Les différents acteurs de la vie politique démocratique

Introduction :

De nombreux acteurs contribuent à faire vivre notre démocratie. L’élection est certes un moment important puisqu’elle permet d’élire des représentants sur la base d’un programme. Cependant, une démocratie ne peut subsister si aucun espace n’est ouvert à la population entre deux élections. Les partis politiques permettent de mobiliser les électeurs et de faire vivre le débat d’idées. Pourtant, ils ne sont pas les seuls groupements à porter des revendications provenant des citoyens.

Quels sont les différents acteurs qui contribuent à la vie politique ?

Dans ce cours, nous rappellerons l’importance des partis politiques dans la mobilisation électorale. Nous verrons ensuite comment d’autres acteurs politiques contribuent au fonctionnement de la démocratie.

Les partis politiques : piliers de la démocratie représentative

Les partis politiques occupent une place importante dans le fonctionnement de la démocratie représentative. La Constitution de la Ve République, dans son article 4, précise que « les partis et groupements politiques concourent à l’expression du suffrage. »

Fonction des partis politiques

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Définition

Parti politique :

Un parti politique est une organisation politique durable et implantée sur l’ensemble d’un territoire. Son but est d’accéder au pouvoir politique grâce à un soutien populaire.

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À retenir

Les partis politiques constituent un lieu de recrutement et de sélection des futurs candidats.
Les partis politiques créent donc un lien entre les citoyens et le sommet de l’État : ils assurent la cohérence entre la volonté des citoyens et l’action des gouvernants.

Les partis politiques ont un rôle d’intégration sociale puisque des individus (les militants, mais aussi les professionnels de la politique) se rassemblent autour de valeurs communes.

  • On peut prendre l’exemple du parti communiste français qui a su réunir la classe ouvrière au cours du XXe siècle.

Paradoxalement, un parti politique canalise les contestations et évite ainsi qu’un débat ne bascule dans la violence.

La professionnalisation des partis politiques

La légitimité d’un parti politique repose sur l’adhésion des citoyens aux idées dont il est porteur. S’il veut pouvoir obtenir des élus, il est nécessaire d’obtenir le ralliement des électeurs. C’est la raison pour laquelle les partis entreprennent des missions de mobilisation électorale pour obtenir le vote des citoyens.

  • Les campagnes électorales sont l’illustration de ce processus (porte à porte, distribution de tracts, meeting).

On a longtemps opposé partis de cadres et partis de masse, une typologie créée par le politologue Maurice Duverger.

  • Les partis de cadres sont essentiellement composés de notables que le passage au suffrage universel a contraints à se réunir.
  • Les partis de masse recherchent, quant à eux, l’adhésion du plus grand nombre d’individus.

On évoque davantage aujourd’hui l’idée de partis de professionnels : l’essentiel de l’activité est confié à des spécialistes rémunérés. Michel Offerlé, sociologue, propose une définition contemporaine des partis politiques :

  • un parti est une entreprise politique tournée vers la conquête des positions de pouvoir ;
  • un parti est un espace de concurrence interne entre individus cherchant à obtenir des ressources collectives.

Avec la professionnalisation des partis, la compétition interne s’est durcie.

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À retenir

La logique des partis politiques est ambivalente : d’un côté, les membres du parti ont intérêt à jouer la carte de la coopération pour préserver l’unité de l’organisation. De l’autre côté, la compétition interne prend parfois la forme d’une concurrence entre les différentes tendances au sein d’un même parti.

La contribution des autres acteurs politiques à la démocratie

De nombreux autres acteurs peuvent également participer au fonctionnement démocratique. Il ne s’agit pas d’organisations politiques à proprement parler puisqu’ils ne cherchent pas à accéder au pouvoir politique. Cependant leurs fonctions et leurs actions dans la société contribuent à rendre la démocratie plus efficace.

Parmi ces acteurs, on distingue généralement le rôle de la société civile organisée et celui des médias.

Une société civile organisée

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Définition

Société civile organisée :

La société civile organisée désigne l’ensemble des acteurs politiques (individus, organisations, associations, etc.) non gouvernementaux et non lucratifs.

Parmi ces acteurs, on distingue les mouvements sociaux et les groupes d’intérêt (notamment les syndicats).

L’engagement par les mouvements sociaux

La participation à la vie démocratique prend généralement tout son sens en période électorale. Si le vote est la forme la plus conventionnelle de participation, les mouvements sociaux sont également une forme de participation nécessaire au sein du système démocratique. Ils sont une alternative non négligeable aux partis dans le relai de la mobilisation politique.

