Evénement historique
Semaine sanglante – janvier 1919
Contexte

L’Allemagne exsangue, incapable de remporter le conflit, vient de signer l’armistice le 11 novembre 1918, mettant fin à la Première Guerre mondiale. Il faut dire que la colère monte au sein de son propre camp.

Depuis 1918, les révoltes ouvrières, qui ont emporté l’empire et annoncé la République de Weimar, se propagent dans tout le pays, influencées par la vague révolutionnaire russe. Elles engendrent la création de conseils d’ouvriers et de soldats dans tout le pays. Et si le parti social-démocrate (SPD), modéré, prône le révisionnisme en instaurant simplement des réformes, la branche indépendante du parti social-démocrate (USPD), elle, désire une révolution sociale radicale. L’année 1918 s’est achevée par la répression d’une manifestation ouvrière particulièrement violente – le Noël sanglant – et l’on assiste à la naissance du premier parti communiste allemand, le KPD, le 1er janvier 1919.

Déroulement

Au début de l’année 1919, le gouvernement de Friedrich Ebert voit l’influence de la gauche révolutionnaire prendre une ampleur considérable et cherche dès lors un prétexte à une répression. Aussi, trouve-t-il en Emil Eichhorn le bon alibi. En effet, le préfet de police jugé trop favorable à l’extrême gauche depuis la révolution de Novembre, est mis à pied par le ministre Paul Hirsch (SPD) le 4 janvier. Cette éviction déclenche des émeutes dès le lendemain. La foule investit de nombreuses rédactions telles que le Vowärts, quotidien officiel du SPD, ouvertement hostile aux révolutionnaires. Une majorité de spartakistes, notamment Rosa Luxemburg, et de délégués révolutionnaires, comme Richard Müller, ne sont pas favorables à une révolution qu’ils trouvent prématurée. Pour autant, Karl Liebknecht brandissant l’étendard de l’insurrection, parvient à entraîner à sa suite tous les spartakistes. C’est le début de la révolution éponyme, dirigée par Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg.

Le 7 janvier, un appel à la grève est lancé. Quatre jours plus tard, des milliers d’ouvriers descendent dans la rue, paralysant Berlin. Sur ordre de Gustav Notske les corps-francs (milice), dirigés par Walther von Lüttwitz, alliés aux troupes gouvernementales, écrasent la révolution dans un bain de sang. Le 15 janvier, les leaders spartakistes sont capturés et assassinés. C’est la fin de la « semaine sanglante », qui devient l’un des stigmates de la République de Weimar.

Conséquences

La violence de la répression de la révolte dite spartakiste eut un impact considérable sur le monde ouvrier. En effet, bien que de nombreuses grèves et autres révoltes aient eu lieu, jamais les partisans de la révolution ne réussirent à renverser le pouvoir comme en Russie. Cette semaine sanglante devient l’incarnation d’une impossibilité à concrétiser la révolution et à devenir un véritable appareil politique. La défaite ne fut pas tant physique que morale, et eut un retentissement notoire sur les autres tentatives d’insurrection.