Crédit photo : Émile Zola, 13 janvier 1898
- Sous la IIIe République, de nombreuses crises politiques et militaires ont éclaté.
- La défaite face à l’Allemagne en 1870 est traumatisante. L’annexion de l’Alsace et de la Moselle renforce le sentiment nationaliste, la France conserve un esprit revanchard.
- La haine des juifs est publique, violente et régulièrement alimentée par des publications.
En 1894, Alfred Dreyfus, officier juif de l’armée française, est accusé d’avoir fourni, par le biais d’un bordereau, des renseignements sur les secrets militaires français aux ennemis allemands. Lors d’un procès fabriqué de toute pièce, Dreyfus est condamné par le tribunal militaire pour trahison. Il est destitué de son grade militaire et envoyé au bagne en Guyane. L’opinion publique le pense coupable.
En 1895, le vrai coupable, le commandant Esterhazy, est démasqué par le lieutenant colonel Georges Picquart. Jugé, il est acquitté grâce aux manipulations de l’état-major, et ce malgré les preuves accablantes de sa culpabilité.
Après une vaste campagne de presse, la France se divise en deux clans. Autour du frère d’Alfred Dreyfus, Mathieu, les dreyfusards prennent la défense de l’officier. Les plus célèbres sont Georges Clemenceau, Anatole France, Émile Zola et plus tardivement Jean Jaurès. Les antidreyfusards, eux, le considèrent comme le coupable idéal en raison de ses origines juives et alsaciennes.
En 1898, après l’acquittement du commandant Esterhazy, Émile Zola publie une lettre ouverte intitulée « J’accuse… » dans le journal l’Aurore. En raison des accusations portées contre l’état-major, Zola est condamné pour diffamation.
En 1899, grâce aux nouvelles preuves apportées, le procès de 1894 est annulé. Dreyfus est renvoyé devant le Conseil de guerre de Rennes où il est à nouveau reconnu coupable. Pour calmer les tensions, Émile Loubet, président de la République, lui accorde sa grâce pour raison de santé.
N’étant pas réhabilité, Dreyfus met tout en œuvre pour prouver son innocence. En 1904, il obtient la révision de son procès. Douze ans après sa condamnation et une bataille acharnée, Alfred Dreyfus est enfin reconnu innocent. En 1906, il réintègre l’armée et reçoit la Légion d’honneur avec le grade de commandant.
L’affaire Dreyfus a révélé l’impact de la presse sur l’opinion publique. Elle a mis en évidence la responsabilité des intellectuels, scientifiques, écrivains et artistes dans l’élaboration des idées. Elle a également montré que la raison pouvait l’emporter sur l’obscurantisme, notamment en matière de lutte contre le racisme : la Ligue des droits de l’homme est née pendant l’affaire Dreyfus.