Auteur
Primo Levi
Biographie

Primo Levi est né à Turin en 1919 dans une famille de la bourgeoisie juive. Il fait des études de chimie et travaille ensuite en tant que chimiste.
En 1943, il est arrêté alors qu'il tente de rejoindre la Résistance, livré à la police allemande et déporté à Auschwitz en février 1944. Sa formation lui permet de travailler dans un laboratoire de chimie dépendant du camp et d'échapper aux traitements les plus inhumains.
Une fois libéré, il continuera à travailler comme chimiste jusqu'à sa retraite, mais il se met également à écrire ses souvenirs. Peu à peu, son œuvre de témoignage rencontre son public et marque les consciences.
Primo Levi meurt dans la cage d'escalier de son immeuble sans laisser de lettre d'explication ni d'adieu. L'explication la plus communément admise conclut à un suicide, mais d'autres interprétations remettent en cause cette hypothèse et supposent que Primo Levi est mort d'une chute accidentelle.

Bibliographie sélective

Si c'est un homme - (1947)
La Trêve - (1963)
Le Système périodique - (1975 )
La clé à molette - (1978)

Œuvre

Primo Levi publie dès 1947 Si c'est un homme, le récit de son expérience concentrationnaire. Le livre ne connaît pas immédiatement le succès, les années après-guerre étant marquées par un relatif désintérêt pour cette question. Au fur et à mesure que les historiens s'emparent de cette période et que l'intérêt du public s'éveille, ce livre devient une référence incontournable de la littérature des camps de concentration. Primo Levi se positionne avant tout comme un témoin plus que comme un écrivain, et c'est en tant que témoin qu'il participe à des rencontres avec le public, notamment en milieu scolaire.
Son œuvre pleine d'humanité montre comment le courage et la noblesse humaines ne doivent pas céder devant la barbarie. Elle est aussi une invitation à ne jamais oublier.

Citations

« Plus rien ne nous appartient : ils nous ont pris nos vêtements, nos chaussures, et même nos cheveux ; si nous parlons, ils ne nous écouteront pas, et même s’ils nous écoutaient, il ne nous comprendraient pas. Ils nous enlèveront jusqu’à notre nom : et si nous voulons le conserver, nous devrons trouver en nous la force nécessaire pour que derrière ce nom, quelque chose de nous, de ce que nous étions, subsiste. »
Si c’est un homme , 1947

« J’avais tous les membres douloureux, le sang battait précipitamment dans mes artères et je sentais la fièvre monter. Mais ce n’était pas tout : comme si une digue s’était ouverte, juste au moment où toute menace semblait s’évanouir, où l’espoir d’un retour à la vie cessait d’être insensé, j’étais en proie à une douleur nouvelle, plus grande, enfouie d’abord aux frontières de la conscience sous d’autres douleurs plus urgentes : celle de l’exil, de la maison lointaine, de la solitude, des amis perdus, de la jeunesse enfuie et de la multitude de cadavres autour de moi. »
La Trêve , 1963

« J’étais rentré de la déportation depuis trois mois, et je vivais mal. Ce que j’avais vu et souffert brûlait en moi, je me sentais plus proche des morts que des vivants, et coupable d’être homme, car les hommes avaient édifié Auschwitz, et Auschwitz avait englouti des millions d’êtres humains, et beaucoup de mes amis, et une femme qui était toujours dans mon cœur. Il me semblait que je me purifierais en racontant, et je me sentais pareil au vieux marin de Coleridge qui saisit par la manche, dans la rue, les gens conviés à des noces pour leur infliger son histoire de malédiction. »
Le Système périodique , 1975

« En fait, ainsi qu’il existe un art de conter solidement codifié par des milliers d’essais et d’erreurs, il existe également un art d’écouter, tout aussi ancien et estimable, duquel toutefois, pour autant que je sache, les règles n’ont jamais été définies. Pourtant, toute personne qui parle ou raconte sait par expérience que l’auditeur apporte une contribution décisive à ce qu’elle lui dit : un public distrait ou hostile affaiblit n’importe quelle conférence ou leçon, alors qu’un public amical les vivifie. Mais même l’auditeur, en tant qu’individu, a une part de responsabilité dans cette "œuvre d’art" qu’est tout récit : quiconque raconte une histoire au téléphone s’en rend parfaitement compte et perd de sa chaleur, car les réactions visibles de l’auditeur lui manquent, lequel, dans ce cas, en est réduit à manifester de temps en temps son intérêt éventuel par quelques monosyllabes ou grognements. Et c’est là la raison principale qui fait que les écrivains qui s’adressent à un public incorporel sont peu nombreux. »
La clé à molette , 1978