Fiche de lecture
L’Art poétique, Nicolas Boileau
Contexte

Un « art poétique » est un traité pratique qui a pour but d’enseigner des règles d’écriture. Ce vaste poème en vers expose les règles régissant l’écriture en vers classique, que ce poème respecte lui-même, et qui permettent, selon Boileau, d’atteindre au sublime et à la perfection. Il jette ici les bases du classicisme qui, replongeant dans les racines grecques, fait le lien entre le beau et le vrai.

Thèmes

L’art de l’écriture poétique : L’art d’écrire et la théorie poétique sont l’enjeu de cet art poétique où l’on décèle l’influence de la Poétique d’Aristote, et plus encore de l’Art poétique d’Horace duquel Boileau reprend directement un certain nombre d’idées et de formulations. Cet ouvrage est également très marqué par l’admiration que Boileau portait à Corneille et à Malherbe.
Le classicisme : Au-delà de considérations techniques, L’Art poétique présente la philosophie du classicisme. Il s’agit d’une doctrine élaborée en France pendant la première moitié du XVIIe siècle, à laquelle Boileau n’apporte aucune invention ni innovation personnelle, si ce n’est qu’il rédige son traité en vers et non en prose.
Le classicisme est un idéal esthétique qui vise la perfection et refuse ce qui est bas, sordide, trivial, ou trop facilement scintillant et brillant. C’est l’équilibre, le bon goût, l’harmonie, l’alliance de la perfection formelle et de la perfection conceptuelle qui priment.
L’exactitude de la langue : Dans cette tradition classique, Boileau insiste particulièrement sur la perfection de la langue, qui passe pour lui par sa précision. Son idéal consiste en l’alliance d’une grande clarté de la pensée et d’une grande exactitude de la langue, qui rend compte exactement de la pensée. Cette idée a longtemps forgé la norme du beau style dans la langue française, animée par un soucis de vérité, du mot juste, du détail parfaitement saisi, le tout dans une économie de moyen et une grande simplicité plutôt que dans l’artifice et l’emphase.

Résumé

L’Art poétique est composé de 11 000 alexandrins classiques, c’est-à-dire comportant 2 hémistiches de 6 syllabes, et il s’organise en 4 chants.

Chant I

Boileau commence par mettre en garde le lecteur : il propose de donner un certain nombre de règles d’écriture poétique mais prévient tout de même que sans talent inné, ces règles ne suffisent pas. Cependant, inversement, le talent seul ne peut rien : il faut que l’écriture respecte les règles poétiques. La perfection est la réunion entre le génie et le respect rigoureux des règles.

Chant II

Boileau étudie les genres mineurs de la poésie, notamment l’idylle, l’églogue, l’élégie, l’épigramme, l’ode et le sonnet. Pour Boileau, aucun de ces genres ne peut atteindre la perfection et le sublime. Boileau ménage cependant une place à part à la fable, qui selon lui n’est pas un genre mineur.

Chant III

Boileau s’intéresse ici aux genres majeurs : la tragédie, l’épopée et la comédie. Ce sont eux qui peuvent engendrer des chefs-d’œuvre et qui sont propres à faire naître l’émerveillement. Boileau expose ici la règle des trois unités du théâtre classique.

Chant IV

Pour Boileau, la langue est le support de la création.

Citation

« Qu'en un jour, qu'en un lieu, un seul fait accompli
Tienne jusqu'à la fin le théâtre rempli. »
« Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement
Et les mots pour le dire arrivent aisément. »
« Le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable. »
« Hâtez-vous lentement, et sans perdre courage
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage.
Polissez-le sans cesse et le repolissez. »