Document : Le choc pétrolier et ses conséquences
« Lorsque la guerre du Kippour commença, on évoqua vaguement dans notre gouvernement la possibilité d’un embargo pétrolier… Le 16 octobre, l’OPEP abandonna la lente augmentation des prix pétroliers au profit d’une hausse brutale. Par une initiative sans précédent, et sans aucune discussion avec les consommateurs, six États du Golfe relevèrent unilatéralement de 70 % le prix affiché du pétrole – de 3,01 à 5,12 dollars. Le 18 octobre, l’Arabie saoudite annonça qu’elle irait au-delà du quota convenu en réduisant son extraction de 10 % jusqu’à ce que les conditions arabes sur le Moyen-Orient soient satisfaites. Ces baisses de production, quel que fût leur but politique, soutinrent la hausse de prix et jetèrent les bases d’augmentation encore plus dramatiques…
Réunis à Téhéran les 22 et 23 décembre, les ministres de l’OPEP firent passer le prix du pétrole de 5,12 à 11,65 dollars le baril – un relèvement de 128 %, en plus de la hausse d’octobre de 70 % : en l’espace de deux mois, le prix du pétrole avait augmenté de 387 %.
Il est maintenant évident que cette décision fut un des tournants de l’histoire de ce siècle. […] C’était un coup colossal frappant balance des paiements, croissance économique, emploi, stabilité des prix et cohésion sociale. La décision de Téhéran coûta également aux pays en voie de développement plus que l’intégralité des programmes d’aide étrangère
que leur accordaient les démocraties industrielles. […] Tous les pays concernés, y compris les producteurs eux-mêmes, durent affronter des changements véritablement sismiques de leurs structures intérieures. »
Henri Kissinger, Les Années orageuses, 1982
Pourquoi les pays arabes membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) décident-ils d’augmenter le prix du baril ?