VII en 1085, l’empereur tente de récupérer son pouvoir en nommant l’antipape (pape non reconnu aujourd’hui par l’église) Clément III tandis que le pape Urbain II est élu en 1088. Celui-ci entame une période difficile avec la reconquête de Rome, durant laquelle il affirme les principes grégoriens. Il réforme profondément l’organisation de l’Église et parvient à affirmer son autorité. Une fois consolidé dans son pouvoir, Urbain II appelle à la première croisade en 1095 ainsi qu’à la Reconquista espagnole afin d’unir derrière sa bannière les rois d’Europe.

Conséquences
  • La volonté de Léon IX d’instaurer le rite latin à Constantinople conduit au schisme de 1054.
  • La mise en place d’une véritable monarchie élective à Rome, avec le rôle grandissant des cardinaux et de la Curie, un véritable gouvernement pontifical ; les évêques se distancient des rois et se rapprochent de Rome.
  • À l’issue de négociations, les rois conservent plus ou moins un rôle dans le choix du clergé ; la soumission à l’Église n’est pas tout à fait consommée, mais la réforme consolide l’organisation de l’Église.