Auteur
William Irish
Biographie

Irish William, de son vrai nom Cornell Woolrich, naît à New York en 1903, dans une famille aisée. Très tôt pris d'admiration pour l'auteur Francis Scott Fitzgerald, qu'il aimerait égaler, il commence cependant par écrire des nouvelles sentimentales qu'il essaie de faire publier dans des magazines. En 1926 paraît son premier roman, Cover Charge, marqué par l'influence de Fitzgerald. Son deuxième roman lui vaudra d'être engagé comme scénariste à Hollywood. Mais Irish William est un homme de New York, où il retourne rapidement vivre, et qui est l'une de ses plus constantes sources d'inspiration. Jusqu'en 1940, il fait paraître dans des pulp, des magazines américains bon marché, des centaines de nouvelles jusqu'à ce que son troisième roman, La mariée était en noir, soit accepté par un éditeur et rencontre le succès.
À la mort de sa mère avec laquelle il vivait il s'enferme dans une profonde solitude, miné par l'alcoolisme et bientôt la maladie. Il meurt d'une crise cardiaque en 1968.
Irish William connaît un grand succès en France, où il reçoit en 1954 le Grand prix de littérature policière ; François Truffaut adaptera d'ailleurs deux de ses romans au cinéma.

Bibliographie sélective

La mariée était en noir - (1940)
Retour à Tillary Street - (1941)
La Sirène du Mississippi - (1947)
J'ai épousé une ombre - (1948)

Œuvre

Irish William est célébré comme un grand maître du suspense et du roman noir. Il a laissé une œuvre très vaste, constituée de romans et de nouvelles, dans laquelle le cinéma a très souvent puisé. Ainsi, le film d'Alfred Hitchcock Fenêtre sur cour est tiré d'une de ses nouvelles.
Son univers très sombre et pessimiste met en scène des personnages souvent jeunes, innocents malgré une vie déjà difficile, audacieux et toujours prêts à relever les défis du destin. L'écriture de Irish William est toujours d'une grande tendresse à l'égard de ses personnages. L'atmosphère très particulière de ses romans tient aussi pour beaucoup à son amour pour New York.

Citations

« Vous arrêtez les gens, et pour vous c’est la routine. Vous ne pouvez savoir ce qu’on ressent lorsqu’on est dans sa chambre, en sécurité, heureuse, en paix avec la terre entière, et que l’instant d’après on vient vous chercher. On vient chez vous, on vous emmène devant tout le monde, on vous traîne dans la rue jusqu’au bureau de police, et là on vous apprend que vous avez tué un homme ! »
La mariée était en noir , 1940

« La naïveté de la femme, cela fond comme neige au soleil, au contact de la réalité. Mais l’homme naïf, même s’il a été marié dix fois, se retrouvera au terme de sa vie aussi naïf qu’au début. Il n’apprendra jamais rien. »
La Sirène du Mississippi , 1947

« Il était planté là, tête basse, un peu comme à un enterrement, devant un cercueil. Et puis, sans qu’un son eût signalé son approche, sur le sol nu l’ombre ronde d’une petite tête se projeta, de quelque part derrière lui. Puis, le cou apparut, deux épaules. Puis le gracieux délié d’une taille. Après quoi, l’ombre chinoise s’immobilisa. »
La Sirène du Mississippi , 1947

« Il arrive quelquefois qu’une ligne de démarcation tranche une existence en deux. Une ligne nette, presque réelle, comme le trait noir d’un pinceau ou le tracé d’un bâton de craie. Cela arrive quelquefois, mais pas souvent. La vie d’Helen fut ainsi scindée. La ligne fut tracée sous ses pas, quelque part sur le bref parcours, dans le couloir du wagon, entre la fenêtre du compartiment et le marchepied de la voiture, à un moment quelconque, alors que sa silhouette était dérobée aux regards du groupe qui l’attendait sur le quai. »
J’ai épousé une ombre , 1948