Le monde urbain

L’expansion des villes

  • Au XVIIIe siècle, les villes connaissent une importante croissance démographique, liée notamment au solde migratoire.
  • La part du monde urbain augmente ainsi sensiblement et les villes abritent aux alentours de 20 % des habitants du royaume en 1789.
  • Les ports de la façade atlantique connaissent tout d’abord la plus forte expansion. Ils profitent principalement de l’essor du commerce avec l’Afrique et les Amériques, et de la traite négrière.
  • L’économie de plantation et l’établissement du Code noir ont permis une forte augmentation des échanges : le commerce de produits coloniaux et d’esclaves a été multiplié par dix au XVIIIe siècle.
  • Avec l’essor du commerce maritime, les villes portuaires attirent donc un nombre croissant de migrants ruraux. Les centres de l’administration royale (Paris et villes sièges des intendants dans les provinces du royaume) connaissent également une croissance importante avec le renforcement de l’État.
  • La plupart des villes débordent désormais de leurs remparts et voient leurs faubourgs s’étendre.
  • Les nobles et riches bourgeois se font construire de vastes hôtels particuliers, permettant de témoigner de leur fortune et de leur rang social.
  • Les villes connaissent aussi d’importants réaménagements : au cours du XVIIIe siècle, plusieurs zones d’habitat insalubre sont détruites et réaménagées dans le centre de Paris. Pour accueillir les hôtels particuliers des plus riches tandis que les habitants modestes migrent vers des quartiers populaires de certains faubourgs.

Un monde marqué par de profondes inégalités

  • La majorité des villes françaises bénéficient de privilèges :
  • une autonomie juridique leur permettant de disposer d’un gouvernement municipal ;
  • leurs propres ressources financières grâce à l’octroi ;
  • une dispense d’une grande partie des impôts directs ;
  • le régime de l’exclusif, pour les villes portuaires.
  • La ville est également un monde de communautés et de corporations. Chacune a son statut juridique, garanti par la ville, et est placée sous la protection d’un saint patron.
  • Il y a de très fortes inégalités sociales entre les différentes classes de la société urbaine.
  • Les élites urbaines sont composées de la noblesse, du clergé et de la grande bourgeoisie.
  • La noblesse urbaine conserve une forte influence et occupe les postes les plus hauts.
  • Avec la vénalité et la multiplication des offices, la noblesse de robe a aussi connu une forte expansion.
  • Mais la grande bourgeoisie a désormais rattrapé la noblesse sur le plan de la richesse, grâce au commerce atlantique, aux manufactures ou aux mines.
  • Certains bourgeois accèdent même à la noblesse de robe en achetant des offices, d’autres par la faveur du roi et adoptent alors les pratiques de la consommation de la haute noblesse.
  • La petite et la moyenne bourgeoisie se développent aussi, grâce à leur travail.
  • Mais plus de la moitié des citadins appartiennent au petit peuple, celui qui n’est propriétaire de rien. C’est une population très fragile qui peut facilement sombrer dans la misère et se montre très inquiète de sa subsistance.

Un monde traversé par des transformations culturelles et des crispations sociales

  • Afin de rester l’ordre dominant face à l’ascension de la grande bourgeoisie, la noblesse agit :
  • elle investit dans des activités en plein essor comme le commerce maritime ou l’industrie (ce qui leur permet de compenser la diminution des revenus fonciers) ;
  • dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, elle cherche aussi à rétablir certains droits et impôts seigneuriaux plus ou moins disparus (« réaction seigneuriale ») ;
  • elle renforce sa participation aux affaires de l’État en monopolisant les postes au gouvernement ;
  • elle s’efforce de faire restreindre par le roi l’accès à la noblesse et s’oppose à toute remise en cause de ses privilèges par le pouvoir royal, qui essaye à plusieurs reprises au XVIIIe siècle de créer des impôts payables par tous.
  • La grande bourgeoisie aspire, elle, à un plus grand accès aux affaires de l’État et à une plus grande facilité d’accès à la noblesse.
  • Or, au cours du XVIIIe siècle, la mobilité sociale se ferme et la noblesse monopolise les postes prestigieux.
  • La bourgeoisie commence alors à remettre en cause les privilèges accordés à la noblesse par la société d’Ancien Régime et se montre très sensible aux idées développées par les philosophes des Lumières.
  • À l’exception de la cour, autour du roi et de la reine, les femmes ne participent pas du tout au pouvoir politique.
  • Néanmoins, des femmes s’illustrent en ville dans les arts et les sciences, et d’autres sont les hôtesses de salons. Elles sont issues de la noblesse (Mme de Tencin) ou de la bourgeoisie (Mme Geoffrin).
  • Les émeutes populaires sont moins fréquentes en ville que dans le monde rural.
  • Le peuple peut néanmoins se révolter en période de hausse des prix (Guerre des farines, 1775) ou en cas de nouvelle taxe (révolte des Bonnets rouges, 1675). Il peut y avoir aussi des émeutes d’ouvriers réclamant une augmentation des salaires.
  • Un système de charité développé en ville rend pourtant les tensions sociales moins fortes qu’à la campagne, car les populations les plus pauvres sont souvent prises en charge par l’Église et la municipalité (hôpitaux).