L’importance de la ville dans le roman policier

La ville comme cadre réaliste et créatrice d’ambiance

  • Le milieu urbain fait partie intégrante du roman à suspense. Il permet à l’intrigue d’être ancrée dans des lieux géographiques qui paraissent réalistes (topographie).
  • Le thriller a souvent une fonction double : il est à la fois un roman à énigme et un roman qui crée des frissons (La Promesse des ténèbres, Maxime Chattam).
  • À la manière d’un réalisateur, le romancier s’inspire d’un quartier réel pour implanter son histoire. La description détaillée offre donc un contexte réaliste à l’histoire et l’accrédite.
  • Le romancier s’appuie également sur ce cadre spatial afin de créer une atmosphère. Le décor que le lecteur s’imagine donne le ton du roman.
  • Bien plus qu’un décor, la ville facilite également l’identification au héros. Quand les lieux sont réels, le lecteur peut se représenter le détective et ses déplacements (dans les aventures de Sherlock Holmes, de sir Arthur Conan Doyle par exemple).
  • Le roman policier s’appuie donc sur le décor urbain afin de créer une atmosphère particulière. Il sert l’histoire et l’illustre. Il y a alors comme une coordination parfaite entre le cadre urbain et l’histoire racontée.

La ville comme entité malfaisante

  • L’espace urbain est intimement lié au roman noir, les décors urbains choisis sont sombres et sordides à l’image de la violence qui règne dans le polar.
  • Les auteurs américains constatent au XIXe siècle la croissance accélérée et incontrôlée des grandes villes telles que Chicago, New York ou Los Angeles.
  • Ces villes sont, de plus, soumises aux violences d’un banditisme de grande échelle. Les auteurs de romans noirs vont alors créer un modèle romanesque si cohérent qu’il va devenir une référence, un standard amené à s’imposer.
  • Dans le roman noir, l’action se situe dans la ville contemporaine. La corruption règne et les exactions de malfrats restent impunies, couvertes par les pouvoirs en place (L.A. confidential, de James Ellroy) Pour décrire et coller au plus près à cet univers brutal, le langage devient familier, c’est une écriture au style brut.
  • Le décor urbain est composé d’éléments qui élaborent un cadre sombre et propice à la brutalité. On trouve par exemple des rues désertes, un terrain vague, un entrepôt abandonné, un quartier mal famé ou des souterrains. La nuit et la pluie complètent le plus souvent le tableau.
  • La ville devient un personnage effrayant à part entière, on trouve alors fréquemment des personnifications de la ville.
  • Par ailleurs, le quartier sinistre est souvent en périphérie de la ville. Le héros peut également être amené à se trouver dans un entrepôt désaffecté. L’espace vide et laissé à l’abandon offre une ambiance particulière. Le personnage peut se sentir perdu, sans repère. C’est alors l’absence de ville dans la ville qui crée un effet inquiétant et une ambiance pesante.

Le roman policier : un prétexte pour décrire le milieu urbain

  • Au XXe siècle, Georges Simenon est l’un des premiers auteurs français de romans policiers à décrire l’ambiance urbaine.
  • Il offre au lecteur une véritable plongée dans l’environnement et la vie quotidienne de personnages évoluant dans divers milieux et diverses classes sociales.
  • Le roman noir a ainsi progressivement glissé vers le roman policier sociologique. Il décrit minutieusement le décor urbain et propose au lecteur de découvrir tout un univers sociologique.
  • Le roman policier moderne a donc un aspect journalistique, ce qui n’est pas surprenant puisque des auteurs comme Georges Simenon et Stieg Larsson étaient eux-mêmes journalistes.
  • Dans les aventures de Nicolas Le Floch, une série de romans policiers historiques de Jean-François Parot, un commissaire de police au Châtelet dans le Paris des années 1760 est mis en scène. La ville de Paris est présentée tour à tour comme une ville rassurante et comme une ville angoissante et dangereuse.
  • L’auteur est un historien : son roman est une véritable immersion dans le Paris du XVIIIe siècle.
  • L’enquête policière côtoie ainsi une ville vivante, en mouvement, et la révèle dans toute sa complexité. Ainsi, l’intrigue policière s’implante dans une véritable étude de la ville, un travail minutieux dans lequel réside tout l’intérêt de la série de romans.