Crédit image : auteur inconnu, XVe siècle
Crédit photo : Archives nationales, Paris
Charles d'Orléans est le fils de Louis Ier, duc d'Orléans et frère du roi Charles VI, et de Valentine Visconti, fille du duc de Milan : il est issu d'une famille cultivée qui s'intéresse à l'art et à la poésie.
À la mort de ses parents, Charles d'Orléans hérite des titres et des responsabilités de son père et devient chef de guerre, conduisant les troupes royales contre Henri V d'Angleterre lors de la guerre de Cent Ans en 1415. Lors de la bataille d'Azincourt, il est capturé et emmené en Angleterre, où il reste prisonnier durant 25 ans. C'est lors de cette longue captivité qu'il écrit la plus grande partie de son œuvre poétique.
De retour en France, il se retire dans ses terre et consacre le reste de sa vie à la littérature. Il met en place des tournois littéraires et rassemble près de lui les grands écrivains de son époque.
De sa troisième femme, Marie de Clèves, qu'il épouse après sa libération, il aura trois enfants, dont le futur roi Louis XII.
La Retenue - (null) La Départie d'amour - (null) Ballades - (null) Rondeaux - (null)
Charles d'Orléans se place dans la tradition de la poésie courtoise, dont il connaît les œuvres principales. Ainsi, ses ballades se réfèrent souvent au Roman de la Rose. Mais il renouvelle aussi les genres poétiques de son époque. Son œuvre poétique est remarquable d'abord par son ampleur : 400 rondeaux, 131 chansons, 102 ballades et sept complaintes.
Alors que la chanson est avant tout un genre épique et historique accompagné de musique, les chansons de Charles d'Orléans portent souvent sur des sujets philosophiques ou autobiographiques. Son inspiration est parfois légère, tournée vers les plaisirs de la vie ou les intrigues amoureuses, mais se caractérise par une gravité et une profondeur de pensée qui font de lui un des plus grands poètes de son époque.
« En la forêt de Longue Attente
Chevauchant par divers sentiers
M'en vais, cette année présente,
Au voyage de Desiriers.
Devant sont allés mes fourriers
Pour appareiller mon logis
En la cité de Destinée ;
Et pour mon cœur et moi ont pris
L'hôtellerie de Pensée. »
Ballades
« Je meurs de soif auprès de la fontaine ;
Tremblant de froid au feu des amoureux ;
Aveugle suis, et pourtant je conduis les autres ;
Pauvre en bon sens, étant pourtant bien savant ;
Trop négligent, en vain souvent songeur ;
Ma vie est comme ensorcelée,
En bien et en mal par la Fortune menée. »
Ballades
« Le temps a laissé son manteau.
De vent, de froidure et de pluie,
Et s’est vêtu de broderie,
De soleil luisant, clair et beau.
Il n’y a bête, ni oiseau
Qu’en son jargon ne chante ou crie :
Le temps a laissé son manteau.
Rivière, fontaine et ruisseau
Portent en livrée jolie,
Gouttes d’argent d’orfèvrerie,
Chacun s’habille de nouveau :
Le temps a laissé son manteau. »
Rondeaux
« Ma seule amour, ma joie et ma maitresse,
Puisqu’il me faut loin de vous demeurer,
Je n’ai plus rien, à me réconforter,
Qu’un souvenir pour retenir liesse.
En allégeant, par Espoir, ma détresse,
Me conviendra le temps ainsi passer,
Ma seule amour, ma joie et ma maitresse,
Puisqu’il me faut loin de vous demeurer.
Car mon cœur las, bien garni de tristesse,
S’en est voulu avec vous aller,
Et je ne pourrai jamais le recouvrer,
Jusques verrai votre belle jeunesse,
Ma seule amour, ma joie et ma maitresse. »
Rondeaux