Evénement historique
Doctrines Truman et Jdanov – 12 mars et 22 septembre 1947
Contexte

Crédit photo : Le président Harry S. Truman lors du discours connu sous le nom de Doctrine Truman, auteur inconnu, 1947

  • Les États-Unis et l’URSS sont les deux grands vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale, mais l’incompatibilité de leurs modèles politiques et économiques les amène à se méfier l’un de l’autre.
  • D’un côté, les États-Unis défendent le modèle capitaliste, basé sur la propriété privée et le libéralisme, mais aussi le multipartisme, la liberté et la démocratie.
  • L’URSS fait primer l’égalité, la planification de l’économie et la disparition de la propriété privée au profit de l’État dirigiste.
  • À Fulton, en présence de Truman, Churchill, lance un appel à « la défense au monde libre », qui dénonce le « rideau de fer » qui sépare l’Europe de l’est et de l’ouest.
  • Crise irano-soviétique de 1946 : l’Iran réclame le retrait des troupes soviétiques de son territoire.
  • Guerre civile de Grèce : la Grande-Bretagne ne souhaitant pas voir le pays tomber aux mains des communistes, Churchill conclut un accord à Moscou en 1944 avec Staline.
Déroulement

Pour les USA, le retour à l’isolationnisme apparaît comme contraire à leurs intérêts. L’heure des responsabilités internationales pour la nation la plus puissante au monde est arrivée. Le 12 mars 1947 le président Truman annonce au Congrès que les USA prennent le relais du Royaume-Uni en Grèce et en Turquie pour éviter qu’ils ne basculent dans le camp communiste.

Le président américain Harry Truman définit sa doctrine du containment qui s’oriente sur deux axes principaux :

  • endiguer l’expansion de la politique de l’URSS (containment) ;
  • aider l’Europe à se reconstruire car la misère est synonyme de communisme.

Pour l’URSS, la constitution d’une sphère d’influence s’illustre par la « satellisation » des pays de l’Est (élimination de l’opposition non-communiste en Pologne en 1946 ; pression de l’Armée rouge sur les territoires sous ancienne occupation nazie). La réponse soviétique à la doctrine Truman survient quelques mois plus tard.

Le 3e secrétaire du Parti communiste de l’Union soviétique, Andreï Jdanov, présente sa doctrine contre l’impérialisme en 1947 :

  • il dénonce un camp impérialiste et antidémocratique dirigé par les USA ;
  • il valorise les forces anti-impérialiste et démocratiques conduites par l’URSS ;
  • il invite les États de l’Est à imiter le modèle soviétique ;
  • pour se distinguer des « démocraties bourgeoises occidentales » les États de l’Europe de l’Est choisissent de s’intituler « démocraties populaires ».
Conséquences
  • Par l’énoncé de ces deux doctrines, les deux puissances déclarent leur rupture complète. Le monde se scinde en deux blocs distincts : le bloc de l’Ouest et le bloc de l’Est. Ainsi commence une période de constitution d’alliances et de cessation des coopérations entre anciens alliés.
  • La conférence de Moscou d’avril 1947 sur l’Allemagne est un échec.
  • Pour endiguer l’URSS, Truman annonce qu’il aidera « les pays libres » et lance le plan Marshall en 1947. L’afflux massif de capitaux permet une reconstruction rapide mais ancre surtout l’Europe occidentale dans le modèle américain d’économie de marché libre échangiste.
  • L’Ouest se cristallise autour de l’OTAN et de la Communauté économique européenne.
  • L’URSS en retour, crée un bureau d’information communiste (Kominform), sa propre alliance militaire (pacte de Varsovie, 1955) et sa propre organisation économique en réponse au plan Marshall (Comecon, 1949).
  • Le « glacis protecteur » atteint son paroxysme avec le coup d’État de Prague en 1948.
  • Les affrontements indirects vont s’en suivre (guerre de Corée en 1950) et la détermination de chacun à maintenir sa position se fait ressentir le blocus de Berlin de 1948 ou encore la « chasse aux sorcières » aux États-Unis.
  • L’affrontement marque le point de départ de la guerre froide : l’affrontement entre les blocs est avant tout idéologique et se concrétise par des affrontements indirects, des opérations de dissuasion militaro-politiques et la consolidation des sphères d’influence.