Evénement historique
Débarquement de Provence
Contexte

Le débarquement en Sicile en 1943 marque le sursaut des Alliés en territoire européen lors de la Seconde Guerre mondiale. Le 6 juin 1944, le débarquement en Normandie et la bataille du même nom aboutissent à la Libération de Paris. Dès lors, l’Américain Eisenhower, qui dirige le commandement des forces armées, veut créer une ligne de défense, surnommée la « blue line », de 25 km de profondeur dans l’arrière-pays varois, afin de prendre en tenaille (« Anvil » enclume), le IIIe Reich. Le premier ministre britannique Churchill, qui optait pour les Balkans, s’incline. L’opération est rebaptisée « Dragoon » selon les préférences de Churchill. Dès le 27 mai 1944, les bombardements sur la défense allemande entre Nice et Marseille s’accélèrent tandis que la résistance française réalise de nombreuses opérations de sabotage pour empêcher le repli de l’ennemi. En outre, une opération de diversion, « Span », est menée vers Gênes.

Déroulement

Le lancement d’Anvil/Dragoon, dirigée par Patch (chef de la 7e armée américaine), a lieu le 15 août vers 4h, pour affronter la XIXe division armée de Wiese. 9 000 soldats sont parachutés (sous les ordres du général américain Robert T. Frederick) dans la plaine du Muy et se dirigent vers la côte. Puis, l’opération amphibie du Supreme Allied Commander Mediterranean, partie d’Italie et d’Afrique du Nord, envoie différentes armées entre Cavalaire et Saint Raphaël. Ces armées, la Romeo Force, la Rosie Force et la Sitka Force, sont réparties sur les plages baptisées Alpha, Delta, et Camel. Une quatrième armée, la Rugby Force, est envoyée à l’intérieur des terres (Draguignan).

L’armée B, dirigée par le général de Lattre de Tassigny et composée de 260 000 soldats français dont 80 % provient de l’Outre-Mer, de l’Afrique Noire et du Maghreb participe au combat dès le 16. Les jonctions entre les différentes forces se font très rapidement, libérant Saint-Tropez, Ramatuelle, Fréjus, etc. Les têtes de pont (zones conquises en territoire ennemies) sont établies en un temps record : le 17 août, la ligne de défense, appelée « blue line », est créée ! Les Allemands, combattant sur plusieurs fronts, sont en nette infériorité. Fortes de leur succès, les troupes alliées remontent la Vallée du Rhône, et Grenoble tombe le 22 août 1944. Il appartient aux Français de libérer les deux grands ports, Marseille et Toulon. Le général de Monsabert, appartenant à l’armée B, affronte les hommes du général allemand Schaeffer à Marseille, et le général de Lattre de Tassigny, allié aux généraux Magnan et Salan, s’oppose aux troupes de l’amiral allemand Ruhfus à Toulon.

Alors que partout les soldats allemands se replient, ces officiers reçoivent d’Hitler l’ordre de tenir les deux ports. Les combats font rage, mais Lattre de Tassigny et Monsabert, aidés par la résistance et les civils qui se soulèvent (notamment à Marseille), déclarent concomitamment (simultanément) la victoire le 28 août. Patch entre dans Lyon le 3 septembre. La jonction avec les soldats de Normandie se fait à Dijon le 12 septembre 1944 (avec 40 jours d’avance) ! L’opération Dragoon a rejoint l’opération Overlord (débarquement allié venu de Normandie) bien plus vite que prévu, et les Allemands sont désormais pris en étau.

Conséquences

Cet « autre jour J », tombé dans l’oubli en raison du débarquement de Normandie, n’en est pas moins un succès. Les pertes sont minimes et l’avance, remarquable. La libération du sud permet désormais d’approvisionner les Alliés par les ports. En outre, la participation de la 1ère armée française libre (armée B) offre au général de Lattre de Tassigny d’être l’un des cosignataires de l’armistice du 8 mai 1945 qui mit fin, en Europe, à l’un des plus grands conflits du XXe siècle.