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L'aménagement et la valorisation des milieux d'Afrique australe
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Introduction :
L’Afrique australe regroupe un ensemble de pays très différents d’un point de vue culturel et historique. Elle se caractérise par une grande diversité de milieux, exploités pour leurs ressources et soumis à une pression accrue. Les défis de ce territoire sont nombreux, qu’ils soient démographiques, alimentaires, sanitaires ou liés aux contextes politiques et à certains choix de développement. Ainsi, les écarts de développement sont importants entre des pays émergents et intégrés à la mondialisation et d’autres au développement très insuffisant.
Nous verrons dans une première partie quelles sont les caractéristiques générales, politiques et environnementales de l’Afrique australe. Ensuite, nous nous intéressons aux différents acteurs qui aménagent et valorisent ces territoires. Enfin, nous étudierons les finalités de l’aménagement de ces espaces et les défis auxquels ils sont confrontés.
L’Afrique australe : caractéristiques générales
Définir l’Afrique australe
L’Afrique australe (sud du continent africain) correspond aux pays africains situés sous la forêt équatoriale africaine. Ce sous-continent représente 4,7 millions de km² et 137 millions d’habitants (dont 57 millions de Sud-africains, soit venant d’Afrique du sud). La totalité du territoire se situe dans l’hémisphère sud (c’est-à-dire au sud de l’équateur).
L’Afrique australe comprend 10 pays du sud du continent africain : Afrique du Sud, Angola, Botswana, Lesotho, Malawi, Mozambique, Namibie, Eswatini (ancien royaume du Swaziland), Zambie et Zimbabwe. Certains y ajoutent les îles africaines de l’Océan indien : Madagascar ou Maurice.
Les frontières de ce sous-continent sont discutées et peuvent changer, compte tenu de l’instabilité de la région.
Pour la plupart des géographes , l’Afrique australe correspond aux pays sous influence du « géant » économique de la région : l’Afrique du Sud.
Si l’Afrique du Sud est bien un pays émergent, la totalité de sa population ne bénéficie pas de son dynamisme économique. Il existe de fortes disparités socio-spatiales au sein du territoire, notamment dans les bantoustans. Ces espaces correspondent pendant l’apartheid à la séparation dans l’espace public des populations noires et des populations blanches. Depuis la fin de cette ségrégation, les habitants continuent de subir de fortes discriminations. Ces territoires se gèrent eux-mêmes et reçoivent des allocations de la part du gouvernement.
L’Afrique australe comprend des États divers, du point de vue démographique et économique. Qu’en est-il des milieux ?
Typologie des milieux
Centre-ville et port du Cap ©Andrew Massyn
Paysage du Kalahari, Namibie ©Elmar Thiel – CC BY-SA 3.0 DE
Ces milieux géographiques abritent une faune et une flore particulières. De nombreux safaris sont organisés pour permettre aux touristes, souvent occidentaux, de les observer.
L’Afrique australe regroupe une diversité d’acteurs qui aménagent et valorisent ces milieux. Les États africains eux-mêmes y jouent un rôle prépondérant. Cependant, le continent fait face à des pressions exogènes (de l’extérieur) avec notamment une présence accrue de la Chine.
Les acteurs de l’aménagement en Afrique australe
Le rôle de l’État dans l’aménagement du territoire
Aménager un territoire, c’est faire en sorte que chaque habitant du pays ait accès aux mêmes services et aux mêmes équipements. Dès lors, la capacité des États à aménager et valoriser le territoire dépend de leur richesse économique.
Or, l’Afrique australe est un ensemble de pays au développement économique inégal.
L’Afrique du Sud est le seul membre africain des BRICS, le regroupement des pays émergents, aux côtés de la Chine, de l’Inde, du Brésil et de la Russie.
BRICS :
L’acronyme BRICS signifie Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud (South Africa en anglais). Ces cinq pays émergents se regroupent dans des sommets internationaux dédiés depuis 2011, pour évoquer leurs problématiques communes en matière économique.
