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Introduction :
Neuf milliards : c’est le nombre d’habitants que la Terre comptera en 2050. Sachant qu’il y a aujourd’hui 840 millions de personnes qui ne mangent pas à leur faim, la question est simple : comment arriver à nourrir neuf milliards de personnes si l’on est incapable de le faire avec moins de sept ? Comment gérer les ressources terrestres de manière raisonnable, afin de parvenir non seulement à diminuer le nombre de sous-alimentés dans le présent, mais également en pensant aux générations futures ?
Bref, comment organiser les ressources terrestres d’une manière durable ? On peux s’étonner de ce paradoxe : alors que l’agriculture mondiale produit plus que ce dont elle a besoin, des millions de personnes ne mangent pas à leur faim. Il existe donc bien un problème dans la répartition des ressources agricoles.
Pour comprendre les raisons de cette situation, nous analyserons tout d’abord la géographie de la faim dans le monde à partir d’un exemple, celui du Brésil. Nous présenterons ensuite le thème de la sécurité alimentaire. Nous terminerons ce cours par une étude des perspectives liées au développement durable.
Géographie de la faim dans le monde
L’exemple du Brésil
Le Brésil
Le Brésil est le cinquième pays le plus grand du monde. En 1900, sa population était de 17 millions d’habitants : elle est désormais de 175 millions.
Sécurité alimentaire :
On définit la sécurité alimentaire comme étant la situation dans laquelle les personnes ont accès à une alimentation de qualité, et en quantité suffisante.
Le paradoxe brésilien est emblématique des problèmes soulevés par la gestion des ressources terrestres. Le Brésil fait partie du groupe des BRICS, ces pays en fort développement économique, les nouvelles puissances. Ce développement, elle le doit tout particulièrement à la mise en place d’une agriculture intensive.
Malnutrition :
On dit qu’une personne souffre de malnutrition lorsqu’elle ne reçoit pas les vitamines nécessaires à une alimentation équilibrée.
Il ne faut pas confondre la malnutrition avec la sous-nutrition ou sous-alimentation.
Sous-alimentation :
La sous-alimentation fait référence à l’insuffisance de calories absorbées par jour.
La malnutrition fait référence à des carences alimentaires dans les repas, c’est-à-dire à l’absence d’alimentation équilibrée. Dans certaines régions du Brésil, les habitants sont d’ailleurs sous-alimentés.
L’agriculture brésilienne n’a cessé de se moderniser depuis plusieurs décennies, se tournant vers un modèle productiviste. On surnomme d’ailleurs le Brésil « la ferme du monde ».
L’objectif premier de l’agriculture est l’accroissement de la production.
L’accroissement de la production se fait en augmentant notamment l’utilisation de pesticides et d’engrais chimiques. Le Brésil a également investi dans l’extension des surfaces cultivées, qui se réalisent à partir d’une déforestation massive.
La déforestation
Le Brésil est le premier producteur mondial de sucre, de café et de soja, ainsi que le premier exportateur de viande bovine. Une grande part de sa production est tournée vers le marché mondial, et n’est donc pas redistribué à l’intérieur des terres. La production locale est en grande partie assurée par une agriculture extensive (le contraire d’agriculture intensive).
Agriculture extensive :
L’agriculture extensive est une agriculture qui repose sur des techniques respectueuses de l’environnement et qui ne cherche pas à augmenter la productivité à tout prix.
L’agriculture extensive est de type « paysan » et s’oppose au modèle industrialisé des grandes productions. Mais ce type d’agriculture n’est pas suffisant pour nourrir toute la population.
Le Brésil possède donc toutes les caractéristiques d’une grande puissance agricole, on le surnomme d’ailleurs le « géant vert ».
Mais étant donné que ses productions sont davantage destinées à l’exportation, la sous-nutrition est importante. Le développement durable est donc un enjeu majeur : le Brésil tente désormais de limiter la déforestation, et encourage les pratiques agricoles durables.
Géographie de la faim dans le monde
La faim dans le monde en 2008
Récemment, une étude a démontré que l’obésité tuait désormais plus de personnes que la sous-alimentation.
Cette situation est évidemment due aux inégalités économiques dans le monde. Produire de la viande implique de nourrir les animaux pendant des années, ce qui est souvent coûteux. Cela explique d’ailleurs pourquoi, dans les pays les plus pauvres, on se nourrit essentiellement de céréales ou de tubercules comme les patates, qui sont moins coûteuses à produire.
Toutefois, la malnutrition touche également de plus en plus de pays riches. En France par exemple, 2 millions de personnes ont recours aux banques alimentaires pour pouvoir se nourrir. À l’échelle continentale et nationale, l’inégalité de l’accès à la nourriture est également un problème.
Différents types d’agriculture dans le monde
Les pays développés développent donc un modèle d’agriculture intensive et productiviste, à partir d’une mécanisation et d’une augmentation des engrais et des pesticides. C’est également une agriculture extrêmement spécialisée. La monoculture céréalière domine en effet les plaines, comme c’est le cas en France, et l’élevage intensif est également très présent, tout comme l’élevage porcin en Bretagne.
Agriculture intensive
Au contraire, les pays du Sud sont encore dominés par une agriculture extensive et vivrière.
Agriculture vivrière :
On parle d’agriculture vivrière pour désigner une agriculture qui n’est pas destinée à être exportée et qui est tournée vers l’autoconsommation.
