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Chanson de Roland, Turold
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Fiche de lecture

Contexte

Cette chanson de geste, poème épique en vers racontant les hauts faits de guerriers du passés, est d’auteur inconnu. Seule la dernière ligne du manuscrit évoque un certain Turold, qui serait l’auteur de ces lignes mais dont on ne sait rien.

Écrite en ancien français, et plus précisément en anglo-normand, la Chanson de Roland raconte le dernier combat du chevalier Roland, mort à la bataille de Roncevaux en 778. Il s’agit donc d’un récit historique mais qui explore l’aspect épique et romanesque de cet événement plutôt que la réalité : nous sommes bien du côté de la littérature plutôt que de celui de l’histoire.

La bataille de Roncevaux a vu s’affronter, d’après les récits, les chevaliers carolingiens et l’armée sarrasine ; mais les historiens modernes pensent que l’ennemi était en fait constitué de milice vasconne. La Chanson de Roland serait donc une falsification historique, qui aurait peut-être eu pour but de justifier les croisades.

La Chanson de Roland a été découverte en 1832. D’autres manuscrits plus anciens seront découverts par la suite. Les différentes versions du texte indiquent que la Chanson de Roland a été augmentée par des générations de troubadours. Alors que la plus ancienne version connue comporte 4 000 vers, un manuscrit datant de la fin du XIIIe siècle en contient 9 000.

Turold

XIe siècle

Chanson de Roland

Genre

Chanson de geste

Personnages

Roland : Neveu de Charlemagne, il est représenté comme un héros guerrier, presque invincible, courageux, noble et loyal.

Charlemagne : Sa présence dans la Chanson de Roland est celle d’un héros légendaire et du chef protégeant une civilisation.

Ganelon : Beau-père de Roland, orgueilleux, il ne supporte pas d’être choisi par Charlemagne. Dépourvu d’honneur, il complote et trahit les siens par goût du pouvoir.

Olivier : Ami de Roland, c’est un compagnon fidèle et loyal, plus mesuré et plus sage que Roland.

Thèmes

Le rapport au pouvoir : La Chanson de Roland présente un monde ordonné et hiérarchisé, où chaque personnage est porté par des valeurs clairement identifiables. Ce monde est d’abord divisé entre les chrétiens, unifiés sous la figure de Charlemagne, et les païens, représentés par les Sarrasins. Au sein du monde chrétien, les guerriers sont animés par des motivations présentées comme nobles et stables : l’honneur, le courage, la loyauté.
Même la trahison, incarnée par Ganelon, si elle joue un rôle perturbateur, constitue également un type clairement identifiable et qui va bien au-delà de la dimension psychologique. La jalousie de Ganelon n’est qu’un prétexte : c’est son rapport au pouvoir et à l’ordre de ce monde qui le conduit à la trahison.

Une chanson idéologique : La Chanson de Roland sert de support à une idéologie, et peut-être même de moyen d’endoctrinement : on sait ainsi que les soldats de Guillaume le Conquérant chantaient cette chanson de geste pour stimuler leur motivation combative.
Le recours à une réalité historique permet ici de convaincre les auditeurs que deux mondes sont en train de s’opposer, le monde chrétien et le monde islamique. Il s’agit alors tout d’abord de rassembler le peuple autour de la figure d’un chef charismatique, ici représenté par Charlemagne, et de légitimer l’entreprise des croisades.

Les valeurs chevaleresques : Les destinées héroïques, qui sont empreintes d’un certain merveilleux, servent ici de modèle et d’exemple. Roland est le héros guerrier par excellence, très courageux mais aussi plein de démesure, puisque sa fidélité excessive au code de l’honneur entraine sa mort. À ses côtés, Olivier propose un modèle de sagesse et de dévouement, plus raisonnable et peut-être plus profond. Ces deux personnages représentent en tout cas les deux facettes du monde de la chevalerie, dans lequel se côtoient héroïsme sanglant et amitié inébranlable.

Résumé

La trahison de Ganelon

L’arrière-garde des armées de Charlemagne, commandée par Roland, rentre victorieuse d’une campagne en Espagne.
Ganelon, le beau-père de Roland, jaloux de Roland car celui-ci est le préféré de Charlemagne, trahit Roland dont il veut la mort.