Pays émergent :
Un pays émergent est un pays qui réunit trois caractéristiques :
Son économie est dynamique et l’Afrique du Sud reste le vrai moteur de la région :
Parmi les autres États d’Afrique australe, les situations sont diverses :
PMA – Pays les moins avancés :
Les PMA sont les pays les plus pauvres de la planète, selon les critères de développement de l’ONU. 47 pays appartiennent à cette catégorie et la grande majorité sont situés en Afrique subsaharienne. L’Angola, le Lesotho, le Malawi, le Mozambique et la Zambie sont les cinq PMA d’Afrique australe.
Ces inégalités de développement entraînent des difficultés plus ou moins fortes à valoriser les territoires. Les modes de valorisation vont dépendre :
Le littoral indien correspond au littoral bordant l’Océan indien en Afrique du Sud. Aujourd’hui, 42 % de ce littoral est en zone protégée. Cela signifie que l’accès aux plages est payant et que la sécurité y est garantie. Les prix de l’immobilier sur la côte atteignent par endroits des prix équivalents à ceux des pays occidentaux. Dès lors, on voit que le choix des aménageurs a été de cibler l’accessibilité d’une population riche sur cet espace naturel, exceptionnel pour la beauté de ses paysages et pour ses ressources.
Depuis deux décennies, la faiblesse institutionnelle de certains pays africains a favorisé la venue de nouveaux acteurs économiques.
Les investissements étrangers : atout ou contrainte ?
L’Afrique australe est composée de pays en voie de développement (à l’exception de l’Afrique du Sud). Ces pays ont des atouts nombreux qui suscitent la convoitise d’autres États, plus solides économiquement :
Ainsi, certaines puissances étrangères investissent massivement en Afrique subsaharienne. On peut y voir un apport en capitaux bienvenu dans ces pays au développement humain insuffisant. En effet, certains investissements étrangers permettent par exemple la construction d’hôpitaux ou d’écoles.
Cependant, les investissements étrangers peuvent aussi être une façon de s’emparer des richesses de ces territoires.
Prenons l’exemple de la ville de Maputo, au Mozambique , où se trouve une usine d’aluminium du nom de Mozal. Son capital appartient à près de 100 % à des groupes étrangers :
Certes, Mozal emploie localement des travailleurs mozambicains. Cependant, l’encadrement est en partie étranger et l’entreprise bénéficie d’avantages de la part du gouvernement, comme des tarifs d’électricité avantageux. Cet exemple montre qu’une entreprise stratégique comme Maputo enrichit d’abord les investisseurs étrangers mais n’apporte que peu de richesses au Mozambique et à sa population.
Les acteurs de l’aménagement en Afrique australe sont donc endogènes et exogènes (interne et externes au pays). Les finalités de l’aménagement de l’espace divergent selon les acteurs, les capacités de l’État et les atouts de chaque territoire.
Quels sont les buts de la valorisation du territoire en Afrique australe ?
La question des parcs nationaux
Les acteurs étatiques jouent un rôle majeur dans l’aménagement de parcs nationaux.
Ces parcs nationaux, ou « réserves », ont un triple objectif, parfois contradictoire :
Pour les populations noires, ces parcs peuvent évoquer le passé colonial et l’apartheid puisqu’il s’agirait de préserver la nature pour en faire profiter les populations riches blanches lors de leurs loisirs. Certains utilisent le terme d’« Apartheid vert » pour qualifier une certaine sanctuarisation des espaces naturels en excluant les populations d’origine. Parfois, ces populations restent sur place mais leur mode de vie est « muséifié », « figé » dans des cultural villages (« villages culturels ») pour divertir les touristes.
Image du Lesedi Cultural Village, Afrique du Sud, 2015 ©South African Tourism – CC BY 2.0
Les réserves sont aussi un outil géopolitique. Les parcs forment des « frontières » entre les États. Ainsi, l’Afrique du Sud a créé dans les années 1990 des parcs qui dépassent les frontières sud-africaines en vue de favoriser les coopérations interétatiques (entre états) sur ce sujet. On appelle ces parcs des TPP (Transfrontier conservation areas de la Peace Parks Fundation – Aires de conservation transfrontalières de la Fondation Peace Parks). Le premier est celui de Kgalagadi entre l’Afrique du Sud et le Botswana. Ces parcs permettent d’attirer les touristes dans les pays jugés moins attractifs que l’Afrique du Sud.