Cette forme d’agriculture représente 20 % de la production mondiale. Ce sont dans ces pays que la sécurité alimentaire est finalement très fragile.
Un exemple d’agriculture vivrière
Comment assurer la sécurité alimentaire ?
Produire plus ?
Lorsque se pose la question de la sous-nutrition, une réponse semble évidente : pour nourrir toujours plus de personnes, il suffit de produire davantage.
C’est dans cette perspective que, depuis plusieurs décennies, un défrichement massif a lieu, afin d’augmenter les surfaces agricoles. Les fronts pionniers, définis comme les nouvelles surfaces à cultiver, sont donc responsables d’une déforestation massive.
Mis à part l’augmentation des surfaces cultivables, il est possible d’élever les rendements :
Les révolutions vertes sont des mouvements de modernisation de l’agriculture en Amérique latine, qui ont précisément pour objectif d’augmenter le rendement et de réduire le risque de famine.
Toutefois, l’exemple du Brésil a montré que le problème de l’accès à la nourriture n’était pas un problème technologique : depuis les années 1960, l’agriculture mondiale s’est modernisée, mais le nombre de sous-alimenté a pourtant augmenté.
Augmenter les échanges entre les pays
Agriculture commerciale :
L’agriculture commerciale est l’agriculture appliquée à des fins de commerce et non d’alimentation.
Une autre solution évidente est celle d’augmenter les échanges entre les pays. En fait, cette solution est depuis longtemps appliquée, mais ce sont désormais ses effets pervers qui sont montrés du doigt.
Au Brésil, les spécialisations dans les monocultures, telles que les oranges par exemple, ne règlent pas le problème de la sous-alimentation mais rendent le pays extrêmement dépendants des pays acheteurs.
Les aides alimentaires
Pour certains pays pauvres ou en voie de développement, l’aide internationale est nécessaire afin d’éviter une situation d’insécurité alimentaire. Ces aides permettent d’éviter des catastrophes humanitaires, mais elles déstabilisent également l’économie locale lorsqu’elles durent trop longtemps.
Vers une agriculture durable
Jusqu’à présent, les solutions mises en œuvre afin d’assurer une sécurité alimentaire pour tous restent insuffisantes. Il convient donc de réfléchir à des solutions plus globales, qui intègrent l’alimentation dans une perspective de durabilité.
Désastres écologiques
L’agriculture intensive est non seulement responsable d’un nombre important de sous-alimentés, mais elle provoque également de graves problèmes écologiques.
Les engrais et les pesticides polluent les mers et les océans, détruisant en partie la biodiversité marine.
Les algues vertes de Bretagne sont devenues le symbole de ces dérives.
Algues vertes en Bretagne
Les pesticides sont également responsables de la disparition de nombreuses espèces, parmi lesquelles on compte les abeilles, dont la population ne cesse de chuter de manière très préoccupante. Pourtant, l’importance capitale des abeilles dans l’organisation de la biodiversité à été démontrée à de nombreuses reprises : sans abeilles, plus de pollinisation !
Disparition des abeilles : situation mondiale en 2012
L’augmentation de la surface agricole pose également le problème de la gestion de l’eau, une ressource qui se raréfie.
Le productivisme alimentaire est également responsable de nombreux scandales :
Vers une agriculture durable
Ces quelques mentions des désastres écologiques causés par l’agriculture intensive (parmi de nombreux autres) permettent de comprendre l’enjeu capital de la mise en place d’un autre type d’agriculture. Ce type d’alternative est pensé depuis la fameuse conférence de Rio en 1992 (que l’on nomme aussi le « Sommet de la Terre »), dans lequel 178 gouvernements se sont réunis afin de prendre en main la mise en œuvre d’un développement durable.
Il s’agit bien d’une autre manière de voir le monde. Au niveau agricole, il s’agit donc de :
Pour mettre en œuvre une agriculture durable, les années 1990 ont vu l’apparition d’une « agriculture raisonnée ».
Agriculture raisonnée :
L’agriculture raisonnée passe par une réduction des pesticides dans les cultures, sans chercher à tout prix à maximiser les rendements.
Agriculture biologique :
Cette agriculture va encore plus loin que l’agriculture raisonnée car elle n’utilise aucun produit chimique pour ses cultures.
L’apparition de « labels » permet de certifier que les produits sont issus de l’agriculture durable. En ce sens, le commerce équitable est également un nouveau type de commerce en plein développement. Il s’agit d’assurer un revenu minimum aux exploitants en payant le produit fini un peu plus cher.
Les faiblesses de l’agriculture biologique
Mais l’agriculture biologique a encore du mal à s’imposer.
Ces remarques expriment une nouvelle fois l’importance de la fracture Nord/Sud. Et si l’agriculture biologique a le potentiel pour nourrir toute la population mondiale, il lui manque encore des moyens massifs pour pouvoir se développer.
Conclusion :
À partir de l’exemple du Brésil, on comprend mieux les contradictions que soulève l’agriculture intensive : alors qu’elle produit de plus en plus, elle ne résout en rien les problèmes de la sous-nutrition.
L’agriculture durable est une alternative au potentiel immense, mais qui manque encore d’élan et de souffle pour pouvoir changer la donne. D’autant plus qu’avec les difficultés d’accès à l’eau, les solutions durables sont difficiles à mettre en œuvre.