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Définition

Mouvement social :

Un mouvement social est une forme d’action collective, c’est-à-dire une action menée par plusieurs individus en même temps, de façon concertée et intentionnelle.

Les années 1990 en France ont été marquées par un renouveau des mouvements sociaux, avec la montée en puissance d’organisation visant à défendre la cause de groupes sociaux frappés par la précarité.

  • C’est notamment le cas du « mouvement des sans ».

Ces mobilisations ont une forte dimension symbolique car elles placent au cœur du débat des populations généralement exclues ou marginalisées de la sphère politique.
On peut prendre pour exemple l’occupation de l’église Saint-Bernard durant l’été 1996 par un collectif de sans-papiers, ou encore l’engagement de personnalités comme l’abbé Pierre pour les sans-abris.
Plus récemment, le mouvement des gilets jaunes, initié en novembre 2018, a permis d’alerter l’opinion publique sur le manque croissant de pouvoir d’achat et de services publics dans notre pays. En investissant les ronds-points et en portant symboliquement un gilet jaune, les manifestants ont forcé le gouvernement à infléchir la politique de notre pouvoir exécutif.

Les groupes d’intérêt

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Définition

Groupe d’intérêt :

Un groupe d’intérêt est une structure organisée qui défend collectivement un intérêt spécifique auprès du pouvoir politique sur lequel il cherche à exercer une influence.

Si un parti politique cherche à conquérir le pouvoir, les groupes d’intérêt, eux, cherchent à l’influencer. Il arrive que ces groupes d’intérêt se muent en parti politique (c’est le cas du parti Europe Écologie les Verts par exemple).

On peut distinguer deux grands types de groupes en fonction du type d’intérêt qu’ils défendent.

  • Les groupes identitaires ont pour vocation de défendre les intérêts d’une catégorie existante dans la société. On retrouve ici les lobbies industriels, les syndicats de travailleurs ou de patrons et les groupes à revendications religieuses.
  • Il existe également des groupes d’intérêt porteurs d’une cause, comme l’environnement, la cause homosexuelle ou les mouvements altermondialistes.

Il convient néanmoins d’insister sur le rôle des syndicats puisque leurs actions concernent une dimension importante de notre vie sociale : le travail.

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Définition

Syndicat :

Association professionnelle ayant pour but d'assurer la défense des intérêts matériels et moraux de ses membres. On peut distinguer deux types de syndicats dans le monde professionnel : les syndicats de salariés et les syndicats patronaux.

Parmi les plus connus, on peut citer la CFDT, la CGT ou encore FO qui sont des syndicats de défense des travailleurs.
Pour le patronat, le plus connu est le MEDEF.

Les syndicats sont très souvent conviés par le gouvernement dans le cadre des réformes portant sur le travail : on parle de dialogue social pour évoquer ces procédures. Néanmoins, dans le modèle français, ces négociations sont souvent difficiles car le droit social protège les salariés et les réformes en cours vont, elles, plutôt dans le sens d’un recul des protections. Dès lors, les appels à la grève sont fréquents.

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Astuce

En France, la légalisation des syndicats professionnels intervient en 1884.
Contrairement aux idées reçues, le taux de syndicalisation est assez bas en France : moins de 10 % des salariés sont syndiqués (5 % dans le secteur privé).

Le rôle des médias en démocratie

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Définition

Média :

Moyen, technique et support de diffusion de l'information. Il peut s’agir de la presse, de la radio, de la télévision, ou encore d’internet. Lorsqu’un média diffuse des informations auprès d'un vaste public, on parle de média de masse (mass-media en anglais).

Les médias sont souvent considérés comme le « quatrième pouvoir » en démocratie. Bien que ce pouvoir ne soit pas inscrit dans la Constitution, ils peuvent exercer, grâce à leur liberté d’expression, une influence importante dans le débat public. En effet ils permettent une circulation et une diffusion de l’information, ainsi que la confrontation des opinions.

Historiquement, la presse a été le premier média à jouer ce rôle dans nos démocraties. Pourtant, son indépendance a mis du temps à se dessiner. Bien que proclamée par la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen en 1789, la liberté de la presse sera longtemps mise sous la tutelle du pouvoir politique. Il faudra attendre l'avènement de la IIIe République pour qu’elle jouisse enfin d’une véritable reconnaissance légale grâce à la loi de 1881.