Le parc Kruger est la plus grande réserve animalière d’Afrique du Sud. Il est aujourd’hui regroupé avec le Parc national Gonarezhou au Zimbabwe et avec le Parc national Limpopo au Mozambique. Ensemble, ils forment le Parc transfrontalier du Limpopo sur environ 1 million d’hectare. Il a été reconnu comme « réserve de biosphère » par l’Unesco en 2001.
Par ces aménagements qui dépassent les frontières, les États peuvent profiter de la manne financière que constitue le tourisme. De plus, cela limite les risques de conflits entre les États car ils ont désormais un intérêt économique à s’entendre.
L’économie touristique est une manne financière importante pour certains pays d’Afrique australe. Cependant, elle favorise l’Afrique du Sud, déjà intégrée à la mondialisation.
S’intégrer à la mondialisation
On a déjà évoqué la très inégale intégration des différents pays aux logiques de la mondialisation.
Ainsi, ces différentes mesures ont permis d’améliorer les conditions de vie des Sud-africains mais aussi de voir apparaitre une nouvelle classe aisée noire, surnommée les Black Diamonds.
Malgré ces différentes politiques et la suppression de l’apartheid, de grandes disparités économiques existent toujours entre les populations noires et les populations blanches en Afrique du Sud.
Plus généralement, les gouvernements post-apartheid ont mis en place des politiques économiques ciblées, cherchant à attirer les investisseurs internationaux. Cependant, ces politiques ont favorisé des lieux déjà développés ou en croissance (métropoles, littoraux). Ainsi, on peut constater que les espaces intégrés à la mondialisation sont ceux qui profitent déjà à une population favorisée.
IDE – Investissements directs étrangers :
Les IDE sont les flux de capitaux internationaux destinés à créer ou développer une entreprise à l’étranger.
Ainsi, la plupart des pays d’Afrique australe peuvent être qualifiés de marges.
Marge :
En géographie, une marge est un espace qui n’est pas intégré au système auquel il appartient. Dans le cas des PMA d’Afrique australe, les marges seraient les États qui ne sont pas intégrés à la mondialisation.
Le risque pour ces PMA est de devenir des « pays rentiers », c’est-à-dire subsistant grâce à l’économie générée par une seule ressource. Ce type d’économie est un danger pour les populations sur le long terme.
L’Angola est un exemple de cette économie de rente. L’exploitation du pétrole représentait 45 % du PIB du pays en 2012 et plus de 90 % des revenus d’exportation. Le pays est totalement dépendant du pétrole. Ainsi, dans l’hypothèse d’une disparition de la ressource pétrolière, l’économie entière du pays s’effondre. De plus, le pétrole est exploité par des entreprises internationales qui font venir leurs ingénieurs pour travailler en Angola. Le développement de l’industrie pétrolière ne profite donc pas réellement aux populations locales. Cela est d’autant plus vrai dans les pays qui n’apportent pas une éducation suffisante à leurs citoyens. Ainsi, la population angolaise demeure très pauvre et le pays est considéré par l’ONU comme un PMA.
Ainsi, on voit qu’aujourd'hui les pays en voie de développement cherchent à intégrer leur économie aux logiques de la mondialisation. Cependant, les pays d’Afrique australe rencontrent des difficultés diverses :
Conclusion :
Pour conclure, l’Afrique australe est un ensemble géographique multiforme. Les États présentent des niveaux de développement économique et humain divers. Certains sont marqués par une histoire complexe, violente et douloureuse qui se lit encore par le biais des ségrégations socio-spatiales. Les inégalités impactent les possibilités d’aménagement du territoire. Les finalités de cet aménagement dépendent des atouts de chaque espace, de la volonté des pouvoirs publics mais aussi de nouveaux acteurs exogènes comme la Chine qui investissent directement sur les territoires. Les conséquences pour les pays concernés sont tantôt positives (apport de capitaux) tantôt discutables (captation de ressources).