Evénement historique
Révolutions russes – février et octobre 1917
Contexte

Crédit photo : Auteur inconnu, 1917

  • La crise sociale est installée en Russie depuis longtemps : le pays avait déjà connu une révolution en 1905, mais le tsar Nicolas II était resté au pouvoir. Le contexte est difficile, avec une population à 85 % rurale souffrant de famine, un pays peu développé soumis à la dictature de la bureaucratie et de l’armée tandis que la famille du tsar est soumise à l’influence d’un Raspoutine que l’on soupçonne de corruption.
  • Depuis 1905, la Russie s’est développée pour devenir une grande nation industrielle, mais le capital est en majeure partie détenu par des entreprises étrangères ; la bourgeoisie se développe vite, en nette contradiction avec le nombre grandissant d’ouvriers dont la vie est difficile. Deux partis marxistes s’opposent au tsar : les mencheviks, qui cherchent à installer un État socialiste, et les bolcheviks, qui cherchent à instaurer la dictature du prolétariat. La Première Guerre mondiale exacerbe les tensions jusqu’aux révolutions de février et d’octobre 1917. La guerre est cruelle pour la Russie, qui perd 900 000 hommes rien qu’en 1915. L’Empire ne peut plus ravitailler l’armée, et la situation économique se dégrade avec la famine et une inflation galopante.
Déroulement

Révolution de février

L’hiver 1916-1917 est particulièrement froid et la situation économique devient insoutenable. Raspoutine est assassiné le 31 décembre alors que la bourgeoisie complote contre le Tsar ; le parti Bolchevik organise une grève générale le 21 janvier 1917, mais malgré leur ampleur, les manifestations sont un échec.

La douma (parlement) est suspendue par le tsar tandis que les bolcheviks refusent de se rallier au mouvement d’union nationale.

En mars, alors que la nourriture est rationnée, les grèves se multiplient dans tout l’Empire, difficilement contenues par l’armée. Le 12 mars, une partie de celle-ci se rallie aux manifestations près de Petrograd (Saint-Pétersbourg), permettant d’armer 40 000 manifestants.

Les mencheviks forment le Soviet de Petrograd représentatif des ouvriers, et les bolcheviks s’y rallient. Ils élisent ensemble un nouveau gouvernement, mais les bolcheviks restent méfiants.

Le tsar abdique le 15 mars et le Soviet entre à la douma, rétablissant les libertés démocratiques.

Février – octobre

Les mencheviks sont majoritaires à la douma, et les bolcheviks soutiennent le nouveau gouvernement à contrecœur. Pour eux, celui-ci aurait été accaparé par la bourgeoisie.

En 1917, Lénine publie les « Thèses d’avril » dans lesquelles il se positionne contre le gouvernement et pour la continuation de la révolution vers une véritable dictature du prolétariat qui contrôlerait toutes les institutions du pays, où toutes les terres et entreprises seraient nationalisées.

Les Thèses d’avril n’ont au début qu’un faible retentissement, mais début mai 1917, le gouvernement provisoire annonce la continuation de la guerre : de grandes manifestations populaires se mettent en place, et la population se rapproche des bolcheviks qui réclament la fin de la guerre.

Cette crise entraîne la mise en place d’un gouvernement plus modéré. Face à cela, le parti Bolchevik se rallie aux thèses de Lénine et renforce la contestation, avec pour programme : « le pain, la terre et la paix ».

Les 3 et 4 juillet, alors que la situation se durcit sur le front, une grande insurrection bolchevik est difficilement contenue par l’armée à Kronchtadt. Le gouvernement devient plus conservateur, uni contre les bolcheviks. Ceux-ci se rendant compte qu’ils ne peuvent plus gagner le pouvoir de manière démocratique décident d’organiser la révolution.

Le 27 août 1917, le général Kornilov, conservateur de l’ancien régime, tente un coup d’État, repoussé par les bolcheviks. Dans le même temps, l’économie se dégrade encore, la situation sociale est de plus en plus violente, avec des manifestations urbaines et rurales de grande ampleur.

Dans ce climat, les Bolchevicks qui ne comptent que 200 000 membres raflent un grand soutien populaire.

Révolution d’octobre

Entre septembre et octobre 1917, Lénine, Trostski et Staline tentent de convaincre le Comité central du parti bolchevik d’entrer dans une phase révolutionnaire et de ne pas accorder son soutien au Préparlement qui est sensé constituer un nouveau régime. Petit à petit, le parti prépare la Révolution.

Le 9 octobre, Lénine crée le Comité militaire révolutionnaire de Petrograd (CMR) qu’il préside ; le 16 octobre, le parti appelle à l’insurrection.

Le 4 novembre (22 octobre dans l’ancien calendrier russe), l’armée se rallie au CMR.

Le 6 novembre (24 octobre), les forces contre-révolutionnaires se rallient autour du palais d’Hiver à Petrograd.

Dans la nuit du 6 au 7 novembre (24-25 octobre), le CMR dirigé par Lénine prend le contrôle de la ville tandis que le croiseur Aurore, bolchevick, menace de bombarder le palais d’Hiver.

Le 8 novembre (26 octobre), Aurore bombarde le palais et le soviet se réunit ; il prend le pouvoir, dissout le Préparlement et les mencheviks, minoritaires, sont hués. La révolution a fait peu de morts.

Conséquences
  • Le Conseil des commissaires du peuple, organe du pouvoir dirigé par Lénine est créé le 8 novembre (26 octobre). Il prend pour première mesure la fin de la guerre et entame la collectivisation.
  • La Russie entre dans la guerre civile et doit encore lutter contre l’armée blanche conservatrice.
  • Lénine s’impose comme homme fort du pouvoir dans une véritable dictature du Parti.
  • Dès le début de la révolution d’octobre, deux courants s’opposent : la théorie de la Révolution Permanente de Trostski et celle de la Révolution par étapes de Staline.