Le monde rural

Une société très inégalitaire

  • La société d’Ancien Régime est divisée en trois ordres d’importance numérique et de dignité sociale très inégales : le clergé, la noblesse et le tiers état. Cette division est un héritage de la société féodale du Moyen Âge où l’Église attribuait à chacun son rôle.
  • Au XVIIIe siècle, le clergé et la noblesse représentent environ 3 % de la population tandis que le tiers état regroupe environ 97 % des habitants du royaume de France. La plupart des impôts repose sur le tiers état afin d’entretenir les deux autres ordres, qui sont ainsi privilégiés.
  • Tout au long de l’époque moderne, les ruraux constituent encore 80 % de la population française à la fin du XVIIIe siècle.
  • La noblesse et le clergé détiennent encore une grande partie de la terre.
  • Les paysans restent donc largement encadrés par un seigneur, qui garde une partie des terres et concède le reste à des paysans. Ces derniers connaissent des situations sociales contrastées

Une paysannerie sous tension

  • Les paysans pratiquent une agriculture largement rudimentaire, appuyée sur des moyens techniques peu productifs.
  • Cette faible productivité soumet les paysans de l’époque moderne à une très forte dépendance aux aléas climatiques.
  • Les famines et disettes sont ainsi encore très fréquentes. Les mauvaises conditions climatiques sont aussi responsables de la montée du prix du grain et du pain qui devient trop cher pour les populations modestes.
  • À l’époque moderne, les paysans sont soumis à une fiscalité très lourde : ils payent la dîme, les impôts augmentés ou créés par le roi pour les guerres, les impôts directs (taille, capitation, vingtième) et les impôts indirects (gabelle, aide).
  • Par ailleurs, les droits seigneuriaux (ou droits féodaux) continuent de peser sur les paysans : ils doivent payer au seigneur les banalités, les paysans tenanciers doivent payer le cens, et ceux qui louent leur terre payent le fermage ou le métayage.
  • La condition difficile des paysans entraîne de nombreuses révoltes lors des crises de subsistance, lorsque le prix du blé augmente ou quand l’État cherche à augmenter la pression fiscale.
  • Les émeutes de subsistance sont particulièrement nombreuses au XVIIe siècle, comme celle des Croquants du Périgord (1635-1637) ou celle des Nu-pieds (1639-1643) de Normandie.
  • Ces révoltes fréquentes ne constituent pas une contestation des fondements de la société d’Ancien Régime ni de l’ordre politique mais le plus souvent une réaction ponctuelle contre le poids des impôts ou la hausse des prix du pain et des biens de consommation courante.

Une société qui se transforme peu à peu

  • Au cours du XVIIIe siècle, le contexte est plus favorable aux campagnes : le climat devient un peu moins rude, les récoltes se font plus abondantes, invasions et pillages sont moins fréquents.
  • De plus, l’État améliore les capacités de circulation et de stockage du blé, favorisant ainsi les secours apportés aux régions en situation critique. Les disettes restent récurrentes, mais la France ne connaît plus de grande famine après 1709.
  • On assiste aussi au XVIIIe siècle à une amélioration des pratiques agricoles.
  • Encouragée par les physiocrates, l’agronomie progresse, entraînant une meilleure utilisation des sols et une amélioration de l’outillage.
  • Ainsi, les rendements connaissent une forte hausse (environ 33 % en moyenne entre le début et la fin du XVIIIe siècle). Les surfaces cultivées augmentent et de nouvelles cultures se développent.
  • La population française, mieux nourrie, passe alors de 22 millions en 1700 à 28 en 1790. Cette croissance démographique augmente aussi la main d’œuvre rurale.
  • Cependant, les inégalités se creusent peu à peu dans le monde paysan.
  • Les riches laboureurs profitent de l’expansion économique et commerciale tandis que la grande majorité des paysans connait toujours des conditions difficiles et peine à survivre : petits propriétaires, métayers, ouvriers agricoles.
  • L’essor du commerce et sa libéralisation obtenue par les physiocrates entraîne aussi le retour des émeutes de subsistance à la fin du XVIIIe siècle comme celles de la Guerre des farines en 1775.
  • Le pouvoir royal met fin aux émeutes par la répression mais aussi en obligeant les propriétaires de blé à vendre leur stock à un prix imposé. Puis il met fin, provisoirement, à l’édit sur la liberté du commerce des grains.