Les territoires ultramarins français et de l'Union européenne : un développement particulier

Introduction :

Plusieurs États membres de l’Union européenne exercent leur souveraineté sur des territoires situés hors du continent européen. Neuf territoires ultramarins bénéficient du statut particulier de région ultrapériphérique. À ce titre, ils font partie intégrante de l’Union européenne. Ce sont :

  • les Açores ;
  • Madère ;
  • les Canaries ;
  • la Guadeloupe ;
  • la Martinique ;
  • Mayotte ;
  • Saint-Martin ;
  • la Guyane ;
  • et la Réunion.

Leur éloignement des métropoles, leur tissu économique fragile, basé sur le tourisme et l’agriculture, font que ces territoires sont dépendants des aides de leurs métropoles et de l’Union européenne pour maintenir une économie viable et un niveau de vie correct.

Carte des neufs régions ultrapériphériques de l’Union européenne Carte des neufs régions ultrapériphériques de l’Union européenne

Sur le schéma ci-dessus, les neuf régions ultrapériphériques de l’Union européenne. Soumis aux législations de l’Union, ce sont des territoires européens à part entière.

Les caractéristiques des territoires ultramarins

L’Union européenne possède une soixantaine de territoires ultramarins dépendant de la France, du Danemark, des Pays-Bas, de l’Espagne, du Portugal et du Royaume-Uni. La grande majorité de ces territoires sont insulaires, c’est-à-dire que ce sont des îles ou des groupements d’îles.

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À retenir

Les ZEE, les zones économiques exclusives, sont très importantes pour chaque État. Chaque territoire possède une ZEE qui s’étend à 370 km à partir des côtes, ce qui en permet l’exploitation pour la pêche, le tourisme ou l’exploration des fonds marins en quête d’hydrocarbures.

À part les 7 territoires ultrapériphériques cités, les autres territoires ont tous des législations très différentes.

Ces territoires sont dispersés sur toute la planète, et cela permet à l’Union européenne de disposer de positions stratégiques. Il existe donc des interfaces entre des territoire de l’Union européenne et d’autres pays ou régions du monde.

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Définition

Interface :

Une interface est une zone de contact entre deux ensembles géographiques. Ces espaces peuvent être aussi bien différents que proches sur le plan économique et social. L’interface unit deux espaces géographiques par les différents échanges et les influences réciproques qu’ils se communiquent.

Grâce aux aides de l’Union européenne et des États, ces territoires deviennent des pôles de développement régionaux. Ils sont attractifs car ils disposent d’infrastructures modernes dans des lieux où elles font en général défaut.

Pour ces territoires, la dépendance aux États membres de l’Union européenne, et surtout aux aides émises par ses fonds structurels, est très forte. Ces aides financières aident les territoires ultramarins dans les domaines de l’emploi, de la formation professionnelle, mais aussi pour développer les grosses infrastructures des transports et communications.

Les difficultés économiques

Les économies de ces territoires sont souvent encore basées sur l’agriculture de plantation. Le passé colonial et le climat ont favorisé ce modèle agricole que l’on appelle l’économie de plantation. Il est à l’origine de productions d’exportation comme la canne à sucre, la banane, la vanille ou le café. Mais ces productions sont aujourd’hui concurrencées par de nombreux autres pays. Pour parer aux diverses concurrences, on a donc développé des productions à haute valeur ajoutée comme les agrumes et la viticulture. Malgré cela, l’agriculture n’emploie que peu de personnes et n’apporte qu’une modeste part au PIB de ces territoires.

  • Le problème est la sous-industrialisation. Certes, il y a les industries agroalimentaires ou les industries liées à l’exploitation forestière, mais cela reste très insuffisant.

Restent le tourisme et surtout le tertiaire, liés à la métropole, et qui assurent l’essentiel de la richesse créée.
Ces territoires sont traversés par quelques flux internationaux. En zone d’interface, ils sont liés aux transports maritimes et participent aux échanges de l’Union européenne. Les infrastructures portuaires sont privilégiées et on y crée des zones franches.

Enfin, dans ces territoires, les flux migratoires sont importants dans les deux sens. Les populations ultramarines migrent vers les métropoles. Mais dans le même temps, les territoires voisins, sous-développés ou en difficulté politique, voient une partie de leur population migrer vers les territoires ultramarins pour y trouver un meilleur niveau de vie. On assiste donc à de nombreux flux migratoires, parfois saisonniers.

Des territoires inégalement mis en valeur

Croissance démographique, économie tertiaire et exode rural amènent une très forte croissance urbaine. Ces concentrations urbaines sont des espaces où les disparités sociales sont immenses. Quartiers aisés et quartiers largement défavorisés cohabitent tant bien que mal.

  • Les espaces sont donc très déséquilibrés avec des littoraux qui concentrent personnes et activités économiques, et l’intérieur des terres dépeuplé et peu actif.

Les handicaps face à la mondialisation

Les indicateurs socio-économiques sont mauvais. Le chômage est très élevé, surtout chez les jeunes. Ces territoires sont souvent en proie aux difficultés et aux révoltes sociales. Les trafics et la consommation de drogues aggravent ces problèmes.

  • Face à cela, un repli identitaire apparaît, alors même que la mondialisation est en marche.