La presse peut cependant être influencée par des intérêts privés. En effet, de nombreux journaux sont financés par la publicité et/ou appartiennent à des groupes industriels. Dès lors, certains sujets peuvent être censurés afin de ne pas nuire aux intérêts privés.
D’autres journaux sont indépendants et se financent grâce à leurs abonnés : c’est notamment le cas du Canard Enchaîné ou du site Mediapart.

La presse n’est évidemment pas le seul média. Durant les Trente Glorieuses, un nouveau moyen de faire circuler l’information s’impose dans les ménages français : la télévision. Ce média va considérablement contribuer à relayer les opinions politiques, comme en témoigne les débats d’entre-deux tours présidentiels de la Ve République, toujours très suivis sur les chaines télévisées.

L’apparition d’internet (et notamment des réseaux sociaux) constitue aujourd’hui une importante transformation dans la circulation de l’information, comme le furent la presse ou la télévision.

  • Désormais, les citoyens peuvent eux-mêmes participer au débat public par le biais de ce média en s’abonnant, commentant ou en rédigeant des opinions.

Tout cela pose évidemment le problème de la crise des « médias traditionnels » et notamment de la presse. Avec le développement du numérique, le papier a de plus en plus mal à trouver son public. De plus, internet a aussi tendance à augmenter le risque de fausses informations (les fake news) tout en les faisant circuler plus rapidement que par le passé.

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À retenir

Les médias sont essentiels en démocratie mais ils peuvent aussi déformer nos choix politiques. En effet, les médias s’appuient sur différentes techniques de communication.

  • L’effet de persuasion directe : lors des campagnes politiques, les médias montrent plus certains candidats que d’autres. Les grands partis bénéficient d’une « prime de visibilité » alors que les plus petits peinent à se faire une place dans le débat public.
  • L’effet d’agenda : un média ne dit ou n’écrit jamais ce qu’il faut penser mais ce à quoi il faut penser : les opinions sont orientées par une mise à l’agenda médiatique. Prenons l’exemple des informations à la radio ou d’un journal télévisé : on énumère les grands événements du jour les uns après les autres, ce qui crée une hiérarchie entre eux.
  • L’effet d’amorçage : les médias mettent toujours un sujet ou une thématique au cœur de l’actualité. Cette technique oriente alors le débat public et force les responsables politiques à se positionner sur ce thème. On peut prendre l’exemple de la « transparence en politique » à la suite de l’affaire Fillon en 2017, ou encore le thème de l’insécurité lors de la campagne présidentielle en 2002.
  • L’effet de cadrage : les médias sélectionnent certaines informations concernant les responsables et en négligent d’autres. Par exemple, en 2017, Emmanuel Macron a été présenté comme le candidat de la nouveauté car il apparaissait plus jeune et n’avait jamais été élu auparavant. Cette opinion, relayée par les médias, a ensuite été reprise directement par de nombreux citoyens.

Conclusion :

Les partis politiques sont reconnus dans notre droit constitutionnel comme étant les groupements « concourant à l’expression des suffrages ». Ils font le lien entre les citoyens et le pouvoir politique, et la représentation politique leur est confiée. Mais ce sont aussi des espaces de concurrence entre professionnels pour la conquête du pouvoir. Un parti doit mener une véritable entreprise de mobilisation pour atteindre le pouvoir et ainsi mettre en œuvre le programme pour lequel il a été élu.

Cependant, une démocratie a besoin de contre-pouvoirs au sein de la société. C’est la raison pour laquelle la présence d’une société civile organisée est importante. De nombreux acteurs politiques n’ont pas pour objectif la conquête du pouvoir mais tentent d’influencer les décideurs politiques en relayant les intérêts des groupes qu’ils défendent. Historiquement, les syndicats de salariés et les mouvements ouvriers ont ainsi permis de construire l’ensemble de nos protections sociales. On peut également insister sur le rôle des ONG et des associations en matière de droits environnementaux à l’heure actuelle.

Enfin, la démocratie ne peut exister que si la liberté d’expression est garantie. L’information doit pouvoir circuler, et les opinions se former et se transformer. Dans une société ultramédiatisée, l’information diffusée par les médias peut avoir un impact non négligeable sur l’issue d’une élection. Lorsque le scrutin est serré, elle peut même s’avérer décisive.