Les mobilités touristiques à l’échelle mondiale : étude comparative entre les USA et Dubaï

Introduction :

Les mobilités touristiques ont pris des proportions inégalées depuis la fin du XXe siècle, grâce à la réduction des coûts du transport et à la mondialisation des échanges. De nouvelles populations accèdent à cette pratique autrefois réservée à une élite. Dans le même temps, le tourisme se diversifie : les profils de touristes ainsi que les lieux de destination sont de plus en plus variés. Ainsi, les pays récepteurs de touristes développent des stratégies pour accompagner la pratique et attirer davantage. À travers une étude comparative entre Dubaï et les États-Unis, nous verrons quels sont les choix opérés par ces acteurs du tourisme.

Dans un premier temps, nous étudierons le tourisme dans le monde en nous intéressant aux motivations des touristes et aux flux engendrés par la pratique. Dans un second temps, nous effectuerons une étude comparative entre Dubaï et les États-Unis.

Le tourisme dans le monde

Typologie des différents tourismes

En 2015, on comptait 1,2 milliard de touristes à l’échelle mondiale. Le tourisme est donc un phénomène majeur de nos sociétés contemporaines, pratiqué par un nombre toujours croissant de personnes.
En 2000, l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), organisme dépendant de l’ONU, a défini le tourisme ainsi :

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Définition

Tourisme :

Selon l’INSEE, les activités de tourisme sont « les activités déployées par les personnes au cours de leurs voyages et de leurs séjours dans des lieux situés en dehors de leur environnement habituel pour une période consécutive qui ne dépasse pas une année, à des fins de loisirs, pour affaires et autres motifs non liés à l’exercice d’une activité rémunérée dans le lieu visité ».

Le tourisme se distingue donc de la migration par son but (les activités de loisirs) et sa temporalité (moins d’une année). Le tourisme est donc une mobilité choisie et temporaire.

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Attention

On est « touriste » si on passe au moins une nuit en dehors de chez soi. Dans le cas contraire, on pratique une activité de loisirs, et non du tourisme.

Il existe différentes sortes de pratiques touristiques :

  • le tourisme de loisirs (« vacances ») ;
  • le tourisme balnéaire, en bord de mer ;
  • le tourisme urbain, lié à la visite de grandes villes ;
  • le tourisme d’affaires pratiqué en parallèle d’un voyage professionnel ;
  • le tourisme médical afin de faire réaliser des opérations ou des soins moins onéreux que dans son pays d’origine ;
  • le tourisme religieux, vers des lieux de pèlerinage (Rome ou St Jacques de Compostelle pour les catholiques, La Mecque pour les musulmans…) ;
  • le tourisme sportif pour assister ou participer à des événements sportifs ;
  • le tourisme solidaire ou écotourisme, tendant à réduire son empreinte écologique et/ou à apporter une aide au développement dans le pays de destination ;
  • le dark tourism (« tourisme sombre ») visant à découvrir des lieux marqués par des catastrophes écologiques ou humaines (la centrale de Tchernobyl, mais aussi le lieu d’un massacre, etc.)
  • etc.
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Astuce

Le mot « tourisme » vient de l’anglais « tour ». À partir du XVIIe siècle, les élites anglaises pratiquait le « Grand Tour », un voyage initiatique en Europe voire en Orient, à la découverte des ruines antiques.

Comment se répartissent les flux touristiques dans le monde ? Qui sont les touristes ?

Les principaux flux touristiques

carte flux touristiques mondiaux-Géographie-Seconde-SchoolMouv

Le tourisme est une pratique nécessitant un déplacement. Ainsi, pour étudier le tourisme, il faut étudier des flux, des pratiques de mobilités.

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Définition

Mobilité :

La mobilité désigne un changement de lieu.

Aujourd’hui, les principales régions recevant des touristes sont les régions littorales (sur les côtes), permettant une fréquentation balnéaire (en bord de mer) :

  • bassin de la Méditerranée ;
  • bassin des Caraïbes (Martinique, Guadeloupe, etc.) ;
  • îles du Pacifique et de l’Océan Indien (île de Réunion, île Maurice, Tahiti, etc.).

Le tourisme est aussi très développé en montagne, comme dans les Alpes en Europe ou les Rocheuses aux États-Unis, qui sont fréquentées par les sportifs (randonnées, sports d’hiver).
Ces régions réceptrices de touristes ont un avantage : la proximité géographique des touristes, qui sont, depuis l’après-guerre, majoritairement des Occidentaux (Europe, Amérique du Nord).