Le tourisme est une bonne voie d’intégration, mais les équilibres écologiques sont fragiles. Un développement touristique durable est mis en marche : l’écotourisme permet la promotion des régions tout en contribuant à la protection de la nature et du bien-être des populations locales.

Étude de cas : la Martinique

Géographie de l’île

Île tropicale et volcanique, la Martinique appartient aux Petites Antilles. Cette région est fortement dépendante de la métropole, et ses indicateurs socio-économiques sont inférieurs à la moyenne de l’Union européenne. Ce territoire est au cœur d’une interface caribéenne et se trouve pleinement intégré à la mondialisation. Département français depuis 1946, collectivité territoriale depuis 2010, la Martinique reste très attachée à la République française, tout en cultivant ses spécificités créoles sur les plans linguistique, culinaire et culturel dans son ensemble. Son identité est très forte.

Carte de la Martinique Carte de la Martinique

Comme l’illustre cette carte, la Martinique est une petite île de 128 000 km2 pour une population de 402 000 habitants. C’est le pôle urbain de Fort-de-France qui domine l’ensemble de la région. Le relief de la montagne Pelée et de piton du Carbet expliquent l’organisation du territoire. Les massifs du piton du Carbet et de la montagne Pelée coupent l’île en deux. La majorité de la population se concentre sur les littoraux.

Fort-de-France, avec sa grande agglomération, le principal port et aéroport, est le cœur du territoire. Les pouvoirs économiques et politiques y siègent. C’est la région motrice de l’économie martiniquaise. La capitale concentre 64 % des entreprises et 60 % des emplois. C’est le premier pôle commercial, avec 90 % des commerces de l’île. Le tertiaire y est extrêmement concentré. L’essentiel de l’industrie martiniquaise s’y trouve également.

Économie de la Martinique

  • Le nord de l’île est plutôt agricole et voit sa population partir vers l’agglomération de Fort-de-France. On y trouve peu d’entreprises. 70 % du territoire est consacré à l’agriculture, qui essaie de se diversifier et d’obtenir des labels AOC (appellation d’origine contrôlée). L’agrotourisme s’y développe aussi, et on y exploite quelques carrières de pierre pour le bâtiment.
  • Le sud de l’île est plutôt tourné vers le tourisme et voit sa population croître. Avec 72 % des capacités touristiques de l’île, le Sud s’est spécialisé dans cette branche parfois fragile. On y pratique l’élevage et l’artisanat en complément de l’activité touristique.
  • Le Nord et le Sud sont tournés vers l’agglomération de Fort-de-France pour ses commerces, ses emplois, et les services étatiques et culturels qu’elle fournit. Cela génère des mouvements pendulaires très importants sur l’île depuis l’agglomération principale.

L’agriculture a été le pilier de l’économie martiniquaise grâce à la canne à sucre, les distilleries de rhum, ou encore la production de bananes. Plus de 5 000 emplois sont recensés dans ce secteur, auxquels il faut ajouter les emplois dans l’agroalimentaire. 3 % de la population active travaille dans l’agriculture, qui ne produit que 2,5 % de la richesse créée. Cette agriculture est très concurrencée par des pays ayant des productions similaires.

Les services sont le vrai moteur de l’économie martiniquaise. Ils représentent 84 % de la population active, dont 43 % sont des services non marchands comme la fonction publique d’État ou territoriale.

Le tourisme est en pleine évolution mais doit faire face à des problèmes structurels et concurrentiels. Le prix des billets d’avion, le nécessaire rajeunissement du parc hôtelier, les grèves et crises sociales à répétition n’incitent pas les touristes potentiels à venir. D’autant plus que, dans les Caraïbes, la concurrence touristique est très importante.

Quant à l’industrie, on peut observer sa faible part dans l’économie insulaire puisqu’elle ne concerne que 13 % de la population active.

L’influence de la métropole et les défis à relever

Les échanges commerciaux avec la France métropolitaine sont vitaux pour la Martinique. Ils sont facteurs de développement et de dépendance. 85 % des exportations et 60 % des importations en valeur échangées le sont avec la métropole, qui fournit biens de consommation, énergie et matière première. En retour, l’île fournit des produits tropicaux.

Elle bénéficie de la solidarité nationale et européenne avec de nombreuses aides au développement afin de l’aider à répondre aux défis de la mondialisation.

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À retenir

La Martinique doit développer son territoire pour être compétitive et s’insérer dans l’économie régionale des Caraïbes ainsi que dans l’économie mondiale. Ce développement doit être durable et tenir compte des fragilités du milieu.
Les défis sociaux sont également importants. Avec 22 % de chômage, surtout chez les jeunes, l’île est en proie à de violentes secousses sociales, et les disparités sont flagrantes.

Conclusion :

Les territoires ultramarins sont nombreux et variés et ils ont des statuts divers. Mais quel que soit leur statut, ils sont des interfaces avec le monde, et très souvent avec des pays en voie de développement.

Les régions ultrapériphériques restent dépendantes des métropoles et de l’Union européenne pour le commerce et les aides. Elles ont de nombreuses contraintes naturelles, liées à leur insularité et à leur éloignement du continent européen. Leur économie reste très fragile et très concurrencée.

De nombreux défis sont donc à relever, en terme d’infrastructures, d’aménagement du territoire (industries, transports…) et de progrès sociaux. Néanmoins, le tourisme y est important et est sans doute une solution à apporter au retard de développement de ces territoires.