Des territoires d'Afrique australe transformés par les mobilités

Des mobilités aux causes multiples

Les mobilités contraintes

  • En Afrique australe, les mobilités contraintes sont anciennes et ont des effets qui se lisent encore aujourd'hui.
  • XVIe siècle : premiers métissages avec les colonies fondées par les Portugais et européens et peuplées par ces habitants de l’Inde ou de l’Indonésie. Des groupements de population s’établissent le long des côtes.
  • Au début du XIXe siècle : le roi Zoulou Shaka opère de violentes razzias sur les ethnies ennemies : importants mouvements de population qui expliquent le sous-peuplement de l’intérieur de l’Afrique du Sud et le peuplement des marges du pays.
  • XXe et XXIe siècles : les mobilités contraintes prennent la forme de flux de réfugiés.
  • L’Afrique du Sud (moteur économique de la région, seul pays émergent du sud de l’Afrique) est logiquement le pays le plus attractif. D’après le gouvernement sud-africain, le pays compterait 65 000 réfugiés et 230 000 demandeurs d’asile en 2015 (Somalie, République démocratique du Congo, Angola ou d’Éthiopie).
  • Il existe ainsi une forte xénophobie dans le pays. En 2008, des attaques de grande ampleur ont eu lieu contre des réfugiés dans plusieurs provinces du pays.
  • D’un point de vue légal, les réfugiés bénéficient d’une totale liberté de mouvement et un accès libre à la santé et à l’éducation. En revanche, les permis de travail restent difficiles à obtenir.

Les mobilités de travail

  • En Afrique australe, les mobilités de travail sont majoritairement dues à la mise en place du système minier, sur lequel les colons européens ont mis la main dès le XIXe siècle.
  • La présence de mines dans des États peu développés et offrant peu de possibilités d’évolution sociale par le travail entraine des flux migratoires spécifiques.
  • En Afrique du Sud, ces migrations sont généralement temporaires et masculines. Au fur et à mesure, l’origine des migrants s’est diversifiée car les mines recrutent dans les États voisins (sud du Mozambique ou Malawi).
  • La différence de développement économique entre l’Afrique du Sud et les autres États d’Afrique australe génère une forme de xénophobie parmi la population (crainte de pressions sur le salaire et d’une concurrence sur le marché du travail), ce qui explique en partie les résistances à la mise en place d’une organisation de libre-échange comme la SADC.
  • Le discours xénophobe est repris dans les médias et par plusieurs personnalités politiques de premier plan. Les violences de 2015 contre les étrangers ont causé la mort de 7 personnes.

Les mobilités touristiques

  • En Afrique australe, les mobilités touristiques sont liées en majorité au tourisme de safari et aux réserves. Il existe des formes de tourisme de masse mais aussi de l’écotourisme.
  • Les ressources naturelles et culturelles du continent africain sont très importantes, mais le manque d’infrastructures dans certains territoires peut faire obstacle au développement de l’offre touristique.
  • La bonne intégration de l’Afrique du Sud aux logiques de la mondialisation est un atout pour capter de nouvelles richesses. Le pays était la première destination touristique du continent africain en 2017, mais seulement 55e sur le plan mondial (Namibie 82e, Mozambique 122e).
  • L’offre touristique s’y diversifie avec le développement récent d’offres de « scalpel-safari », cherchant à capter des flux touristiques en provenance de pays développés à fort pouvoir d’achat. L’Afrique du Sud est pionnière dans ce domaine.
  • Les flux touristiques en Afrique du Sud sont très localisés et restent peu développés comparativement à d’autres régions du monde.

Les effets des mobilités sur les territoires

  • Les ségrégations socio-spatiales, qu’on trouve dans toute l’Afrique australe, sont renforcées.
  • Les inégalités de richesses entre les pays expliquent les flux migratoires, contraints ou économiques.
  • À l’échelle des pays, le territoire est aussi organisé selon des logiques socio-économiques et laisse apparaitre des inégalités marquées, liées à l’histoire, la colonisation, ou au développement d’industries.
  • Les territoires à l’intérieur des États restent fortement marqués par les logiques ethniques.
  • On distingue 4 ensembles de peuplement majoritaire en Afrique du Sud : les populations noires (env. 80 % de la population divisé en de nombreuses ethnies), les populations blanches (env. 9 %), les Coloured, les populations asiatiques.
  • Les métropoles sont marquées par une importante fragmentation. C’est d’autant plus le cas en Afrique du Sud en raison de l’héritage de l’apartheid (bidonvilles, et gated communities).
  • On assiste au développement de tensions entre tourisme, populations locales et protection de l’environnement.
  • Les mobilités touristiques sont des mobilités choisies qui sont majoritairement le fait de populations aisées et occidentales. Les États d’Afrique australe comptent sur cette manne financière importante pour accompagner leur développement économique.
  • Aujourd’hui, le tourisme est un des facteurs majeurs de croissance économique en Afrique australe.
  • Cependant, en raison d’impératifs économiques, les mobilités des touristes ne sont pas celles des populations locales.
  • Au sein même des mobilités touristiques, certains lieux restent mieux intégrés économiquement et profitent de davantage de visiteurs. Malgré la création des parcs transfrontaliers (TPP), les espaces de réserves sauvages restent plus ou moins accessibles (certains ont une meilleure accessibilité en transport, de meilleurs relais publicitaires, une meilleure image du pays hôte, etc.).