Evénement historique
Génocide rwandais – avril à juillet 1994
Contexte

Crédit photo : Frank Wolf, 2001

  • Le Rwanda et le Burundi sont deux petits pays d’Afrique, moins grands que la Bretagne, mais deux fois plus peuplés qu’elle grâce à leur fertilité exceptionnelle. Avant la colonisation, différentes castes cohabitent sans pour autant relever d’ethnies véritablement différentes. La distinction entre ces castes se fait principalement de par leur rôle : les Tutsis sont des éleveurs, et les Hutus des agriculteurs.
  • Lors la colonisation belge, en 1924, un mythe se crée autour des Tutsis, présentés par les colonisateurs comme supérieurs aux Hutus. Les Belges s’appuient donc sur les Tutsis pour régner.
  • En 1959 au Rwanda, les tensions montent jusqu’à l’éclatement dans une révolution hutue qui fait 10 000 morts, entraînant la fin de la suprématie tutsie.
  • Au Burundi en 1972, les Hutus tentent également de lancer une révolution mais sans succès : 100 000 Hutus sont massacrés et les Tutsis gardent le pouvoir.
  • L’année suivante, au Rwanda, le coup d’État du général Habyarimana instaure une dictature hutue, bien perçue par une partie de l’aristocratie tutsie.
  • En 1990, Paul Kagamé, à la tête du Front patriotique rwandais (FPR) mène des militaires principalement tutsis venus d’Ouganda pour reprendre le pouvoir au Rwanda. À Kigali, la capitale, Habyarimana prend peur, mais au même moment les Français se mêlent au conflit : des parachutistes envoyés par François Mitterrand rétablissent l’ordre pour un moment, tandis que de son côté, Habyarimana forme des milices hutues dans chaque village. La tension sociale s’accentue pendant quatre ans.
  • Sous la pression de la France, les accords d’Arusha sont signés le 4 août 1993. Ils prévoient de rétablir la paix en partageant le pouvoir, mais restent finalement sans effet.
  • En 1994, les Tutsis représentent 14 % de la population du Rwanda et les Hutus 85 %.
Déroulement

Le 6 avril 1994, l’avion du général Habyarimana est abattu : en représailles, les Hutus du clan Habyarimana lancent le massacre à la machette des Tutsis et Hutus modérés.

Le pays sombre dans une guerre civile extrêmement violente à laquelle personne n’échappe. Les « castes » ayant principalement été créées par les colonisateurs, il est difficile de distinguer qui est hutu ou tutsi : un climat de suspicion s’installe.

Les combats entre les Forces armées rwandaises (FAR) et le Front patriotique rwandais (FPR) font rage dans tout le pays. La France obtient l’autorisation de l’ONU pour lancer l’opération Turquoise, opération militaire à but humanitaire. Le but est de renforcer la zone humanitaire sûre créée à la frontière du Zaïre. Mais c’est un échec de la France, puisque les massacres continuent, même dans la zone humanitaire.

Le 4 juillet 1994, le FPR mené par Paul Kagamé prend le pouvoir à Kigali, entamant de sanglantes représailles contre les Hutus, qui se réfugient au Zaïre.

Conséquences
  • Avec entre 800 000 et 1 million de morts, Hutus et Tutsis confondus, le génocide rwandais est l’un des trois seuls reconnus par l’ONU, et son horreur a été largement médiatisée.
  • Paul Kagamé prend le pouvoir au Rwanda, remettant le pays sous domination tutsie : il entre dans le Commonwealth et s’éloigne de la « Françafrique ».
  • Toute la région est déstabilisée par le revirement des alliances et les migrations de populations.