Le manque de qualifications : une des causes du chomage

Introduction :

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le taux de chômage des non-diplômés est quatre fois supérieur à celui des diplômés d’un niveau supérieur à bac+2. Le diplôme apparaît ainsi comme un atout pour accéder à l’emploi.
Les jeunes sans qualifications sont les plus exposés. Leur taux de chômage est le plus fort (39,2 %).

Que cachent ces données chiffrées ? Est-il encore possible d’intégrer le marché du travail sans qualification ? Quelles sont les populations les plus concernées par ce phénomène ?

Nous allons tenter de répondre à ces questions en mettant dans un premier temps en relation le marché du travail et le niveau de diplôme. Ensuite, nous étudierons les populations considérées comme vulnérables et nous verrons que le manque de diplôme n’est pas la seule cause possible du chômage.

La relation entre le marché du travail et le niveau de diplôme

Les concepts fondamentaux

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Définition

Marché du travail :

Le marché du travail est souvent appelé « marché de l'emploi » : c’est le lieu de rencontre des employeurs (demande de travail) et des futurs salariés (offre de travail). C’est sur ce marché du travail qu’est fixé le montant de la rémunération du travail (le salaire).

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Attention

En économie, les salariés offrent leur travail (leur force de travail) et les entreprises demandent du travail. Par contre, on parlera d’« offre d’emploi » de la part des entreprises et de « demande d’emploi » de la part des salariés.

Si le marché du travail était à l’équilibre (autant d'emplois disponibles que de personnes en recherche d'emploi), on parlerait de plein emploi. Cela sous-entendrait que toutes les personnes qui offrent leur force de travail ont trouvé une entreprise pour ce travail contre rémunération (salaire proposé).
Or, ce plein emploi est rarement réalisé. Il existe donc des populations qui souhaitent travailler mais qui ne trouvent pas d’entreprises prêtes à les embaucher.
Ce phénomène s’appelle le chômage.

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Définition

Chômage :

Selon le BIT (Bureau international du travail), une personne est considérée comme étant au chômage si :

  • elle est sans emploi (ne pas avoir travaillé au moins une heure durant la semaine de référence) ;
  • elle est disponible pour prendre un emploi dans les 15 jours ;
  • elle a activement cherché un emploi dans le mois précédent la semaine de référence.
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Attention

  • La période de référence correspond au nombre de jours pendant lesquels le salarié doit avoir travaillé et cotisé, pour prétendre à une indemnité financière.
  • Un chômeur au sens du BIT n’est pas forcément inscrit à pôle emploi (et inversement).

Le taux de chômage se calcule par rapport au nombre d’entrées et de sorties sur le marché du travail (par exemple, les départs à la retraite, les créations ou disparitions d’entreprises, la diminution des emplois industriel).

L’INSEE calcule régulièrement le taux de chômage parmi la population active :

$$\dfrac{\text{nombre de chômeurs}}{\text{population active}}$$

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Définition

Population active :

La population active désigne l’ensemble des personnes exerçant ou cherchant à exercer une activité professionnelle rémunérée.

On peut ainsi calculer différents taux de chômage.

  • Par exemple, le taux de chômage des femmes se calculera de la manière suivante : $$\dfrac{\text{nombre de femmes au chômage}}{\text{population active des femmes}}$$

  • Le taux de chômage des jeunes, lui se calculera ainsi : $$\dfrac{\text{nombre de chômeurs parmi les 15-24 ans}}{\text{population active des 15-24 ans}}$$

En 2017, le taux de chômage des jeunes s’établissait à 22,3 %, alors que le taux de chômage de l’ensemble de la population active s’élevait, lui, à 9,5 %.

La situation face au marché du travail est donc préoccupante pour les jeunes, mais encore plus si l’on se concentre sur leur niveau de diplôme.

La relation entre le taux de chômage et le niveau de diplôme

En 1987, le taux de chômage des non-diplômés était deux fois plus élevé que celui des diplômés. En 2017, il est presque quatre fois plus élevé.

évolution du taux de chômage selon le niveau de diplome

Ce graphique illustre parfaitement la situation. On remarque très nettement l’explosion du chômage des personnes sans diplôme à partir de 2009 (courbe rose).
Il existe donc bien une corrélation entre le niveau de diplôme et le taux de chômage.

De la même manière, on peut constater des différences en matière de chômage en fonction du niveau de diplôme et de l’âge.

évolution du taux de chômage selon le diplôme et l’âge

D’après ce graphique, on constate que parmi les 15-24 ans (données en bleu) sans aucun diplôme, le taux de chômage s’établit à presque 40 %, alors que pour cette même tranche d’âge, le taux est d’environ 28 % pour ceux qui ont un brevet des collèges, d’environ 21 % pour ceux qui ont un CAP ou BEP, et que ce taux tombe à 8 % pour les diplômés du supérieur.
Ces conclusions sont identiques quelle que soit la tranche d’âge étudiée.

