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Athènes : la mise en place d'un contexte favorable à la naissance de la démocratie
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Introduction :
Notre démocratie s’inspire de celle d’Athènes, la cité grecque qui a vécu la première expérience démocratique connue au Ve et au IVe siècle av. J.-C. Toutefois, la démocratie athénienne était différente de la nôtre sur de nombreux points. Pour éviter tout anachronisme, il nous faut étudier comment la démocratie s’est mise en place et a duré à Athènes dans l’Antiquité.
Nous étudierons dans un premier temps les étapes de l’installation progressive de la démocratie, puis nous observerons le fonctionnement des institutions démocratiques. Enfin, nous essaierons de comprendre comment les citoyens et les autres habitants participent en pratique à la vie de la cité.
La conquête progressive de la démocratie par une cité grecque
Athènes, une cité grecque
Dans l’Antiquité, les Grecs, installés principalement autour de la Mer Égée, sont divisés en plusieurs centaines d’unités politiques autonomes, appelées cités (polis en grec). Il a pu en exister jusqu’à 1 500.
Cité :
Une cité est une communauté politique autonome formée d’hommes habitant sur un même territoire. Elle se compose d’une ville entourée de murailles et de sa campagne environnante.
Pour souligner la particularité des cités grecques qui sont souveraines, les historiens les désignent parfois également sous le terme de cités-État.
Une cité est le plus souvent composée d’une zone rurale autour d’une zone urbaine.
Dans la zone urbaine, l’agora est le lieu de rassemblement où se rencontrent les citoyens, où se tient le marché et autour duquel se trouvent les principaux édifices de la cité.
La cité d’Athènes se trouve dans la région de l’Attique. Elle tient son nom de la déesse de la sagesse Athéna, divinité protectrice de la cité.
Aux VIIIe et VIIee siècles av. J.-C., la cité d’Athènes est dirigée par une minorité de propriétaires fonciers. Comme la plupart des cités, Athènes est donc une oligarchie.
Oligarchie :
L’oligarchie est un régime politique où le pouvoir appartient à un petit groupe de personnes.
Or, ces élites se considèrent supérieures aux autres citoyens. Athènes est donc à la fois une oligarchie et une aristocratie. Le terme vient du grec ancien : aristoi – les meilleurs – et cratos – le pouvoir.
Aristocratie :
L’aristocratie est un régime politique où le pouvoir appartient à une minorité de personnes qui se considèrent comme supérieures.
Les paysans pauvres de l’Attique contestent cette domination. Au début du VIe siècle av. J.-C., l’homme politique athénien Solon leur accorde l’égalité devant la loi en interdisant la mise en esclavage des citoyens trop endettés.
Athènes a également connu un régime tyrannique durant la seconde moitié du VIe siècle.
Tyran :
Un tyran est un individu qui a pris ou qui conserve le pouvoir illégalement.
Pour nous la tyrannie est un pouvoir arbitraire, absolu et oppressant pour les citoyens. Pour les Grecs de l’Antiquité, le tyran peut être sage.
L’assassinat des tyrans et les luttes entre familles aristocratiques vont ensuite conduire à la mise en place progressive d’un régime démocratique.
La cité d’Athènes a été une oligarchie puis une tyrannie avant de devenir une démocratie au Ve siècle av. J.-C.
L’instauration de la démocratie par réformes successives au Ve siècle av. J.-C.
Au cours du Ve siècle, des réformes successives installent progressivement une démocratie à Athènes.
Démocratie :
La démocratie est un régime politique où le pouvoir appartient au peuple (démos en grec ancien), c’est-à-dire à l’ensemble des citoyens.
Les réformes de Clisthène en 508 et 507 av. J.-C. constituent une étape primordiale de cette évolution démocratique :
Les guerres sont importantes car chaque citoyen est un guerrier.
Les plus riches sont cavaliers ou gradés. Ces derniers sont appelés les triérarques. lls sont chargés de l’entretien et du commandement des trières. Les membres de la classe moyenne sont des hoplites, c’est à dire des fantassins, et les plus pauvres sont rameurs. La cité est basée sur l’idéal du citoyen-soldat selon lequel chaque citoyen doit contribuer à la défense de la cité.
Au cours du Ve siècle av. J-C., d’autres réformes approfondissent la démocratie :
Ostrakon : tesson de poterie qui sert à voter lors de la procédure d’ostracisme. Chaque citoyen inscrit le nom de la personne qu’il veut exiler. ©wallyg Wally Gobetz, avril 2006 – CC BY-2.0
Les réformes démocratiques athéniennes permettent aux citoyens d’exercer le pouvoir. Le régime démocratique s’appuie sur ses citoyens mais aussi sur ses institutions.
La démocratie en fonctionnement
Les institutions démocratiques
À la base du régime, il y a le peuple, demos, c’est-à-dire l’ensemble des citoyens.
Citoyen :
Un citoyen est un membre d’une communauté politique qui peut participer aux décisions concernant cette communauté.
À Athènes, seuls les hommes adultes, nés de parents athéniens et qui ont fait un service militaire sont citoyens.
Ils sont donc une minorité, environ 40 000 (10 % de la population totale). Eux seuls participent aux institutions politiques dans des lieux dédiés dans le centre d’Athènes.
Au final, puisque les citoyens exercent directement le pouvoir dans les différentes institutions, la démocratie athénienne peut être décrite comme une démocratie directe.