Ganelon traite avec Marsile, roi Maure : Marsile signera la paix avec Charlemagne, qui retirera ses armées en laissant Roland et l’arrière-garde. Les Sarrasins pourront alors attaquer l’arrière-garde par surprise.

La bataille de Roncevaux

Comme l’a prévu Ganelon, l’armée de Charlemagne se retire et les Sarrasins attaquent Roland et l’arrière-garde à Roncevaux. Olivier, fidèle ami de Roland, apercevant les Sarrasins, veut faire sonner le cor pour appeler Charlemagne à l’aide, mais Roland refuse car ce serait un déshonneur.

L’adversaire est vingt fois plus nombreux et les hommes meurent les uns après les autres. Quand c’est au tour d’Olivier de tomber, Roland sonne le cor, si fort qu’il fait exploser une veine de sa tête, ce qui entraînera sa mort. Charlemagne l’entend, mais Ganelon lui soutient qu’il ne s’agit pas d’un appel au secours.

La vengeance de Charlemagne

Charlemagne, qui soupçonne une trahison, revient en arrière, mais il arrive trop tard : toute l’arrière-garde est décimée. Roland et l’archevêque Turpin, son autre compagnon, ont cependant réussi à faire fuir l’armée des Sarrasins.

Avant de mourir, Roland essaie de briser son épée Durandal afin que l’ennemi ne s’en empare pas, mais, trop faible, il n’y parvient pas. Il s’allonge pour mourir et saint Michel, Chérubin et saint Gabriel l’emportent au paradis.

L’armée de Marsile est rejointe par une immense armée constituée de tous les peuples musulmans et que Charlemagne affronte dans une seconde bataille. Il se venge en détruisant l’armée sarrasine.

Le jugement de Ganelon

Après cette bataille, Charlemagne retourne à Aix-la-Chapelle. Il annonce à Aude, sœur d’Olivier et fiancée de Roland, la mort des deux hommes : Aude succombe face à ce chagrin. Ganelon est jugé. Ses partisans sont pendus et lui-même est écartelé.

Citation

« Olivier sent les affres de la mort. Ses deux yeux chavirent dans sa tête. Il n’entend plus, il ne voit plus. Il descend de cheval et se couche par terre. D’une voix haute et ferme, il confesse ses pêchés. les deux mains jointes et tournées vers le ciel, il prie Dieu de lui donner le Paradis, de bénir Charles, la douce France et, plus que tous les hommes, Roland son ami. le cœur lui manque, son casque se met de travers et tout son corps s’affale sur le sol. Le comte est mort ; c’est fini. »

« Le comte s’élance pour frapper le païen de toute ses forces. Il brise son bouclier, entaille sa cuisse, ouvre sa poitrine, fracasse ses os et sépare entièrement la colonne vertébrale de son dos. Puis, de sa lance, il lui arrache l’âme du corps. Il enfonce profondément le fer, fait chanceler le buste et, d’un grand coup de lance, il l’abat raide mort de son cheval. Il lui fait partager le cou en deux moitiés tout en ne manquant pas de lui dire : “Va donc vaurien !”. »

« Le comte Roland, quand il voit Samson mort, sachez qu’il en eut une très grande douleur. Il pique son cheval, court sus au païen à toute force. Il tient Durandal, qui vaut mieux que l’or pur. Il va, le preux, et le frappe tant qu’il peut sur son heaume dont les pierreries sont serties d’or. Il fend la tête, et la borgne, et le tronc, et la bonne selle gemmée, et au cheval il fend l’échine profondément ; et, le blâme, le loue qui voudra ! les tue tous deux. Les païens disent : “Ce coup nous est cruel !” Roland répond : “Je ne puis aimer les vôtres. L’orgueil est devers vous et le tort.” »

« Les clairons sonnent, en avant et en arrière de l’armée, et tous répondent à l’appel de l’olifant. L’empereur chevauche en grande fureur, et les français sont courroucés et dolents. Pas un qui ne pleure et se lamente; ils prient Dieu pour qu’il sauve Roland, jusqu’à ce qu’ils arrivent au champ de bataille, tous ensemble. Alors, tous avec lui ils frapperont ferme…
Mais à quoi bon ? Tout cela ne sert à rien : ils ont trop tardé, ils ne peuvent arriver à temps. »