Evénement historique
Révoltes des canuts à Lyon
Contexte
  • Les 27, 28 et 23 juillet 1830 a lieu à Paris les « Trois Glorieuses » : il s’agit d’un mouvement révolutionnaire qui a entraîné la chute de Charles X, roi qui souhaitait le retour à l’absolutisme et qui était antilibéral (contre les libertés individuelles). La monarchie de Juillet se met en place à la suite de ces journées révolutionnaires.
  • La révolution des Trois Glorieuses apporte un espoir en France après la Restauration : la liberté de la presse et d’association, ainsi que le retour d’un régime démocratique est observé.
  • Les canuts sont les chefs d’atelier, propriétaires d’un ou de plusieurs métiers à tisser : ils travaillent dans la fabrication de la soie : ce sont des ouvriers qualifiés. Lyon est à l’époque la ville en Europe qui concentre le plus d’ouvriers dans le même secteur. On estime à environ 8 000 le nombre de canuts à Lyon au moment de la révolte, et ces chefs d’ateliers emploient environ 20 000 compagnons et ouvriers.
  • Le secteur de la soierie a traversé une période difficile en 1827. Les canuts se fournissent auprès de « marchands fabricants » qui sont en fait des négociants. Ces négociants rachètent ensuite les tissus fabriqués : ce prix de façon (prix du travail réalisé sur une matière première fournie par le négociant) ne cesse de diminuer, mettant en difficulté les canuts et les ouvriers.
Déroulement

Révolte de 1831
Le 8 octobre, environ 300 canuts se réunissent dans le faubourg Croix-Rousse de la ville de Lyon : ils réclament une augmentation du prix de façon. Au cours du mois d’octobre, le nombre de grévistes va être croissant : le Préfet tente d’apaiser les tensions en convoquant des chefs d’ateliers et des négociants pour trouver un compromis sur le prix de façon. Mais alors qu’un accord est trouvé entre les deux parties, les négociants refusent d’appliquer ce nouvel accord. Le 21 novembre 1831, les canuts et les ouvriers, rejoints par une partie des prolétaires lyonnais, descendent à nouveau dans la rue. Une émeute démarre à la Croix-Rousse, et les milliers de révoltés prennent l’hôtel de ville.
Alors que les insurgés hésitent sur la suite du mouvement, 30 000 soldats entrent à Lyon pour rétablir l’ordre. Le préfet est remplacé, et une répression légère frappe les grévistes : peu d’entre eux vont en prison à l’issu du procès.

Révolte de 1834
Le 14 février 1834, une grève générale éclate à nouveau : les canuts déplorent des tarifs qui baissent. Les fabricants quittent la ville, mais les autorités se montrent plus fermes qu’en 1831. Un procès a lieu quelques mois après la fin du mouvement : un incident se déclenche le 9 avril, et une foule d’environ 3 000 personnes se rassemble. Des barricades se dressent dans Lyon et les faubourgs entre le 9 et le 14 avril, mais l’armée agit immédiatement et réprime fortement le mouvement : on dénombre 300 morts et beaucoup de condamnations.

Conséquences
  • La révolte de 1831 est considérée comme un des premiers mouvements de la classe ouvrière en France. Si la grève est apriori un échec, elle permet à plus long terme la construction de l’identité politique ouvrière, notamment avec le journal L’Echo de la Fabrique, créé juste avant la révolte.
  • La révolte de 1834 est davantage un mouvement politique affirmé que la révolte de 1831. Les canuts, rejoints à nouveau par d’autres professions, ambitionnent un projet politique plus vaste, notamment contre la monarchie et pour proclamer une République.