  • Cela sous-entend que le manque de diplôme continue d’avoir un impact, que ce soit chez les jeunes ou les plus âgés.
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À retenir

Ainsi, on peut en constater que le diplôme est une arme essentielle pour intégrer le marché du travail.
Ne pas avoir de diplôme augmente grandement le risque de se retrouver au chômage.

Les populations sans diplômes peuvent accéder à l’emploi. Toutefois, comme nous allons le voir, les conditions de cet emploi sont parfois contraignantes.

Les types d’emplois occupés par les populations peu diplômées

D’après une étude du ministère de l’Éducation, un jeune sur dix âgé de 18 à 24 ans a terminé ses études sans avoir obtenu un diplôme du second cycle de l’enseignement secondaire, et seulement 45 % d’entre ces jeunes ont un emploi. De plus, ces emplois sont majoritairement précaires.

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Définition

Emploi précaire :

Il s’agit de tous les emplois qui ne sont pas à contrat de durée indéterminée. Cela concerne donc l’intérim, les contrats à durée déterminée, l’apprentissage et les contrats aidés. Ces emplois supposent une instabilité du contrat.

L'emploi précaire ne permet pas d'accéder à un niveau de vie acceptable, en raison d'une rémunération minimale et de l'incertitude de l'avenir professionnel.

Statut de l’emploi des jeunes travailleurs selon le niveau de diplôme
Unité : %

Sans diplôme ou brevet CAP, BEP Bac Bac + 2 Supérieur à bac + 2 Ensemble
Non salariés 4,1 4,1 8,9 8,3 8,3 7,5
Salariés 95,9 95,9 91,1 91,7 91,7 92,5
- dont CDD et intérim 34,1 22,2 17,5 11 10,2 12,8
- dont CDI du privé 56,7 64,5 62,5 63,5 60,5 61,9
- dont CDI du public 5,1 9,2 11,1 17,2 21 15
Ensemble 100 100 100 100 100 100

Source : Insee, données 2014 - © Observatoire des inégalités

Ce tableau permet de mettre en évidence la relation entre le niveau de diplôme et le type d’emploi.
On notera, par exemple, que parmi les non-diplômés ayant un emploi de salarié, 34,1 % sont en situation de CDD ou en intérim, alors que le taux est de 10,2 % pour ceux qui ont un diplôme supérieur à bac + 2.

Le plus inquiétant est notamment l’évolution de cet emploi précaire.

évolution de la part d’emplois précaires selon le niveau de diplôme

La courbe orange de ce graphique met en évidence ce constat.

  • Les sans diplôme sont ceux qui ont le plus été touchés par la montée de la précarité depuis les années 1980.

Les jeunes sans diplôme sont donc soumis pour une grande partie de leur vie active à la précarité. Même si à terme ils accèdent à des emplois stables, leur situation est souvent différente de ceux qui ont un diplôme de l’enseignement supérieur par exemple.

On peut noter cependant que, bien qu’en France le culte du diplôme soit très ancré, travailler sans diplôme n'est pas mission impossible. Volonté, motivation et détermination sont des critères indispensables.
Cela suppose aussi d'optimiser toutes les TRE (techniques de recherche d'emploi). La remise à niveau et les formations courtes sont des dispositifs qui peuvent être proposés aux personnes les plus fragiles. Pôle emploi et les missions locales sont des partenaires incontournables.
L'Intérim peut offrir des opportunités, et l'alternance est également un créneau à explorer (jusqu'à l'âge de 30 ans). Enfin, la validation des acquis de l'expérience (VAE) est aussi un dispositif qui permet d'aborder le marché de l'emploi.

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À retenir

De façon générale, le diplôme protège à la fois contre le chômage et contre l’emploi précaire.
Toutefois, s’il est certes un gage de sécurité, les politiques gouvernementales tendent à valoriser et développer les parcours des demandeurs d'emploi non diplômés, qui possèdent malgré tout des savoirs, savoir-faire et compétences, qui sont autant de signaux d’employabilité.

  • Par exemple, un jeune qui a suivi une formation sans obtenir de certification, n'est pas sans compétences. Il doit savoir mettre en évidence ses savoirs, savoir-faire et compétences acquis lors de périodes de stages.

Après avoir montré que le manque de diplôme était un frein à l’emploi (en particulier à l’emploi dit « stable ») et qu’il augmentait le risque d’être au chômage, nous allons essayer de cerner quelles sont les caractéristiques des populations au chômage.

Les caractéristiques des populations vulnérables

Comme nous l’avons vu, le taux de chômage en France s’élève fin 2018 à 9,1 %, et parmi ces chômeurs, nous trouvons les populations peu diplômées et jeunes, mais pas seulement.
Existe-t-il une vulnérabilité différente face au chômage en fonction du sexe, de la catégorie sociale, de l’origine sociale ?

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Définition

Vulnérabilité :

Situation de fragilité face à des risques socio-économiques (chômage).

