L’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand – héritier de la couronne impériale austro-hongroise – le 28 juin 1914, dans un contexte international explosif, sert de prétexte aux belligérants (ceux qui prennent part à la guerre) pour déclencher la Première Guerre mondiale (1914-1918). Très rapidement, la Triple Entente – France, Royaume-Uni et Russie – et la Triple Alliance – Allemagne, Autriche-Hongrie – s’opposent. La France, qui n’a pas digéré l’annexion de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine en 1870 par l’Allemagne, rêve de reprendre ces territoires, c’est l’origine du plan XVII, dirigé par le général Joffre. Côté allemand, le général Moltke, avec le plan Schlieffen, prévoit de prendre Paris rapidement pour se concentrer sur le front russe qui menace.
Les Allemands sont redoutables. Le 4 août 1914, ils envahissent la Belgique, en dépit de sa neutralité, gagnent les Ardennes, et le Nord. Depuis le 24, les Français et les Britanniques basés là-bas, respectivement dirigés par les généraux Lanrezac, Langle de Cary et le maréchal French reculent inexorablement tout en poursuivant les combats. Le 3 septembre 1914, les Allemands prennent Senlis, une ville située à seulement une cinquantaine de kilomètres de Paris… Puis, brusquement, ils ne marchent plus vers Paris mais contournent la capitale par l’Est, alors que celle-ci redoutait un siège.
Cette initiative, prise par le général von Kluck, dont le but est d’encercler les Alliés, est confirmée par l’aviation militaire. Ce faisant, il crée une brèche sur son flanc droit, en se séparant de la division du général von Bülow. Le 6 septembre, Joffre profite de l’occasion. Dans un communiqué resté célèbre, il enjoint aux Français de cesser de reculer : « Une troupe qui ne peut plus avancer devra, coûte que coûte, garder le terrain conquis, et se faire tuer sur place, plutôt que de reculer. »
La confrontation de la bataille dite « de la Marne » s’étend sur plus de 300 km de Senlis à Verdun, notamment autour de la Marne et de ses affluents, tels que l’Ourcq. Les généraux Franchet d’Espèrey (qui remplace Lanrezac), Sarrail, Foch, Langle de Cary et Manoury sont aux avant-postes. Ce dernier contre-attaque l’Allemand von Bülow le 6 septembre mais il a besoin de renforts. Le général Gallieni, qui a été nommé gouverneur militaire de Paris, doit protéger la capitale – le gouvernement français de Viviani (gouvernement de la IIIe République du 13 juin au 26 août 1914) ayant déménagé à Bordeaux – propose à Joffre, qui accepte, d’apporter le soutien de la 6e armée en réquisitionnant environ 700 taxis parisiens pour rallier les troupes au plus vite. L’impact de cette aide inattendue sur le moral des soldats est énorme, aussi ces derniers redoublent d’ardeur !
Franchet d’Espèrey accroît la brèche entre les deux divisions germaniques de von Kluck et von Bülow qui se retrouvent en position de faiblesse car séparées et donc plus vulnérables. Si Foch montre des difficultés contre von Hausen à Saint Gond, il ne fléchit pas. Le 9 septembre, le symbolique village de Mondement est repris par les Français, les combats sont sans pitié. L’arsenal déployé pendant cette guerre est inouï. L’officier Richard Henstch demande le repli des troupes allemandes. Le 13 septembre, le général Joffre proclame la victoire française.
La bataille de la Marne est d’une violence rare : on dénombre près de 200 000 soldats tués ou disparus en 6 jours. Elle est considérée comme la plus meurtrière de la Grande Guerre. Et si le « miracle » de la Marne est un sursaut victorieux des Alliés, il ne signe en rien la fin des combats. Ce conflit, qui devait être éclair, s’enlise inexorablement dans les tranchées. La Marne met fin à la guerre de mouvement qui devient une guerre de position et qui ne fait que commencer…