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À retenir

Les flux touristiques sont donc dans leur majorité des flux « Nord/Nord ». 

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Rappel

On appelle « Pays du Nord » ou « les Nords », les pays développés offrant un développement humain satisfaisant à leurs populations. Il s’agit de l’Europe occidentale, des États-Unis, du Canada, du Japon, etc. On appelle « Pays du Sud » ou « les Suds » les pays plus en difficulté, notamment les pays en voie de développement. Il s’agit de la majorité des pays d’Afrique et d’une part importante de l’Amérique latine et de l’Asie.

Cependant, de nouveaux flux apparaissent et se développent : entre pays du Sud, ou du Sud vers le Nord (exemple : pays du Golfe). Les pays émergents comme la Chine, l’Inde ou le Brésil sont composés en partie d’une classe moyenne ayant les moyens financiers de pratiquer le tourisme. La part de touristes en provenance de ces pays est en croissance constante.

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À retenir

Avec 100 millions de Chinois voyageurs en 2014 (10 millions en 2003), la Chine est devenue le premier pays émetteur de touristes.

De plus, le transport aérien s’est démocratisé (les prix ont baissé) et est ainsi accessible à de plus en plus de personnes. La réduction du coût du transport permet un développement touristique dans des régions laissées jusque-là peu explorées par les touristes, comme les régions polaires (Alaska, Groenland).

Cependant, certaines régions du monde restent totalement exclues des flux touristiques, pour des raisons liées aux risques (pays en guerre comme l’Irak) ou à un enclavement géographique (difficulté d’accès).

Le tourisme est donc une pratique qui poursuit son essor. Les motivations des touristes sont diverses. Dès lors, quelles sont les stratégies développées par les États pour attirer de nouveaux touristes ? Nous étudierons ce point à travers une étude comparative entre deux pays très différents par leur taille et leur modèle de développement : Dubaï et les États-Unis.

Étude comparative : le tourisme à Dubaï et aux États-Unis

Dubaï : une orientation touristique récente et organisée

Dubaï est l’un des 7 émirats formant depuis 1971 les Émirats arabes unis (É.A.U.). Ce petit État de 3 millions d’habitants a pour capitale une ville du même nom, Dubaï.

L’émirat de Dubaï est le plus riche des É.A.U. Traditionnellement, Dubaï s’enrichit grâce à son port de commerce et à la manne pétrolière. Cependant, ses réserves en hydrocarbures (pétrole, gaz), moins nombreuses que celles de ses voisins comme Abu Dhabi, s’amenuisent depuis plusieurs années. L’émirat a donc fait le choix de diversifier son économie, notamment en la tournant vers l’économie touristique. Il a développé des techniques de marketing en vue d’obtenir une reconnaissance internationale : c’est ce qu’on appelle le « nation branding » (« faire la publicité de son pays »).

Pour ce faire, l’émirat a développé des projets touristiques nombreux et démesurés, afin d’attirer une clientèle de luxe mais aussi le tourisme d’affaires ou le tourisme commercial :

  • hôtels très luxueux comme le Burj-al-Arab, conçu par un architecte renommé ;
  • le Burj Khalifa, tour la plus haute du monde (830 m) au coût d’1,5 milliard de dollars ;
  • des îles et archipels artificiels comme Palm Islands, un exploit dans un environnement désertique.

D’autres projets démesurés vont voir le jour, comme le parc de loisirs Dubai Amusement Park pour un coût d’un milliard de dollars.

L’émirat est aussi une des capitales mondiales du shopping, grâce à la présence de malls (centres commerciaux) gigantesques. Il existe même un Shopping festival annuel, dédié au shopping dans les multiples enseignes présentes à Dubaï. Le plus grand centre commercial s’appelle le Dubaï Mall, situé au pied de la tour Burj Khalifa. Il compte environ 1 200 magasins mais aussi un immense aquarium, une patinoire olympique et des chutes d’eau.

tourisme aquarium Dubai Mall-Géographie-Seconde-SchoolMouv Un des bassins de l’aquarium du Dubai Mall en juillet 2013 ©Alberto-g-rovi – CC BY-SA 3.0

Dubaï est aussi une zone de transit majeure. De nombreuses destinations, comme les îles de l’Océan Indien, la Malaisie ou l’Indonésie, imposent une escale aérienne à Dubaï (ou chez ses voisins : Abu Dhabi, Doha). Parallèlement, la compagnie aérienne Emirates s’impose comme l’une des plus prisées au monde.

