Crédit image : Alphonse-Marie-Adolphe de Neuville, 1869
En 771, le frère de Charlemagne, Carloman, vient de décéder. Aussitôt, le frère aîné récupère le territoire de son cadet et devient l’unique roi des Francs (4 décembre 774). Il réunifie ainsi le royaume tel que l’avait forgé son père, Pépin le Bref.
Le territoire de Charlemagne est grand et les rebellions sont incessantes. Un peuple notamment n’a de cesse de se soulever : les Saxons (Flandres, Lorrains et actuelle Allemagne). Pas moins de 18 batailles seront livrées. La première débute juste après le sacre de Charlemagne qui règne seul désormais, dès janvier 772. Les Saxons envahissent la Thuringe (au centre de l’Allemagne). Charlemagne les repousse et, pour imposer le christianisme, fait incendier le sanctuaire païen du dieu Irminsul. Une église chrétienne de Deventer (ville de l’est des Pays-Bas) est alors incendiée par les Saxons qui refusent autant l’invasion franque que la chrétienté imposée par l’envahisseur. La guerre ne fait que commencer. En 773, Charlemagne arrive jusqu’à la rivière de Weser. Obtenant un accord des nobles Saxons, il repart, accompagné de quelques otages ; il doit en effet guerroyer contre les Lombards. Mais les Saxons se lèvent à nouveau. En 777, Charlemagne convoque les Saxons à Paderborn, mais le grand résistant saxon qui mène la rébellion, Widukind, s’abstient. Charlemagne est obligé de repartir pour contrer d’autres soulèvements. Là, s’ensuivent de nombreux combats. Et si une courte trêve a lieu entre 780 et 782, les Francs connaissant un revers sur le massif de Süntel notamment grâce à Widukind en 782, ils écraseront la rébellion dans le sang avec femmes et enfants (4 500 morts).
S’ensuivent ensuite deux années de guerres intenses. Charlemagne, cette fois, reste, hiverne avec ses soldats jusqu’à débusquer ses ennemis… et à les convertir. Tous, sauf Widukind qui s’est volatilisé…encore ! Cette fois, Charlemagne tente une conciliation qui convainc Widukind. Ainsi, en échange de sa vie, le Saxon affaibli embrasse le christianisme et prête serment à Charlemagne qui le nomme duc de Saxe. Cette même année, en 785, l’Empereur ne manque pas d’imposer le capitulaire (document législatif) « partibus saxoniae » qui interdit tout rite païen sous peine de mort. La Saxe est alors en trêve jusqu’en 792.
Mais la guerre reprend, elle durera 12 ans, la dernière résistance ayant lieu en Angrie en 804. Dès lors, Charlemagne réunit à nouveau à Pardeborn les Saxons ; il a déjà édicté la « lex saxonum » (802) une loi qui conserve les coutumes saxonnes. Il consolide les frontières, fait bâtir la forteresse d’Hambourg, etc. Alors qu’il est à Cologne, Charlemagne annonce la fin des combats en septembre 804.
Il aura fallu pas moins de trente ans pour venir à bout des Saxons ! Mais ce combat n’est pas seulement une guerre de territoire, c’est aussi une guerre de religion. Les exécutions des chefs de tribus saxonnes furent d’une rare violence. L’empereur d’Occident, protecteur de la papauté, réussit néanmoins à imposer un empire chrétien sur la majeure partie de l’Europe occidentale.