Démocratie directe :
Une démocratie directe est une démocratie où les citoyens exercent directement le pouvoir.
La démocratie directe diffère de la démocratie représentative où les citoyens exercent le pouvoir par l’intermédiaire de leurs représentants.
Représentation à vol d’oiseau du centre d’Athènes au Ve siècle av. J-C. On remarque les lieux centraux de la démocratie athénienne : l’agora, lieu de rencontre ; les lieux politiques autour (la boulè, conseil populaire, et le strategion où se réunissent les stratèges) ; le Parthénon, colline des dieux qui veillent sur la cité ; la Pnyx où siège l’ecclesia.
Les principes qui garantissent la démocratie
Au cours des Ve et IVe siècles avant J.-C., la démocratie athénienne doit faire face à de nombreuses crises :
Démagogue :
Un démagogue (littéralement « conducteur du peuple ») est un homme politique qui abuse de son pouvoir de persuasion sur les citoyens.
Pour éviter qu’une minorité ou une personne ne s’empare du pouvoir, les Athéniens cherchent à garantir leurs principes démocratiques :
Le maintien de la démocratie nécessite donc que les citoyens soient actifs.
La participation de la population à la démocratie athénienne
Des citoyens égaux devant la loi mais au pouvoir inégal
Égaux devant la loi, les citoyens n’ont pourtant pas tous le même pouvoir.
En effet, les contraintes de temps et d’argent limitent la participation :
Au final, les citoyens des familles les plus riches occupent la plupart des postes importants.
Leur richesse leur donne aussi des obligations, comme les liturgies. Une liturgie est une obligation pour les Athéniens et les étrangers les plus riches de financer des dépenses publiques. En l’absence d’un impôt régulier, les liturgies permettent à la cité de financer son armée mais aussi ses fêtes.
Les citoyens modestes ont cependant un certain pouvoir sur les élites.
En plus des moyens de contrôle déjà évoqués, ils échangent leurs informations sur l’agora. Ils vont au théâtre débattre sur les questions de société et ainsi construire ou défaire la réputation des hommes politiques, par les huées et les rumeurs.
La vie démocratique des citoyens athéniens ne s’arrête donc pas à la Pnyx, où siège l’ecclesia, ou à la boulè. De même, les habitants qui ne sont pas citoyens ont parfois des moyens de participer à la vie de la cité.
Photographie des ruines de la Pnyx, avec l’Acropole en arrière-plan. À droite se trouve la tribune des orateurs. Face à elle, l’espace où pouvaient siéger seulement 6 à 8 000 citoyens sur les 40 000 que compte la cité. Source : ©Tomisti - CC BY-SA 4.0
Les rôles des femmes, des métèques et des esclaves
La citoyenneté athénienne repose sur la participation aux institutions politiques. Toutefois, elle donne également d’autres droits, comme la participation aux processions et aux sacrifices religieux, la liberté d’aller sur l’agora ou dans les temples.
Citoyenneté :
La citoyenneté est le fait pour un individu d’être reconnu comme membre d’une communauté politique et de pouvoir participer aux décisions de cette communauté. Elle est souvent basée sur les droits politiques mais peut varier selon les régimes et les époques.
Les femmes et les métèques ne peuvent pas participer aux institutions politiques, mais peuvent néanmoins accéder à certains des privilèges qui composent la citoyenneté.
Les étrangers libres qui vivent et travaillent en Attique sont appelés métèques. Ils paient un impôt particulier et ne peuvent être propriétaires du sol. Toutefois ils sont protégés par la loi et admis au théâtre.
Les femmes sont soumises à l’autorité de leurs pères ou de leurs maris. Cependant, elles font partie de la communauté civique (l’ensemble des citoyens, des futurs citoyens et de celles qui transmettent la citoyenneté) car, depuis la réforme de Périclès en 451, n’est citoyen que celui qui est né d’un père citoyen et d’une mère fille de citoyen. Par ailleurs, elles peuvent avoir des charges religieuses, qui sont importantes car la cité se pense reliée aux dieux. Ainsi, c’est une femme qui est prêtresse d’Athéna.
Les esclaves, eux, sont totalement exclus des privilèges de la citoyenneté car leur statut est celui de propriété de leurs maîtres.
Comme dans toutes les cités, les esclaves sont essentiels à l’économie. Ils forment 30 à 40 % de la population. Certains sont des esclaves publics employés par la cité à des tâches administratives et au maintien de l’ordre.
Scène centrale du côté est de la frise des Panathénées (hauteur : 1m). De gauche à droite : deux jeunes filles portant tissu et tabouret ; prêtresse d’Athéna ; magistrat chargé des affaires religieuses, tenant la tunique qui sera remise à la statue d’Athéna ; jeune homme. Fragment conservé au British Museum. ©Twospoonfuls CC BY 3.0
Conclusion :
Après une période d’oligarchie et de tyrannie, dans un contexte de guerres, les Athéniens ont progressivement construit au Ve siècle av. J.-C. un régime démocratique où les citoyens exercent directement le pouvoir. Grâce à ses institutions et au contrôle des élites par le peuple, la démocratie s’est maintenue jusqu’à la défaite face à l’empire macédonien d’Alexandre le Grand à la fin du IVe siècle. En dehors de la minorité de citoyens, les autres habitants libres de la cité, femmes et métèques, n’ont eux pas de droits politiques mais participent à la vie de la cité, en particulier sur le plan religieux.