Le taux de chômage en fonction du sexe

évolution du taux de chômage selon le sexe

Le graphique ci-dessus met en relation ces deux variables.
Deux constats s’imposent :

  • Le taux de chômage des femmes est supérieur à celui des hommes jusqu’en 2012. Par exemple, dans les années 1990, il est 1,7 fois supérieur à celui des hommes.
  • Depuis 2012, le taux de chômage des hommes est supérieur à celui des femmes. Néanmoins, cette évolution ne nous dit rien sur les caractéristiques des emplois détenus par chacun des deux sexes.

En effet, les femmes ont des emplois majoritairement dans le secteur tertiaire, dans la distribution ou dans l’enseignement par exemple. De plus, elles sont surreprésentées dans les emplois non qualifiés et à temps partiel. Ce temps partiel, souvent contraint, est quatre fois plus fréquent que chez les hommes.

Il faut également noter que certaines femmes n’arrivant pas à trouver un emploi sortent des chiffres du chômage.

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À retenir

Il a donc existé une différenciation sexuelle en matière de risque de tomber au chômage jusqu’en 2012. Les femmes sont toujours considérées comme une population plus vulnérable dans la mesure où les postes occupés sont des emplois souvent peu qualifiés (part de cadres moins importante chez les femmes que chez les hommes), moins rémunérateurs, précaires et massivement à temps partiel. Les expériences professionnelles des femmes sont souvent moins valorisées en raison d'interruption de carrière plus fréquentes (maternité, congé parental).
On peut toutefois noter que les choses évoluent ces dernières années, compte tenu en particulier du niveau de diplôme de plus en plus élevé de cette population féminine.

Taux de chômage et catégorie sociale

évolution du taux de chômage selon la catégorie sociale

Au regard de ce graphique, on observe plusieurs choses.

  • Le taux de chômage a considérablement augmenté depuis 2007, mais connaît une inflexion en 2017 ;
  • On observe deux types de catégories sociales touchées différemment par le chômage. D’un côté, les cadres et les professions intermédiaires (taux de chômage aux alentours de 5 % en 2017) et de l’autre les employés, ouvriers qualifiés et ouvriers non qualifiés (taux de chômage supérieur ou égal à 10 %) ;
  • Cette augmentation n’a pas touché les catégories sociales de la même manière. On constate, en effet, que les ouvriers non qualifiés ont un taux de chômage nettement supérieur aux autres catégories sociales (18 % en 2017 contre 3 % pour les cadres).
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À retenir

Il existe bien un lien entre la catégorie sociale et le taux de chômage. Les populations les moins qualifiées, comme les ouvriers et les employés, sont plus touchées par le chômage, et cela malgré la baisse visible depuis 2017.

Taux de chômage et origine sociale

Taux de chômage selon l’origine et le sexe
Unité : %

Hommes Femmes Ensemble
Français nés en France 8,7 8,5 8,6
Immigrés 15,6 17,1 16,3
- dont nés dans l’Union européenne 8,1 8 8
- dont nés hors de l’Union européenne 18 21 19,3
Ensemble 9,5 9,3 9,4

Champ : actifs de 15 ans ou plus. Chômage au sens du BIT.
Source : Insee, données 2017 - © Observatoire des inégalités

D’après ce tableau, le taux de chômage des immigrés nés hors de l’Union européenne est de 19,3 % en 2017 contre 8,6 % pour les Français nés en France. L’une des principales explications de ces différences provient d’un niveau de diplôme différent. Néanmoins, d’autres explications peuvent être apportées, comme le fait que ces populations ne peuvent pas avoir accès à certains emplois si elles n’ont pas la nationalité française (policier, enseignant…).
Bien que la loi soit protectrice, il existe également, dans une moindre mesure, des discriminations à l’embauche, qui peuvent concerner l’origine d’une personne, mais aussi son sexe, son âge, sa religion, etc.

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À retenir

L’origine sociale des populations est donc potentiellement l’une des causes du chômage, du fait de différences d’accès à certains emplois, mais aussi du fait de potentielles discriminations.

Conclusion :

Le diplôme apparaît comme une des principales causes du chômage et de la précarité. Néanmoins d’autres éléments peuvent être pris en compte comme le sexe, le milieu social et l’origine des individus.
Il existe donc bel et bien des freins à l’entrée sur le marché du travail. De plus, ces éléments sont cumulatifs. En effet, une personne peut à la fois être jeune, sans diplôme, issue d’une catégorie sociale défavorisée et d’origine étrangère. Dans cette optique, il peut s’avérer plus difficile de trouver un emploi, d’autant plus s’il s’agit d’un emploi stable.
Les hommes politiques tentent de mener des politiques en faveur des populations qui cumulent ces critères et différents dispositifs existent également pour permettre aux personnes non diplômées de faire valoir leurs compétences et de s’insérer plus facilement sur le marché du travail.