À Dubaï, les touristes viennent donc profiter du luxe et de centres commerciaux démesurés. Qu’en est-il sur un territoire bien plus vaste, aux possibilités touristiques diversifiées ?

Les États-Unis : un tourisme ancien et multiforme

Le tourisme aux États-Unis-Géographie-Seconde-SchoolMouv

Les États-Unis forment un territoire de 9,6 millions de km², ce qui en fait le 3e plus grand pays du monde après la Russie et le Canada. C’est une fédération de 50 États.

Les États-Unis sont le 2e pays au monde en termes d’accueil de touristes, après la France. Ils accueillent 67 millions de personnes chaque année.

Un pays de cette superficie propose des sites touristiques très variés et dispose d’atouts majeurs pour attirer ces touristes.

Tout d’abord, le pays offre une grande variété de milieux :

  • 59 parcs nationaux protégés, très attractifs pour les touristes randonneurs. Les plus célèbres sont les parcs de Yellowstone et celui de Yosemite ;
  • des montagnes pour la randonnée et les sports d’hiver, notamment les Rocheuses ;
  • des déserts (États du Sud : Texas, Arkansas, Nevada …) avec des sites remarquables comme le Grand Canyon, le Bryce Canyon ou encore la Vallée de la Mort dans l’ouest ;
  • un littoral très développé avec deux façades océaniques : Atlantique et Pacifique ;
  • des paysages particuliers dans certains États, comme la Louisiane avec les bayous (marécages et canaux dans les méandres du fleuve Mississipi) ;
  • l’archipel d’Hawaï, situé en Océanie ;
  • un tourisme en développement en Alaska, en zone polaire.

En dehors de ces espaces naturels, les États-Unis proposent des sites exclusivement dédiés au tourisme. Parmi eux, on peut citer :

  • les villes du jeu, comme Atlantic City et surtout Las Vegas, dédiées aux jeux d’argent dans les casinos. Las Vegas, en plein désert du Nevada, recréé des « univers » pour le touriste : la ville de Paris avec une reproduction de la Tour Eiffel, Venise avec un canal et des gondoles ou encore New York et la statue de la Liberté ;
  • de nombreux parcs de loisirs comme les Studios Universal à Los Angeles et en Floride ou les deux parcs Disneyland (Californie et Floride).

Universal Studios Los Angeles Floride parc tourisme États-Unis-Géographie-Seconde-SchoolMouv Le logo du parc de loisir Universal Studios à Los Angeles, Floride ©Anthony Giorgio – CC BY-SA 2.5

Le tourisme urbain est également très développé aux États-Unis. New York, plus grande ville du pays, est la 3e ville la plus visitée au monde après Paris et Londres. D’autres grandes villes attirent massivement les touristes comme San Francisco ou Los Angeles en Californie. Enfin, le bassin des Caraïbes est le premier site de croisières du monde. La ville de Miami, en Floride, accueille 3 millions de croisiéristes par an, dans des bateaux gigantesques.

navire MS Imagination Miami tourisme-Géographie-Seconde-SchoolMouv Le navire MS Imagination, à Miami (juin 2004)

Plus généralement, le rayonnement culturel des États-Unis joue un rôle dans leur attractivité touristique. Le pays semble familier au reste du monde, compte tenu de la diffusion des films et séries américaines et de l’American Way of Life. De plus, il y a peu de freins linguistiques, la langue du pays étant l’anglais.

Conclusion :

Les pratiques touristiques se sont fortement développées à la fin du XXe siècle et au début du XXIe. Les touristes sont de plus en plus nombreux et proviennent d’une plus grande variété de pays émetteurs. En étudiant comparativement Dubaï et les États-Unis, deux pays au profil presque opposé, on s’aperçoit que les touristes ont des motivations diverses. Les pays récepteurs, face à ces motivations, développent une offre variée selon leurs atouts. Dès lors, un petit État comme Dubaï développe la filière du luxe et du gigantisme des projets architecturaux. Un pays vaste comme les États-Unis mise sur la diversité de ses offres touristiques.