Evénement historique
Grèves ouvrières et accords de Matignon – 1936
Contexte

Crédit photo : Photo de grévistes de l’ancienne Compagnie des Mines de Thivencelle, auteur inconnu, 1993

  • Constitution du Front populaire le 14 juillet 1935 : il regroupe le parti socialiste, le parti communiste et le parti radical dans une « alliance des classes moyennes avec la classe ouvrière » (Maurice Thorez).
  • Non révolutionnaire, le slogan du Front populaire est « le pain, la paix, la liberté », et son programme modéré a suscité l’adhésion d’une grande partie de la population aux élections d’avril-mai 1936.
  • Un vaste mouvement de grèves voit le jour suite à des licenciements d’ouvriers qui avaient refusés de travailler un 1er mai au Havre et à Toulouse.
  • Le mouvement s’étend rapidement au reste du territoire.
Déroulement

L’enthousiasme de la victoire du Front populaire a paradoxalement induit une méfiance vis-à-vis de la classe politique. Deux millions d’ouvriers sont mobilisés. Ces grèves revêtent un caractère nouveau : les ouvriers occupent les locaux (pour neutraliser la production) mais adoptent également un comportement pacifiste exemplaire (absence de destruction du matériel). Par ailleurs, ces grèves ne sont pas suivies d’une répression brutale et se déroulent dans un état d’esprit fraternel. Elles débordent du secteur de la métallurgie pour atteindre l’industrie et même le commerce (des employés des Galeries Lafayette sont pris en photo occupant les locaux). Figure de la CGT et d’un mouvement non révolutionnaire, Léon Jouhaux s’efforce de maintenir le dialogue avec le gouvernement dans l’optique de trouver une sortie de crise apaisée.

Les négociations entre les syndicats et le gouvernement débouchent sur les accords de Matignon du 7 juin 1936 qui aboutissent à plusieurs avancées sociales :

  • augmentation des salaires ;
  • instauration du respect au droit syndical ;
  • embryon de représentation des salariés avec les délégués du personnel ;
  • généralisation des conventions collectives.

La poursuite du mouvement de grève conduit à l’octroi de nouveaux droits visant à améliorer les conditions de vie des travailleurs :

  • semaine de 40 h hebdomadaires ;
  • congés payés de 15 jours.
Conséquences
  • Les accords de Matignon marquent symboliquement et légalement une grande avancée dans les droits des travailleurs.
  • Ils suscitent une grande espérance au sein de la classe ouvrière : ils sont constitutifs d’un idéal d’humanisme qui touche de nombreux domaines (culture, loisirs).
  • Les difficultés économiques, la contre-offensive du gouvernement et les dissensions internes au gouvernement ont enrayé la dynamique réformatrice de Léon Blum qui doit démissionner le 20 juin 1937.